

En compagnie d'André Rauch, nous allons tenter de raconter l'histoire de l'envie et réfléchir à la façon dont les moments successifs de notre civilisation ont considéré cette passion tourmentée...
- André Rauch Professeur émérite à l'université Marc Bloch de Strasbourg
Notre thème va nous conduire jusqu’à l’Ancien Testament et il pourrait certainement le faire plus loin en arrière, sans qu’il risque de perdre jamais de son actualité. Nous allons parler de l’envie, de l’envie dévorante, du rôle social de l’envie. Pourquoi cette curiosité ? Eh bien ! Parce qu’un historien reconnu, vient de s’en emparer, au fil d’un livre précieux, qui s’étend dans la longue durée.
André Rauch, professeur émérite à l’université de Strasbourg, s’est attaché déjà, dans d’autres ouvrages, à d’autres péchés, notamment à la luxure et à la paresse. Je ne compte pas lui demander, je suis trop courtois pour cela, de scruter les ressorts intimes qui peuvent le conduire à ces curiosités spécifiques. Mais bien l’interroger sur la manière dont il voit que les moments successifs de notre civilisation ont considéré l’envie, de façon fort variable.
La condamnation des Pères de l’Église fut implacable en y cherchant, de texte en prêche, une cause majeure des malheurs de l’humanité, depuis la chute du Paradis terrestre. Plus tard les poètes, les moralistes, les dramaturges, en ont scruté et dépeint à la Cour et à la Ville, les manifestations et les conséquences, plus ou moins néfastes, sur les comportements individuels et les équilibres collectifs. En attendant qu’au XVIIIe siècle, des voix s’élèvent pour trouver paradoxalement dans l’envie une source de prospérité. Quant au XIXe, la littérature y offre une profusion d’exemples impressionnants nourrissant les œuvres les plus prestigieuses, celles qui cheminent dans nos mémoires et qui nous conduisent tout droit jusqu’aujourd’hui.
Je vous l’annonce en effet sans détour : l’envie, au cœur de toutes les frustrations que perpétuent les heurs et les malheurs du principe fondateur de l’égalité des citoyens, l’envie n’a pas du tout, dans notre société, disparu.
Archives diffusées
- Lecture d'un extrait de La fosse aux péchés de Marcel Aymé (1946), par Marcel HERRAND, diffusée sur la RTF le 25 février 1951.
- Lecture d'un extrait de la Genèse (chapitre 37, Joseph et ses frères), diffusée dans la série documentaire de Pascale Tison consacrée aux sept péchés capitaux sur la RTBF en 2001.
- Extrait de la pièce de Molière Le Misanthrope (1666), acte II scène 1 (entre Alceste et Célimène), diffusé dans "Le Gai savoir" de Raphaël Enthoven sur France Culture le 15 juin 2014.
- Lecture d'un extrait de La Fable des abeilles de Bernard Mandeville (1714), diffusé dans Les nouveaux chemins de la connaissance de Raphaël Enthoven sur France Culture le 16 septembre 2009.
- "Ah le joli jeu", interprétée par Arletty en 1934 (extrait d'une opérette intitulée "Le bonheur mesdames").
- Générique de fin : chanson de la chanteuse algérienne Noura "Paris dans mon sac".
Bibliographie
- André Rauch, L'envie, une passion tourmentée, Champ Vallon, 2021.
- Nicole Jeammet, Le plaisir et le péché. Essai sur l'envie, Désolée de Brower, 1998.
- Helmut Schreck, L'envie, une histoire du mal, Belles Lettres, 1995.
L'équipe
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