Il ne s'agit pas seulement de dessiner l’histoire factuelle de la pandémie de grippe espagnole, mais de considérer la manière dont celle-ci a été comprise, interprétée, éventuellement dissimulée, par les autorités en France et dans les pays occidentaux.
- Anne Rasmussen Maître de conférences en histoire des sciences à l'université Louis Pasteur, (Strasbourg I) et spécialiste en Histoire sociale et culturelle de la médecine et de la santé (XIXe-XXe siècle).
L’ombre d’une possible épidémie mondiale de grippe vient de recouvrir la planète entière à partir du Mexique, en un temps où la crise économique mondiale obsède, d’autre part, les esprits et les cœurs. Les autorités sanitaires internationales ayant vivement réagi, l’angoisse collective semble avoir beaucoup reculé. Mais pas sans qu’il soit abondamment rappelé que, dans le passé, ce genre de fléau a toujours connu des phases de rémission alternant avec des périodes de réveil. Et un peu partout on a vu renaître des comparaisons avec la grippe dite « espagnole » de 1918, née en fait non pas en Espagne mais en Chine ou aux États-Unis, qui fut la dernière catastrophe sanitaire à dimension universelle, puisqu’elle a conduit au tombeau entre trente et cinquante millions de victimes, peut-être davantage, tout autour de la planète, à l’extrême fin de la Grande Guerre.
C’est donc cet événement dramatique que nous allons tâcher d’éclairer avec Anne Rasmussen, maître de conférences à l’Université de Strasbourg et active dans le cadre de l’Historial de la Grande Guerre à Péronne.
Il ne va pas s’agir seulement de dessiner l’histoire factuelle de la pandémie, mais de considérer la manière dont celle-ci a été comprise, interprétée, éventuellement dissimulée, par les pouvoirs politiques, les autorités médicales et les opinions publiques, en France et dans les pays occidentaux. Plus largement, c’est tout l’équilibre d’une société qui a pu paraître en jeu de la sorte, entre réalité et fantasme, détermination et terreur, espérance et désolation.
Archives sonores
- Témoignage du comédien Michel Balfort à propos de son ami Guillaume Apollinaire.
- Interview de Rony Brauman, octobre 2005.
- Chanson sur la grippe espagnole de Georges Balta, écrite en 1918, interprétée par Hervé Suhubiette en 2009.
- Témoignage du paysan Éphraïm Grenadou, à propos de l’expérience qu’il a eue de la grippe espagnole dans les tranchées en Belgique.
- Gratien Candace, député de la Guadeloupe, évoque les vertus du Rhum contre la grippe, archive radio de mars 1944.
- Reportage d'un journaliste en visite à l’hôpital Édouard Herriot à Lyon, lors de la grippe asiatique de 1957 (à propos de la recherche d’un vaccin), diffusé le 12 octobre 1957.
Bibliographie
- Anne Rasmussen, « Du vrai et du faux sur la Grande Guerre bactériologique. Savoirs, mythes et représentations des épidémies », pp. 189-207, in : Christophe Prochasson, Anne Rasmussen (dir.), Vrai et faux dans la Grande Guerre, La Découverte, 2004.
- Anne Rasmussen, « Dans l'urgence et le secret. Conflits et consensus autour de la grippe espagnole, 1918-1919 », in : Revue Mille neuf cent. Revue d’histoire intellectuelle, 2007/1 (n°25), pp. 171-190.
- Jean-François Chanet, Claire Fredj et Anne Rasmussen (dir.), « La santé des soldats entre guerre et paix, 1830-1930 », Le Mouvement social, 257, 2016, 200 p.
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