La Belle Epoque : optimiste, vraiment ?

Paris pendant l'Exposition universelle de 1900
Paris pendant l'Exposition universelle de 1900
Paris pendant l'Exposition universelle de 1900
Paris pendant l'Exposition universelle de 1900
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Au tournant des XIX et XXème siècles, la Belle époque ne disait pas encore son nom. C'est a posteriori, souvent par nostalgie ou pour magnifier un vivre-ensemble écorné, qu'on a choisi d'évoquer dans des termes largement illusoires cette période de notre histoire réputée si douce.

Avec
  • Dominique Kalifa Historien, professeur d'histoire contemporaine à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Voici donc que, pour cette émission, s’ouvre une dix-neuvième saison, c’est une longévité que je dois, avec une gratitude qui est immuable, à la confiance des dirigeants de cette maison, de cette chaîne si rare et si précieuse, et à la fidélité inaltérable de nos auditeurs. Mais trêve d’émotion ! J’ai choisi pour cette rentrée un thème qui m’a paru propre à incarner au mieux le propos qui nous réunit chaque samedi. Il s’agit de la Belle époque, à laquelle mon invité, Dominique Kalifa, professeur à la Sorbonne, a consacré un livre stimulant.

Kalifa ne s’y attache pas tant à la réalité de ce que fut la France au tournant des XIXe et XXe siècles, qu’à la manière dont l’idée s’en est progressivement définie après coup, dans la sensibilité des générations successives. Et cela selon deux ressorts qui sont à la fois conjugués et contradictoires. D’une part, la nostalgie d’un temps disparu qui contrasterait avec les rudesses éprouvées dans les successives périodes ultérieures. Et d’autre part, l’espérance que vienne à ressurgir en rebond de l’Histoire quelque chose comme un état de grâce où la collectivité nationale retrouverait une pleine confiance en son destin, l’unité d’un vivre-ensemble harmonieux, une certaine légèreté de l’air et en somme l’art d’être heureux.

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Qu’il s’agisse, pour la période concernée, d’une assez large illusion, entretenue après coup par la littérature, la chanson, le cinéma et les mémoires embellies des vieillards, je n’ai pas besoin de le dire. Mais c’est précisément cette étrange alchimie qui mérite, car elle a existé aussi pour d’autres temps, d’être attentivement considérée. Jean-Noël Jeanneney

Programmation sonore :

- Extrait du film « Pépé le Moko » de Julien Duvivier, sorti en 1937, avec Fréhel qui interprète « Où est-il donc ? ».

- « La petite auto » de Guillaume Apollinaire (publié en 1918 dans Calligrammes. Poèmes de la paix et de la guerre 1913-1916), lu par Jean-Pierre Marielle en 1967.

- « Ah ! La belle époque », chanson extraite de l’opérette « La Poule » d’Henri Duvernais, André Barde et Henri Christiné, interprétée ici par Robert Burnier en 1935.

- Extrait de l’émission "Tribune de Paris", consacrée à la Belle Epoque : souvenirs évoqués par Cléo de Mérode, Curnonsky et Fernand de Gregh, diffusée le 17 mars 1948.

- Interview de Saint-Granier, dans l’émission « Ma jeunesse folle » d’Edith Lansac, diffusée le 29 juillet 1967.

Bibliographie :

- Dominique Kalifa, La véritable histoire de la Belle Epoque, Fayard, 2017.

- Dominique Kalifa, « Introduction. Dénommer le siècle : chrononymes du XIXe siècle », in : Revue d’histoire du XIXe siècle, 52, 2016.

- Michel Winock, La Belle Epoque. La France de 1900 à 1914, Perrin, 2002.

- Jacqueline Lalouette, La France de la Belle Epoque. Dictionnaire de curiosités, Tallandier, 2013.

- Paul Bacot, Laurent Douzou et Jean-Paul Honoré, « Chrononymes. La politisation du temps », in : Mots. Les langages du politique, 87, 2008.

- Christophe Prochasson, Paris 1900. Essai d’histoire culturelle, Calmann-Lévy, 1999.

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