Saint Barthélemy : visages d'un massacre

"Le Massacre de la Saint-Barthélemy" de François Dubois, peint vers 1572-1584 (Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne)
"Le Massacre de la Saint-Barthélemy" de François Dubois, peint vers 1572-1584 (Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne) ©Getty - Photo By DEA / G. DAGLI ORTI/De Agostini via Getty Images
"Le Massacre de la Saint-Barthélemy" de François Dubois, peint vers 1572-1584 (Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne) ©Getty - Photo By DEA / G. DAGLI ORTI/De Agostini via Getty Images
"Le Massacre de la Saint-Barthélemy" de François Dubois, peint vers 1572-1584 (Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne) ©Getty - Photo By DEA / G. DAGLI ORTI/De Agostini via Getty Images
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Par une nouvelle approche du massacre des protestants par les catholiques fin août 1572, Jérémie Foa montre que ce fut avant tout un massacre de proximité, commis de voisins à voisins, jusqu'au cœur des familles.

Avec
  • Jérémie Foa Maître de conférences HDR en histoire moderne à Aix-Marseille université, au laboratoire TELEMMe

Nos manuels d’écoliers, quand ils nous parlaient, jadis, du drame de la Saint-Barthélemy d’août 1572, survenu au moment le plus intense des guerres de religion, ne nous en cachaient pas l’horreur, mais ils lui affectaient, parmi la laïcisation des esprits du temps, une forme d’absurdité.

La Saint-Barthélemy conservait, voici une cinquantaine d’années, en dépit de tels ou tels films propres à en ressusciter la violence, quelque chose d’un peu abstrait. On s’étonnait, puis on passait vite. Or, voici que tout a changé dès lors qu’autour de la planète resurgissait la hideur de massacres intestins, du Cambodge au Rwanda et en divers autres lieux ensanglantés. L’historiographie, stimulée par la résurgence de ces drames collectifs, s’en est trouvée renouvelée de divers côtés, sous les plumes les plus brillantes.

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Et voici que nous arrive l’ouvrage de Jérémie Foa,maître de conférences à l’université d’Aix-Marseille, qui a choisi, selon un parti original, de descendre au plus immédiat, au plus concret de ce qui advint. Les archives notariales et les registres des paroisses lui ont permis d’accéder à des crimes de proximité, de voisins à voisins, jusqu’au cœur des familles. Et aussi de désigner la poignée d’hommes qui ont suscité la plupart des meurtres.

Ces crimes n’ont pas surgi brusquement, dans la moiteur d’un soir d’été. Ils ont mûri de longue main sous l’effet des haines, des propagandes, des fantasmagories. Autrement dit de forces toujours promptes, jadis comme aujourd’hui, à déchirer la mince pellicule des relations civilisées. Jérémie Foa, en abandonnant, comme il le dit, "les palais pour les pavés", nous fait accéder au plus concret d’une épouvante et de ses ressorts, et du même coup il rend justice à une cohorte d’anonymes martyrisés. C’est là peut-être, après tout, l’une des tâches les plus honorables de l’Histoire telle qu’on peut l’écrire.

ARCHIVES DIFFUSÉES

  • Pastille dans le générique du début : lecture d’un extrait du Discours des misères de ce temps, à la reine mère du roi (1562) de Pierre de Ronsard, diffusée dans l’émission « Lectures de la France » sur France Culture, le 18 février 1977.
  • Lecture d’un extrait du Discours des misères de ce temps, à la reine mère du roi (1562) de Pierre de Ronsard, par Jean Négroni, diffusée dans l’émission « Lectures de la France » sur France Culture, le 18 février 1977.
  • Chanson anonyme « Voyez la grande offense » (fin XVIe), interprétée par Nicole Vervil, avec Victor Apicella à la guitare, 1957.
  • Lecture de Je veux peindre la France d'Agrippa D'Aubigné, extrait du premier des sept livres que forme le recueil poétique Les Tragiques publié en 1616, par Emmanuelle Riva dans l'émission "Panorama" de Michel Bydlowski sur France Culture, le 26 septembre 1990.
  • Lecture d’un extrait des Memoires de l'estat de France sous Charles IX (1576-1579) de Simon Goulart, par Daniel Koenigsberg dans « Le Cours de l’Histoire » de Xavier Mauduit sur France Culture, le 11 octobre 2021.
  • Extrait de la tragédie Charles IX, ou la Saint-Barthélemy (1789) de Marie-Joseph Chénier, rebaptisée ultérieurement Charles IX, ou l'école des rois. Lecture de Silvia Monfort, Simon Eine et Michel Etcheverry, diffusée dans l’émission « Prestige du théâtre » de Léon Chancerel, sur la RTF, le 30 octobre 1963.
  • Générique de fin : chanson du « Printemps retournée », interprétée par Chantal Grimm. Cette chanson de 1586 est une parodie anonyme d'une chanson de Pierre de Ronsard sur le printemps.

BIBLIOGRAPHIE

  • Jérémie Foa, Tous ceux qui tombent. Visages du massacre de la Saint-Barthélemy, La Découverte, 2022.
  • Arlette Jouanna, La Saint-Barthélemy. Les mystères d'un crime d'État, Gallimard, 2007.
  • Anne-Marie Cocula, Montaigne 1588. L'aube d'une révolution, Éditions Fanlac, 2021.
  • Denis Crouzet, La nuit de la Saint-Barthélemy. Un rêve perdu de la Renaissance, Fayard, 1994, rééditer. 2012.
  • "24 août 1572. La Saint Barthélemy. le massacre des voisins", numéro de L'Histoire consacré à la Saint Barthélemy, n°496, juin 2022.
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