

Après que la Troisième République a installé un régime de libéralisme résolu, en juillet 1881, de nouvelles interrogations ont surgi sur la protection nécessaire des individus, des groupes, des doctrines, des symboles, des religions. Mais jusqu’où ?
- Patrick Eveno professeur émérite d'histoire contemporaine à l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne, spécialiste de l’histoire des médias, président de l'Observatoire de la déontologie de l'information
Les événements bouleversants qu’a connus notre pays dans les premiers jours de janvier appellent, provoquent, exigent diverses mises en perspectives. Au fil de nos prochains rendez-vous je vous inviterai donc à considérer notamment, de samedi en samedi, les relations compliquées des religions révélées avec les images au long des siècles, l’histoire politique des défilés et des manifestations, la résurgence inattendue de la notion d’indignité nationale, la portée des caricatures dans les sociétés successives. Mais aujourd'hui, je vous propose d’aller tout droit vers la question primordiale de la liberté de la presse et de ses inévitables limites. Son essor, en Occident, et en France assurément, s’est trouvé lié de près avec celui de la démocratie.
Jean-Noël Jeanneney s'entretient avec Patrick Eveno , professeur à la Sorbonne, à l’Université de Paris 1.
Tant que les pouvoirs publics ont opprimé les journaux, dans l’inquiétude obsessionnelle de leur capacité de subversion, le combat était au fond assez simple, il était binaire. Il a connu un moment spasmodique, en particulier lorsque le régime de la restauration a été culbuté, en juillet 1830, parce que Charles X a voulu, fort imprudemment, resserrer le joug jusqu’à l’extrême. Mais après que la Troisième République commençante a installé un régime de libéralisme résolu, en juillet 1881, dans des conditions et selon des débats ardents que nous allons examiner de près, des interrogations étaient vouées à surgir bientôt sur la protection éventuellement nécessaire – mais jusqu’où ? – des individus, des groupes, des doctrines, des symboles, des religions…
Programmation sonore
- Pierre Desproges dans « Le Tribunal des flagrants délires » , émission diffuséesur France Inter le 28 septembre 1982
- Chanson « Le 18 Fructidor » (1795) , interprétée par Robert Rocca
- Discours sur la liberté de la presse de Pierre-Paul Royer-Collard , prononcé en 1822, lu par Georges Claisse, sur France Culture le 19 février 2014
- Chanson « La Ravachole » (1893) , paroles de Sébastien Faure, sur l’air de « La Carmagnole », interprétée par Les Quatre Barbus.
- Extrait du discours prononcé par Léon BLUM à Lille lors des obsèques de Roger Salengro , le 22 novembre 1936.
Bibliographie :
- Patrick Eveno, Histoire de la presse française, de Théophraste Renaudot à la révolution numérique , Flammarion, 2012
- Patrick Eveno, J’accuse et autres grands articles, anthologie du journalisme français , Le Monde-Flammarion, 2010
- Patrick Eveno, La presse , PUF, coll. "Que sais-je ?", 2010
- Jean-Pierre Machelon, La République contre les libertés ? Les restrictions aux libertés publiques de 1879 à 1914 , Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1976
- Jean-Noël Jeanneney Une histoire des médias, des origines à nos jours , éd. « Points » Seuil, Paris, 2015 (rééd.).
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