Nos langues régionales : effacées ?

Manifestation pour la défense des langues régionales en France, 2010.
Manifestation pour la défense des langues régionales en France, 2010. ©AFP - AFP/Pascal Guyot
Manifestation pour la défense des langues régionales en France, 2010. ©AFP - AFP/Pascal Guyot
Manifestation pour la défense des langues régionales en France, 2010. ©AFP - AFP/Pascal Guyot
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La diversité linguistique de la France a longtemps été passée sous silence. Bernard Cerquiglini nous fait plonger dans le patrimoine immatériel que constituent les langues de France.

Avec

L’histoire des langues régionale peut être abordée sous un éclairage faussement simple. Il est loisible de la considérer essentiellement en évoquant les avatars d’un patrimoine culturel. Il s’agit d’une richesse profuse qui s’est trouvée affectée, de siècle en siècle par la diversité de mouvements collectifs, qu’ils soient spontanés ou bien gouvernés par les pouvoirs politiques. Des mouvements qui ont parfois sauvegardé et plus souvent bousculé, oblitéré les multiples parlers pratiqués, d’âge en âge, sur le territoire de la France, dans l’hexagone et outremer. 

On pourrait s’en tenir là, que ce soit pour s’en réjouir ou pour s’en affliger, s’en tenir à l’étude d’un effacement progressif au profit du français, préservant seulement quelques exceptions marginales. Mais la curiosité s’élargit quand on va débusquer dans cette histoire des enjeux politiques et sociaux. 

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Notre Constitution affirme l’impérieuse domination du français dans tous les actes de la vie administrative et dans l’enseignement républicain. Les combats menés pour l’approuver ou pour la contredire nous parlent de l’idée que notre nation se fait d’elle-même. Du prix de son unité jacobine pour sa survie, pour la promotion de ses enfants, pour la solidarité de ses composantes. Des avantages, en revanche, de la décentralisation pour l’épanouissement des citoyens. On comprend donc la violence des débats sur un sujet qui nous est si intime. 

Pour en parler

Bernard Cerquiglini, qui fut, entre autres brillantes activités universitaires, délégué général à la langue française et aux langues de France. Sa compétence de linguiste, qui a irrigué bien des ouvrages précieux sur ces questions, s’impose précisément parce que sa science ne cesse pas de se mêler à une réflexion sur l’interaction constante entre les miroitements de la culture, notamment langagière, et les défis évolutifs d’un mieux vivre ensemble. 

ARCHIVES DIFFUSÉES

  • Voyage en Bretagne du Général de Gaulle, Président de la République : extrait de son allocution à Quimper, Inter-Actualités, France Inter, le 2 février 1969.
  • Interview de l'écrivain créole Raphaël Confiant, dans "Un jour au singulier" de Geneviève Ladouès, France Culture, le 16 octobre 1994.
  • Extrait d'un entretien avec le chansonnier alsacien Germain Muller, dans "Radioscopie" de Jacques Chancel, France Inter, le 29 novembre 1977.
  • Lecture par Sylvain Solustri du rapport de l'abbé Grégoire sur l'anéantissement des patois de 1794, diffusée dans "Tire ta langue" d'Antoine Perraud, France Culture, le 2 octobre 1996.
  • Chanson "Le Patois de chez nous" par Louis Lynel, 1942.
  • Notre générique de fin : "L’Escata", chanson catalane composée par le chanteur catalan Lluís Llach en 1968, ici interprétée par le chanteur occitan Patric en 1972 en langue occitane.

BIBLIOGRAPHIE

  • Bernard Cerquiglini (dir.), Les langues de France, PUF, 2003.
  • Bernard Cerquiglini, La naissance du français, PUF, 1991. 
  • Bernard Cerquiglini, Erik Orsenna, Les Mots immigrés, Stock, 2022.
  • "Les langues régionales", Rapport Cerquiglini, avril 1999.
  • Henriette Walter, "Présence des langues régionales", Gallimard - Le Débat, 2007/2 n°144, p. 165.
  • Jean Sibille, Les langues régionales, Flammarion, 2000.
  • Jean-François Chanet, "La question des langues régionales", in : L'Histoire, novembre 2000.

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