Ce documentaire part d'une lettre envoyée le 17 décembre 1945 et narre une histoire d'amitié, celle de Francisco et de David, deux camarades inséparables, et devenue récit d'un drame familial.
"La Lettre". *_C'est ainsi que s'intitulait au départ le projet de ce documentaire, voulant mettre au centre un document; une lettre envoyée à ma famille paternelle, le 17 décembre 1945, il y a tout juste 70 ans. _*Une histoire d'amitié, celle de Francisco et de David, deux camarades inséparables, et devenue récit d'un drame familial.
De Jean-Baptiste Artigas et Véronique Lamendour
Une histoire, parmi celles des centaines de milliers de ces exilés républicains, qui ont franchi les frontières de l'Espagne en 1939 à la fin de la guerre civile, fuyant l'arrivée au pouvoir de Franco, le généralissime, le Caudillo , fuyant l'arrivée du fascisme dans leur pays.
Maria et son fils Domingo -devenu mon grand-père- en faisaient partie. Francisco, le frère de Maria et son ami David Puente aussi. Maria avait trouvé un travail pour elle et son frère en arrivant en France, mais lui a choisi de suivre son ami David, en s'incorporant volontairement dans un camp de travail, mêlant ainsi leurs destins à jamais. De ce camp de travail dans le sud de la France, un interminable périple va commencer et les mener jusqu'à un autre camp, en Autriche celui-là, le camp de Mauthausen.
Cette histoire m'a été confiée par ma grand-mère Jacqueline, la femme de Domingo, avec la volonté qu'elle soit entendue, voilà 10 ans. J'avais 26 ans.
Elle m'a profondément touché et profondément marqué, moi qui porte ce nom de famille espagnol, sans avoir grandi ni vécu en Espagne. Elle me parle de ce nom, de mes origines. Elle vient nourrir cette identité qui est la mienne. Moi, un "enfant du franquisme".
Cette lettre mon père lui-même n'en n'a eu connaissance qu'à l'âge de 45 ans. Ayant pourtant été élevé par Maria, sa grand-mère catalane, mais on ne lui en parlait pas. A lui qui pourtant porte ce même prénom, celui de Francisco mon grand-oncle, l'homme de la famille parti dans les camps.
J'ai souhaité en savoir un peu plus sur ce témoignage, cet héritage.
Nous nous retrouvons donc avec mon père à Figeac, dans le Lot, où vit Jacqueline. Et nous voici tous les trois, par cette magnifique journée du mois de décembre, parmi les souvenirs, avec les non-dits ou les non-sus.
70 ans, c'est le temps qu'il aura fallu pour que cette lettre soit divulguée ici dans son intégralité au cœur de cette création radiophonique, lue aujourd'hui par la voix amicale et familière de Sergi López.
Jean-Baptiste Artigas
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