

Que reste t'il de l'offensive du général Nivelle sur le Chemin des dames ?
- Alexandre Morel Chef démineur de la protection civile de l’Aisne
- Philippe Boisseau Agriculteur
- Didier Annebique
- Hélène Luisin Directrice de l’ONAC (Office National des Anciens Combattants)
- François Hollande Homme d'Etat français (PS)
- Martine Veissière
- Laurent Tourrier Artiste peintre
- Noël Genteur Agriculteur, ancien maire de Craonne
- Gérard Cognet Comédien
Au printemps 1917, l‘offensive du général Nivelle sur le Chemin des Dames, près de Reims, occasionna près de 200.000 morts. Les hurlements de ceux-ci hantent-ils les sillons fertiles ? Sont-ce leurs âmes qu’on voit errer dans les brumes du petit jour ?

La cicatrice de cette plaie monstrueuse est-elle visible, cent ans après, dans les bras tordus des arbres ? Peut-on la percevoir, comme un sous-texte à l’apparente normalité du paysage d’aujourd’hui ? Les guerres d’aujourd’hui sont-elles consécutives à ce conflit qui bouleversa l’équilibre du monde? En sont-elles même une empreinte, un écho?

Avec ces questions, Isabelle Souquet, journaliste, et Jean-Marie Porcher, preneur de son, ont parcouru, micro en main, les chemins creux bordant ce qui est aujourd’hui la départementale 18, entre Corbeny et Aisy-Jouy, dans l’Aisne.

Dans un aller-retour inquiet entre la turbulence de conflits d'aujourd’hui et l’apparente tranquillité du Chemin des Dames, ils posent la question des traces. Empreinte des corps, qu’on retrouve parfois en lisière de bois à la faveur du défrichage ; empreinte des armes, des munitions, qu’on déterre en semant, qu’on ramène en récoltant.

Empreinte sur les paysages, des forêts nouvelles qu’on a plantées pour dissimuler la marque du front, empreinte sur les cultures, dont un fermier dira que les horizons agricoles sont bouleversés peut-être pour plus de 6000 ans.

Empreinte enfin dans l’esprit des hommes, hantés comme l’est Martine, qui n’ose pas aller en forêt, de peur de marcher sur les morts ; comme l’est Laurent, un artiste qui voudrait ne plus peindre la guerre et qui sans cesse y revient, happé dit-il ; comme l’est Noel, agriculteur qui caresse cette terre comme le font les amants, mais s’y s’écorche sur les restes métalliques, bombes, grenades, barbelés gisant dans les sillons.

Paroles des hommes, silence des champs après la bataille, hurlement des archives sonores (fragments de reportages en Libye, en Haïti, en Irak, en Centrafrique), poussières de fictions (l’histoire dont s’inspire Stanley Kubrick dans « Les sentiers de la gloire » est arrivé tout près, en 1916) esquissent un monde où la paix a la fragilité d’une simple trêve.

Liens :
La Mission du Centenaire de la Première Guerre Mondiale

Avec l’aide de : Jérôme Buridant, chercheur au CNRS, Julien Staub, agent de l’ONF, responsable du secteur de la foret de Vauclair, Olivier Poujade, grand reporter (France Inter)
Textes de Jean Giono, Le Grand Troupeau (Gallimard 1931) lus par Gerard Cognet

Extraits de : « Les sentiers de la gloire » de Stanley Kubrick (United Artists 1957) et "J'accuse" d’Abel Gance (Gaumont 1937)
Production : Jean - Marie Porcher et Isabelle Souquet
Réalisation : Lionel Quantin
Prise de son : Jean - Marie Porcher
Mixage : Jean - Baptiste Etchepareborde
L'équipe
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