Les frères Goncourt, survivance d'une méchanceté

Edmond et Jules de Goncourt, photographiés par Felix Nadar vers 1855.
Edmond et Jules de Goncourt, photographiés par Felix Nadar vers 1855. ©Getty
Edmond et Jules de Goncourt, photographiés par Felix Nadar vers 1855. ©Getty
Edmond et Jules de Goncourt, photographiés par Felix Nadar vers 1855. ©Getty
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En compagnie de Pierre Dufief, Jean-Noël Jeanneney tente ce matin de montrer les raisons pour lesquelles ces prestigieux diaristes, tout enracinés qu’ils soient dans leur époque, retrouvent depuis quelque temps une remarquable vitalité.

Avec
  • Pierre Dufief Professeur à Paris X.

En intitulant cette émission « les frères Goncourt, survivance d’une méchanceté », je savais bien que je risquais de me voir retourner aussitôt le vocable pour démontrer que c’était la mienne que je révélais ainsi, en paraissant réduire leur trace à ce seul qualificatif. Sans compter le risque de m’attirer le blâme de l’académie Goncourt, qui est leur enfant, riche de tout le prestige des prix qu’elle décerne. 

On admettra peut-être en tout cas que cette formule constitue une porte d’entrée assez convenable vers le célèbre, le prodigieux Journal légué à la postérité. Il suffit d’ailleurs d’en ouvrir quelques pages au hasard parmi des milliers pour se rappeler que, comme le disait Henri Jeanson, on ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments. Au surplus, je vais donner à un grand spécialiste de ce couple littéraire l’occasion de démontrer, une heure durant, s’il le souhaite, que, comme d’habitude, les choses sont plus compliquées et débusquer dans le Journal des Goncourt des tendresses cachées. 

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Pierre Dufief, professeur émérite à l’Université de Nanterre, est président de la Société des amis des frères Goncourt et il vient de publier, en complicité avec Jean-Louis Cabanès, une magistrale biographie qui est consacrée à ces témoins irremplaçables, en gémellité fusionnelle, d’un demi-siècle de la vie littéraire, politique et sociale. Il va lui revenir, s’il le souhaite, de tempérer l’abrupt de mon titre et de nous montrer les raisons pour lesquelles ces prestigieux diaristes, tout enracinés qu’ils soient dans leur époque, retrouvent depuis quelque temps une remarquable vitalité. Sur les riches et sur les pauvres, sur les soudaines pulsions d’un peuple en colère, sur la liberté de l’artiste en face de tous les pouvoirs, sur les responsabilités de la littérature, ces anti-modernes peuvent en effet trouver des échos, peut-être inattendus, dans notre modernité à nous.

ARCHIVES DIFFUSÉES

  • Roland Dorgelès, dans l'émission "La Tribune de Paris" de Paul Guimard, le 23 février 1946.
  • Extrait du Journal des Goncourt daté de juillet 1855, lu par Michel Bouquet le 15 mai 1956.
  • Portraits Baudelaire, Verlaine, Balzac, Michelet, extraits du Journal des Goncourt, lus par Denis Manuel dans l'émission "Panorama" de Jacques Duchâteau sur France Culture, le 20 novembre 1989.
  • Extrait du Journal des Goncourt (promenade d'Edmond dans les ruines de la Commune en 1871), lu dans l'émission "Les Goncourt d'hier par les Goncourt d'aujourd'hui" de Nino Frank, sur France Culture le 5 décembre 1966.
  • Extrait des souvenirs d'Alphonse Daudet datés de juillet 1896 (l'avant-veille de la mort d'Edmond de Goncourt), lu dans l'émission "Les Goncourt d'hier par les Goncourt d'aujourd'hui" de Nino Frank, sur France Culture le 5 décembre 1966.

BIBLIORGAPHIE

  • Alain Cabanès, Pierre Dufief, Les frères Goncourt, Fayard, 2020.
  • Pierre Ménard, Les infréquentables frères Goncourt, Tallandier, 2020.

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