

Amour et déboires amoureux
Une création d'Arno Fabre et Dominique Strée, réalisation Thomas Dutter
Technique : Éloi Royer
**Producteurs-coordonnateurs : Philippe Langlois et Franck Smith
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Compositeurs : Julien Kaliski et Christophe Ruetsch
Nous nous sommes rencontrés autour du déboire amoureux, du partage de nos peines. De ce plaisir à être ensemble, à se parler, nous avons produit une matière prolifique et disparate de mots, d'images et de sons. Une matière en perpétuelle transformation que nous avons suivie jusqu'à cette pièce radiophonique, quelque part entre fiction, documentaire, poésie et lettre d'amour.
C'était en 2003. Vu d'aujourd'hui, je ne me souviens pas de la souffrance amoureuse. Mais je me rappelle des ballades et de nos échanges. On se parlait intimement au lieu d'aller boire des bières, dans un partage semblable, dit-on, à celui qu'ont les filles entre elles pendant que les garçons jouent au foot.
Avec
Les confessions de Patricia C.
Les interviews de Vincent Cespedes, philosophe, Henry Chabrol, psychiatre, Philippe Strée, kinésithérapeute
Les lectures de Frédérique Loutz, Guillaume Gilliet, Andréa Schieffer, Jean-Paul Jourdaa
Les voix d'Arno Fabre, Dominique Strée, Philippe Langlois et Franck Smith
Textes
Dominique Strée

Extraits des textes lus
Samedi dimanche lundi mardi mercredi jeudi vendredi samedi aujourd’hui samedi vêtu de pluie salée (J’ai eu envie de barrer ça et je l’ai pas barré).
Puis. Soudain. Dessous la nappe, une flaque d’amour. Floc. Floc. Floc. Goutte à doute jusqu’à 6 pieds sous terre. Sous elle. Souffrance. Sous le coton, je cours sur ton ventre. Tu.
Toi qui m’a dit. Prends mon corps comme une orange, un sourcil, une longitude.
Ci-gissent six jours.
Sous les draps. Elle s’avance. Puis plus rien.
Aucun sens (je caresse mes peurs). Aucun bruit (à marée basse, le manque me ). Aucun signe (la croix, à peine). Je respire du sang (avec la cuillère racle la casserole). (Que veux-tu de moi) ma vie (une inondation). Un carton d’invitation (sans queue ni tête).
Je dis aux amis qu’ils ne
M’attendent plus qu’ils ne
M’appellent plus je suis vide
De mon sens je ne répond
Plus je ne coule pas je
Flotte je dérive je lâche prise
Je me fous du reste je pose
Ma tête sur une poutre
Qui passe je pleure j’ai
Les yeux secs je suis faible
Obscurcit de tout rien
Ne reste en place je vais
Je viens somnambule
J’agresse je ne parle plus
Je gueule je tends une
Main je crache des mots
Mon corps est là sans
Douceur sans douleur
Je le néglige trop souvent il ne
M’en veut pas il se
Disloque c’est tout
J’ai coupé les gaz. Pourtant, le train ne s’arrête pas. Le train ne s’arrête pas. Pourtant. Ne s’arrête pas. Il est enflé, gonflé de vitesse, aspiré par la peur de mourir sur place, de mourir immobile.
J’avance. Un genou se lève, puis l’autre, les muscles font leur travail.