La Fontaine, au vif du présent

Jean de La Fontaine
Jean de La Fontaine ©Getty
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L'art de La Fontaine demeure une source inépuisable de réflexions sur nos sociétés, de réflexions qui sont vivantes comme au premier jour...

Avec
  • Patrick Dandrey Professeur émérite de littérature française du XVIIe siècle à Sorbonne Université

C'est un beau combat, qui ne s'achèvera jamais, que d'arracher La Fontaine aux seuls manuels enfantins. Non que ses fables ne justifient pas qu'on les donne à aimer, d'âge en âge, aux bambins successifs. Ils peuvent y trouver une initiation magnifique au plus raffiné des tableautins poétiques, tout en en inscrivant l'héritage dans la longue durée de leur mémoire, donc de leur existence future. 

Les Fables ne s'adressent ni tout à fait à des adultes, ni tout à fait à des enfants, mais à la part d'enfant qu'il y a dans les adultes et peut-être aussi au futur adulte qu'il y a dans les enfants. La Fontaine, c'est l'homme de la synthèse. Patrick Dandrey

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Et pourtant ce succès même entraîne un danger constant : celui de détourner les adultes d'aller trouver dans cette œuvre magnifiquement profuse une foule de bonheurs intellectuels et sensibles, avec la provende de découvertes inépuisables. Que chacun n'y revienne pas dans son âge mûr, voilà qui serait bien dommage. 

L'émission que je vous propose ce matin va s'attacher à rappeler que l'art de La Fontaine demeure une source inépuisable de réflexions sur nos sociétés, de réflexions qui sont vivantes comme au premier jour. Réflexions sur les tours et des détours du pouvoir politique, quels que soient les régimes. Sur le jeu des représentations que nous nous donnons à nous-mêmes, en face du monde alentour. Sur le poids de l'argent, sur son pouvoir de fascination en même temps que sur ses perversités, si l'on tolère sa domination. Sur la liberté individuelle et sur la solidarité collective. Sur les relations de l'homme et de la nature, bien avant que le mot d'écologie nous ait imposé ses angoisses contemporaines. 

Je trouve amusant qu'un auteur de fables soit en même temps, par sa personnalité, peint... disons, comme un chaud lapin et en même temps un joueur invétéré, c'est étrange... comme s'il y avait eu dans les fables une sorte de compensation. Avouez que chez La Fontaine, tout est double : c'est un auteur très religieux et en même temps très très grivois. Patrick Dandrey

Patrick Dandrey, mon invité, a parlé fort pertinemment, à propos de La Fontaine, d'un "hédonisme inquiet". Il est professeur émérite à la faculté des lettres de Sorbonne université.  Ses écrits témoignent de la vertu d'un regard d'aujourd'hui sur une œuvre sans pareille, qui est éminemment française, on l'a redit ad nauseam, mais qu'on peut aussi, sans grand risque de se tromper, poser comme universelle.

Archives sonores

-      « Le pouvoir des fables » de Jean de la Fontaine (Livre VIII, fable 4), par Marcel André, sur Paris Inter, le 7 février 1957.

-      « Le loup et le chien » de Jean de la Fontaine (Livre I, fable 5), par Jean-Louis Barrault, dans l’émission « Le rideau se lève », le 19 décembre 1948.

-      « Les femmes et le secret » de Jean de la Fontaine (Livre VIII, fable 6), par Denise Noël, sur Paris Inter, le 10 janvier 1957.

-      « Le savetier et le financier » de Jean de la Fontaine (Livre VIII, fable 2), par Claude Rich, dans l’émission « Métamorphoses », sur France musique, le 5 mars 2001.

-      Extrait du « Discours à Madame de la Sablière » de Jean de la Fontaine (fin du livre IX), par Marcel André, sur Paris Inter, le 29 mars 1957.

-      Générique de fin : « La cigale et la fourmi » par Charles Trenet et Django Rheinhardt en 1941.

Bibliographie

-      Patrick Dandrey, La Fontaine ou les métamorphoses d’Orphée, Découvertes Gallimard, 1995.

-      Patrick Dandrey, La fabrique des Fables. Essai sur la poétique de La Fontaine, Klincksieck, 1991.

-      Marc Fumaroli, Le poète et le roi. Jean de la Fontaine en son siècle, Editions de Fallois, 1997.

-      Roger Duchêne, Jean de la Fontaine, Fayard, 1990.

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