- Pierre-François Souyri Historien, spécialiste du Japon ancien et contemporain

Des enjeux territoriaux minuscules, dérisoires, ont souvent provoqué dans l’Histoire, entre deux grandes puissances, des tensions redoutables, en chauffant à blanc les opinions publiques. Parfois les gouvernements poussent dans ce sens, pour servir des objectifs bien plus larges en politique internationale, ou pour renforcer leur emprise sur leur peuple, non sans risquer parfois de se trouver dépassés, tel des apprentis sorciers, par les émotions collectives qu’ils ont provoquées ou encouragées.
C’est dans cette catégorie d’évènements qu’il faut inscrire le conflit qui oppose violemment depuis quelques temps la Chine et le Japon à propos du tout petit archipel qui est situé en mer de Chine orientale, qui s’appelle Diaoyu en chinois et Senkaku en japonais. Cet archipel a été annexé par Tokyo en même temps que Taïwan en 1895 après la première guerre qui ait vu s’affronter les deux pays et qui s’est conclue par une victoire japonaise, mais il est toujours revendiqué par Pékin. Le capitaine d’un chalutier chinois y a été arraisonné le 7 septembre 2010 par des gardes-côtes japonais à la suite d’un conflit sur le droit de pêche dans les eaux territoriales et il y a été incarcéré durant quelques jours. Il en est résulté un violent orage dans les relations entre les deux pays. Orage qui a retrouvé toute sa force ces dernières semaines lorsque les autorités japonaises ont décidé de racheter trois des cinq îles au propriétaire privé qui les détenait. Ces épisodes apparaissent bien moins comme un motif d’affrontement que comme un symptôme. Symptôme d’une détestation mutuelle, dont rendent bien compte les sondages d’opinion d’un côté comme de l’autre, qui risque de devenir franchement belligène et qui appelle, pour être comprise, la lumière de la longue durée. Celle que va nous apporter, avec sa science et sa sagacité, Pierre-François Souyri, qui a dirigé la Maison franco-japonaise à Tokyo et qui enseigne l’histoire du Japon à l’Université de Genève . Jean-Noël Jeanneney
Cette émission a été enregistrée le lundi 26 novembre 2012.
Programmation sonore :
- Chanson « Nanjing 1937 » du groupe de hip-hop taïwanais MACHI , 2007.
- Extrait d’un entretien avec André MALRAUX, interrogé le 1er juin 1974 , lors de son voyage au Japon, par l’écrivain Tadao TAKEMOTO, traducteur de Malraux en langue japonaise.
- Extrait d’un entretien avec l’écrivain chinois Cheng TCHENG , interrogé par Claude HUDELOT sur France Culture, le 26 octobre 1977.
- Archive des actualités Pathé de 1937 .
- Extrait du documentaire « Le sac de Nankin » de Serge VIALLET , diffusé sur Arte en 2007.
- Reportage à Pékin de Jean LECLERC DU SABLON lors de la signature de la « Déclaration commune sino-japonaise » rétablissant leurs relations diplomatiques, le 29 septembre 1972.
- Chanson « Kibou No Wadachi » du groupe de pop japonais « Southern All Stars » (dans notre générique de fin).
**Bibliographie : **
**- Pierre-François SOUYRI, Nouvelle histoire du Japon ** , Perrin, 2010.
**- Pierre-François SOUYRI, Histoire du Japon : le monde à l’envers ** , Maisonneuve et Larose, 1998.
**- Pierre-François SOUYRI et Philippe PONS, Le Japon des Japonais ** ,Éditions Liana Levi, 2007.
**- Hartmut O. ROTERMUND, Alain DELISSEN, François GIPOULOUX, Claude MARKOVITS, Nguyên THÊ ANH, L’Asie Orientale et Méridionale aux XIXe et XXe siècles ** , PUF, Nouvelle Clio, 1999.
**- Samuel GUEX, Entre nonchalance et désespoir : les intellectuels japonais sinologues face à la guerre (1930-1950) ** , P. Lang, Berne, 2005.
**- Xavier PAULÈS, L'opium : une passion chinoise, 1750-1950 ** , Payot, 2011.
**- Tetsuya TAKAHASHI, Morts pour l’Empereur. La question de Yasukuni ** , Belles Lettres, 2012.
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