

Le renseignement est profondément ancré dans la culture chinoise, et le parti communiste l'a institutionnalisé, dans un climat de paranoïa. Originellement destiné à combattre les ennemis du parti, le renseignement est aujourd'hui massivement mobilisé sur des questions économiques.
C'est l'un des paradoxe de l'espionnage chinois : alors que l'Europe et les États-Unis vivent dans la hantise des espions de Pékin, accusés de vol de secrets industriels à grande échelle, la Chine elle, brandit sans cesse la menace d'agents déstabilisateurs venus de l'étranger.
Historiquement, l'espion est une figure centrale dans la tradition chinoise. Le Maître de la vallée fantôme ou bien les 36 stratagèmes, textes canoniques de la haute antiquité, font du renseignement l'arme décisive des royaumes combattants.
Une visibilité culturelle qui contraste avec l'effacement des espions dans la Chine contemporaine. Aujourd'hui, les praticiens de cet art millénaire se montrent peu, et ne s'expriment jamais.
L'histoire des renseignements de la République Populaire étant une longue suite de purges, aucun dirigeant n'a envie d'être le prochain sur la liste pour un mot malheureux.
Dans cette ambiance, convaincre les maîtres espions chinois de parler à des journalistes s'est révélé être une véritable épreuve. Pierre Gastineau et Philippe Vasset ont donc multiplié les détours pour rencontrer tous ceux qui ont eu affaire avec le ministère de la sécurité d’État.
Nigel Inkster a été pendant 10 ans le chef de poste du MI6 à Pékin, puis à Hong Kong :
En Chine, il n'y a pas de tradition autour du renseignement en tant qu'institution. Il y a une tradition du renseignement beaucoup plus large. La Chine est un État-espion en soi et non un État qui emploie des espions. Nigel Inkster
Le parti communiste chinois a été formé dans une atmosphère de complot, de clandestinité et de menaces existentielles. [...] La paranoïa est une obligation. Votre raison d'être, c'est de résister aux menaces extérieures. Nigel Inkster
Aujourd'hui, le système s'est complexifié en une multiplicité d'agences, toujours sous l'étroite surveillance du Parti Communiste chinois.
Si l'on regarde les services de renseignement lors des 5 premières décennies de la République Populaire, c'était d'abord et avant tout des services de renseignement intérieurs, occupés à combattre les éléments hostiles au parti communiste. Leur lutte était principalement idéologique. [...] L'action en dehors du pays était très limitée. Nigel Inkster
Par la suite, la Chine a opéré un virage économique, et elle a été l'une des premières puissances à mobiliser massivement son appareil de renseignement afin de rattraper son retard économique, dans des proportions colossales.
Au milieu de années 1980, la Chine a mis en place un plan, un programme identifiant les technologies critiques sur lesquelles la Chine devait recueillir des informations. Nigel Inkster
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