Les ports, les îles, les routes maritimes grouillent de figures qui traversent les âges : les pirates, les dockers, les armateurs…Parmi eux, les pacotilleuses.
Une création radiophonique d’Aline Pénitot, réalisation Gilles Mardirossian
Mixage : Pierre Costard
Où comment rabouter ensemble des morceaux éparpillés de tant d’histoires.
Où comment écouter derrière elles le paysage qui leur est commun.
Les ports, les îles, les routes maritimes grouillent de figures qui traversent les âges : les pirates, les dockers, les armateurs… Ces figures des grandes mers se transforment, incarnent de nouveaux lieux, de nouveaux usages mais leurs fonctions en marge de la société perdurent. Parmi eux, peu de femmes, si ce ne sont les femmes de port et les pacotilleuses.
Les pacotilleuses ? Vous en avez croisé dans les aéroports. Elles ont des gros sacs bourrés d’objets de peu de valeur. Elles passent les barrages administratifs au nez des hôtesses de l’air avec 30 kg de trop dans leurs bagages et des douaniers en charroyant des marchandises hasardeuses. Femmes des Caraïbes, elles ont la langue dorée qui claque dans les files d’attente. Elles peuvent aussi prendre de multiples formes beaucoup plus modernes. Une chose est sûre : elles ne sont jamais discrètes. Bougeantes, elles se retrouvent sur les marchés antillais racontant des histoires improbables, sur les bords des rues à Barbes où dans des recoins des aéroports. Elles vont d’île en île pour « colporter le manger comme le préjugé» (Edouard Glissant).
A plusieurs reprises dans ses livres, Edouard Glissant dresse de magnifiques portraits de ces femmes debout. Elles semblent être l’incarnation de la pensée de l’écrivain antillais. Elles tissent la caraïbe archipélique, elles relient la vie à la vie, elles sont tout en tremblements et turbulences, tout en relations, dérivées et projections. Elles traversent ces paysages qu’Edouard Glissant décrits comme opaques. Ce pourrait être un aéroport, jour de grand départ, un morne venté, une savane dense, un marché grouillant, un moment de départ à la pèche, une foret tropicale alors que la nuit surgit, « le fond des mers d’où montent le soir qui vient », des mondes marins, et des mondes sous-marins… autant de paysages vécus, sensibles, mémorielles.
Parallèlement, l’auteur Raphael Confiant retrouve dans les Mémoires de Victor Hugo, les traces de Céline Alvarez Bàà, cette pacotilleuse qui a ramené Adèle Hugo à Paris alors qu’elle était partie à la dérive à la poursuite d’un amoureux à travers les Amériques. Il invente ce que pourrait être les 10 commandements de la pacotilleuse et décrit avec truculence la vie de ces « femmes de vagabondages marins. » dans son livre Adèle et la Pacotilleuse.
Peut-être alors à l’écoute de cette pièce radiophonique qui « raboute ensemble des morceaux éparpillés de tant d’histoires » de pacotilleuses (Edouard Glissant), « tu iras chercher derrière elles, le paysage qui leur est commun » (Rainer Maria Rilke).
Avec Mesdames Félicité, Balthazar, Jean-Jacques, Cynthia, et Attelly
Les voix de Jean Michel Martial, Firmine Richard et Karine Pédurand
La complicité de Sarah Chaumette, Lola Ajima et Emily Lechner
Textes d’Edouard Glissant et Raphaël Confiant
Musiques originales : Le gouffre et La nuit du morne venté d’Aline Pénitot / Chalbari de Watabwi, groupe orchestral de souffleurs de conques marines.
Le gouffre
7 min
La nuit du morne venté
7 min
Musiques : La sirène de Loulou Boislaville chantée par Lola Martin / Dis, Quand reviendras-tu de Barbara.
Remerciements : Sylvie Glissant, Raphaël Confiant, Serge Domi.
A écouter : Raphaël Confiant sur le personnage de Céline Alvarez Bàà et la liberté des pacotilleuses.
Raphaël Confiant est écrivain français né à la Martinique. Il nous parle des pacotilleuses de la Martinique et plus particulièrement de Céline Alvarez Bàà. Fin XIX, celle-ci se prend d¹amitié la fille de Victor Hugo partie à la dérive dans les Antilles. Cette pacotilleuse de la Barbade ramène Adèle à son père, à Paris. Raphaêl Confiant a dressé un portrait croisé de ces deux femmes qui ont réellement existées à travers son livre Adèle et la Pacotilleuse.
Raphaël Confiant
14 min
Avec le soutien de Brouillon d’un rêve de la Scam et du dispositif La Culture avec la Copie Privée
Et le soutien de Césaré - Centre national de création musicale
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