Disparition

Disparition
Disparition ©Radio France - Tony Hayère
Disparition ©Radio France - Tony Hayère
Disparition ©Radio France - Tony Hayère
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Cette émission ne vous est pas destinée. Vous êtes témoins, c'est tout. Témoins d'un texte joué pour son auteur, Denis. Il écoute, là, dans son petit lit, derrière une porte métallique, le poste vissé près de l'oreille, en prison.

De : Tony Hayère et Gilles Mardirossian

Avec : Denis et Amandine

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D'après les écrits de : Denis

Lecture et improvisation : Marc-Henri Boisse

Musique : Tony Hayère

Interprète violon : Daniel Olmos

Mixage : Jean Benoît Têtu

Cette émission ne vous est pas destinée.

Vous êtes témoins, c'est tout.

Témoins d'un texte joué pour son auteur.

Les ondes radios, depuis Paris, se glisseront dans la cellule de Denis.

Vous allez, en quelque sorte, entendre, deviner quelqu'un en train d'écouter, là, dans son petit lit, derrière une porte métallique, le poste vissé près de l'oreille, l'oreille de Denis.

Denis est en prison, il a 68 ans.

Nous nous sommes rencontrés en 2014, lors d'une résidence de création que je réalisais en maison d'arrêt.

Lorsque mon travail a été fini, nous avons décidé de nous écrire.

De fil en aiguille, on a écrit une histoire, puis un scénario sonore.

Mais pour correspondre avec Denis, il fallait compter 15 jours.

Le courrier partait de mon domicile, passait par la prison, repartait chez le juge d'instruction qui ouvrait et lisait la lettre, puis repartait à la prison, où il était donné à Denis.

Dès son début, notre correspondance était emprunte de beaucoup de respect, d'attention. Nous faisions attention aux mots, au sens, à la place de l'autre dans cet échange dont nous imaginions déjà, non seulement qu'il nous faudrait recréer l'instantanéité du dialogue en un montage écrit, mais aussi que cet échange était lu, analysé et archivé par le juge d'instruction.

"Puisqu'on nous regardait, qu'on nous lisait, on s'est dit que c'était comme au théâtre..."

On s'est évadé, à deux, mais pas tout à fait. J'aurais aimé que Denis puisse lire ses écrits... j'ai demandé, insisté, mais l'administration pénitentiaire est longue, lente, réticente. Alors c'est le comédien Marc Henri BOISSE qui l'a fait.

Mais j'ai souhaité qu'il ne le fasse pas tout à fait, j'ai souhaité qu'il n'élude pas le fait que là, quelqu'un pouvait entendre, mais ne pouvait pas parler, j'ai souhaité qu'il travaille avec cette idée que l'auteur du texte entendrait son jeu sans prendre part à sa direction.

L'équipe