- Antoine de Baecque Professeur d'histoire du cinéma à l'École normale supérieure
Un article, un seul article publié dans Le Monde du 28 décembre dernier a provoqué aussitôt une vive émotion dans les milieux du cinéma français. Il s’agissait d’une tribune d’un producteur et distributeur, Vincent Maraval, avec un titre voué à faire mouche : « Les acteurs français sont trop payés ». Selon M. Maraval, les films reviendraient en France bien trop cher, sous l’effet d’un dévergondage des subventions, directes ou indirectes, dont profite le 7ème art. Ces subventions permettraient, entre autres inconvénients, que les salaires des stars, fort excessifs, soient abondés de façon faramineuse, « cette minorité de parvenus étant, je cite M. Maraval, riches de l’argent public et du système qui protège l’exception culturelle française. » Cette tribune a eu assez d’effet pour être à l’origine de la tenue, sous les auspices du CNC, le Centre National du Cinéma, d’assises qui ont porté sur le mode des financements des films dans notre pays, sa genèse, sa situation actuelle et son avenir possible. Plus récemment, dans un autre article, très remarqué également, paru dans le même quotidien, le président de la Société civile des auteurs, réalisateurs, producteurs, Michel Hazanavicius, a exprimé à son tour, d'un point de vue plus large, son inquiétude quant à une possible dérive, aboutissant à ce que ceux qui fabriquent les films, cherchent plus à gagner de l'argent grâce à la production que grâce à la diffusion de ceux-ci.
J’ai donc trouvé stimulant, dans le cadre des émissions spéciales de France Culture sur le Festival de Cannes, de consacrer une émission à la place de l’argent dans l’Histoire du cinéma, du côté des stars évidemment, mais tout autant des producteurs, par nature intimement liés aux premières, afin de considérer, entre mythes et réalités, ce que les débats actuels peuvent avoir d’inédits et ce qui, en eux, s’enracine au contraire dans la longue durée, sur plus d’un siècle. Pour ce faire, j’ai invité Antoine de Baecque , professeur à l’Université de Nanterre, historien et critique de cinéma, biographe reconnu notamment de Godard et de Truffaut. Jean-Noël Jeanneney
**Programmation sonore : **
*- Extrait d’une Tribune de Paris * consacrée à la crise du cinéma en 1952 , débat mené par Émile DANA, avec Lucien MASSON, Adolphe ARLO, Marcel L’HERBIER et Bernard BLIER.
- Extrait du film Le Schpountz de Marcel PAGNOL, sorti en 1938 , avec notamment FERNANDEL et Léon BERLIERES (dans le rôle de MEYERBOOM, le directeur des studios).
- Extrait d’un entretien avec Marcel PAGNOL , interviewé par Claude GAUTHEUR en 1969.
- Interview de Louis DAQUIN en 1957 .
- Interview de Louis MALLE à Cannes le 1er juin 1978 , extrait d’une émission télévisée, Ciné première .
Bibliographie :
**- Antoine de BAECQUE, L’Histoire-caméra ** , Bibliothèque illustrée des histoires, Gallimard, 2008.
**- Antoine de BAECQUE, Godard. Biographie ** , Grasset, 2010, rééd. 2011 (Pluriel).
**- Antoine de BAECQUE, Serge TOUBIANA, François Truffaut ** , Gallimard, 1996, 2001.
**- Laurent CRETON, Le cinéma et l’argent ** , Nathan, 2000.
**- Laurent CRETON, Histoire économique du cinéma français. Production et financement 1940-1959 ** , CNRS Éditions, 2004.
**- Pierre-Jean BENGHOZI et Christian DELAGE (dirs.), Une histoire économique du cinéma français (1895-1995). Regards croisés franco-américains ** , L’Harmattan, 2000.
**- Claude FOREST, L’argent du cinéma. Introduction à l’économie du septième art ** , Belin, 2013.
- Jean-Michel FRODON, Le cinéma français. De la nouvelle vague à nos jours ** , Cahiers du cinéma, 2010, p. 154 et s.
**- Claude BEYLIE, Une histoire du cinéma français ** , Larousse, 2005.
**- Ginette VINCENDEAU, Les stars et le star-system en France ** , L’Harmattan, 2008.
**- René PRÉDAL, Le cinéma français depuis 1945 ** , Nathan Université, 1991.
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