XIXe siècle : la haine, ressort puissant

Haine ou jalousie (Expression des passions de l’âme, 1727) - Le Brun
Haine ou jalousie (Expression des passions de l’âme, 1727) - Le Brun - Wikipedia/ Charles Le Brun; John Tinney, CC BY-SA
Haine ou jalousie (Expression des passions de l’âme, 1727) - Le Brun - Wikipedia/ Charles Le Brun; John Tinney, CC BY-SA
Haine ou jalousie (Expression des passions de l’âme, 1727) - Le Brun - Wikipedia/ Charles Le Brun; John Tinney, CC BY-SA
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Alors que les discours haineux prolifèrent, nous nous intéressons ce matin, en compagnie de Frédéric Chauvaud, à l'histoire de cette passion funeste.

Avec

Les messages de haine qui sont charriés sur les réseaux sociaux doivent-ils être censurés par les responsables de ceux-ci ? Et peuvent-ils l’être ? Une loi récente, portée au Parlement par Laetitia Avia, députée de Paris, le leur imposait, sous peine de lourdes amendes. Et même si ce texte a été censuré, pour une large part, par le Conseil constitutionnel, il témoigne d’une inquiétude qui est aujourd’hui répandue. 

Il s’agit de la découverte que l’intensité des haines en circulation sur la Toile, qui figent le dialogue démocratique et qui exaspèrent les passions les plus sinistres et les plus délétères, constituent une grave menace pour la prédominance de la raison sur la passion, pour la sérénité des citoyens et pour la cohésion nationale. 

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Je ne songe certes pas à minimiser ce souci, qui peut devenir taraudant, mais seulement, pour resituer les choses, à rappeler la violence des imprécations que nos ancêtres ont déjà échangées entre eux, dans tout le champ de la politique, de la société et même de la vie familiale. Leur support a changé, mais leurs ressorts et leurs débordements probablement pas. 

Sans remonter à l’Antiquité ou à l’Ancien régime, il va suffire, pour le démontrer, de centrer notre attention sur le long XIXe siècle. Car celui-ci offre à profusion des exemples impressionnants de ces dévergondages ravageurs de la pensée et de l’émotion. 

Mon invité, Frédéric Chauvaud, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Poitiers, a consacré un beau livre à ce thème et à ses multiples dimensions, en se concentrant sur le cas français. Avec lui, familier de toutes les sources, judiciaires, littéraires ou journalistiques qui s’offrent en profusion, nous allons considérer les modulations de la haine dans les divers secteurs d’une société, et ce qu’elles peuvent nous dire sur les tensions qui y sont au travail, sans relâche.

ARCHIVES DIFFUSÉES

  • Denis Lavant lit "Le tonneau et la haine" de Charles Baudelaire (Les Fleurs du Mal, 1857), en 2014.
  • Jean Topart lit un extrait de Scènes et doctrines du nationalisme de Maurice Barrès (1902), dans "Analyse spectrale de l'Occident" de Pierre Sipriot, le 2 décembre 1967.
  • Fanny Ardant lit une lettre de Gustave Flaubert à Georges Sand datée du 12 juin 1867 (sur la haine des Bohémiens), extrait de l'émission "À voix nue" de Béline Dolat et Philippe Bresson, diffusée sur France Culture, le 28 octobre 2016.
  • Lecture par Alain Rimoux d'un texte du procureur général de Nîmes sur les événements d'Aigues-mortes les 16 et 17 août 1893, diffusée dans l'émission "Frissons fin de siècle" de Jean-Pierre Rioux, sur France Culture, le 31 juillet 1990.
  • Lecture par Serge Reggiani d'un extrait de Colomba de Prosper Mérimée (1840), dans l'émission "Lecture du soir", diffusée sur la RDF le 18 septembre 1956.
  • Chanson "Tyrolienne haineuse" par les Quatre Barbus, paroles : Pierre Dac, musique : Calabrese, 1956.

BIBLIOGRAPHIE

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