Franco : l'Espagne devant sa mémoire

Les obsèques de Franco en 1975 (Valle de los Caidos)
Les obsèques de Franco en 1975 (Valle de los Caidos) ©Getty
Les obsèques de Franco en 1975 (Valle de los Caidos) ©Getty
Les obsèques de Franco en 1975 (Valle de los Caidos) ©Getty
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A deux générations de distance de la "transition" qui, après 1975, avait été accomplie, d'un commun accord, sans qu'aucun des acteurs du régime déchu ne fût mis en cause, des combats mémoriels virulents resurgissent.

Avec
  • Benoît Pellistrandi historien, spécialiste de l’Espagne contemporaine, professeur en classes préparatoires au Lycée Condorcet à Paris

Voici bien un sujet qui appelle toutes les comparaisons, dans le temps et dans l'espace : il s'agit de la manière dont les nations, lorsqu'elles émergent de périodes de dictature ou de profonds déchirements intestins, organisent la gestion de leur passage vers des temps plus apaisés, des temps de liberté recouvrée et, dans les meilleurs des cas, de démocratie. 

Du Cambodge au Portugal, de l'Afrique du Sud au Chili, du Rwanda à l'Argentine, de la Grèce au Brésil, les exemples sont nombreux et ils offrent une grande variété de situations. 

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Ce matin, c'est sur l'Espagne que nous allons nous pencher. Car nous voyons bien qu'elle n'en a pas fini avec la grande question du souvenir de la dictature franquiste, ce régime d'oppression né de la guerre civile des années trente et qui a pris fin avec la mort du Caudillo, en 1975. 

Pedro Sanchez, chef d'un gouvernement minoritaire de centre-gauche, a annoncé, en juin dernier, alors qu'il venait à peine d'accéder au pouvoir, que la dépouille de Franco allait être exhumée sans délai, et symboliquement, de son tombeau. Celui-ci est situé dans un lieu sombre et majestueux, la Valle de los Caidos, non loin de Madrid. La sépulture du dictateur est révérée par tous ceux qui demeurent attachés à sa figure. D'où, de ce côté, des oppositions si violentes que le projet de ce transfert n'a pas pu être encore réalisé. 

A deux générations de distance de la "transition", comme on dit là-bas, qui, après 1975, avait été accomplie, d'un commun accord, sans qu'aucun des acteurs du régime déchu ne fût mis en cause, des combats mémoriels virulents resurgissent. Benoît Pellistrandi va nous aider à en comprendre les ressorts, les étapes et la portée. Normalien, ancien directeur des études de la Casa Velasquez à Madrid, professeur en classes préparatoires au lycée Condorcet, il est l'un des meilleurs spécialistes français de l'histoire de l'Espagne.

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ARCHIVES SONORES

- Jorge Semprun, dans une émission intitulée « L’affaire espagnole » de Patrick Pépin, sur France culture, le 23 août 2004.

- Extrait du film « La guerre est finie » d’Alain Resnais (scénario de Jorge Semprun), avec Yves Montand dans le rôle de Diego, 1966.

- Reportage de Didier Adès sur les obsèques du général Franco, Inter Actualités, le 23 novembre 1975.

- Appel du roi Juan Carlos au maintien de l’ordre constitutionnel, lors de la tentative de coup d’Etat, diffusé à la télévision dans la nuit du 23 au 24 février 1981.

- Discours prononcé lors d’une cérémonie d’hommage organisée à Rivas Vaciamadrid par les petits-enfants des vaincus de la guerre civile, le 25 juin 2004, diffusé dans une émission de Patrick Pépin sur France culture, le 26 juillet 2004.

- Chanson "Pardon si vous avez mal à l'Espagne" de Serge Utgé-Royo, 1999.

BIBLIOGRAPHIE

- Benoît Pellistrandi, Histoire de l’Espagne. Des guerres napoléoniennes à nos jours, Perrin, 2013, prochainement en poche.

- Benoît Pellistrandi, Le labyrinthe catalan, Desclée de Brouwer, à paraître en février 2019.

- Bartolomé Bennassar, Franco, Perrin, 1995, Poche, 2002.