Aide post-crise 2008 : la commission épinglée

Mars 2009 à Bucarest, la Roumanie vient d'appeler l'UE à l'aide
Mars 2009 à Bucarest, la Roumanie vient d'appeler l'UE à l'aide ©Reuters - Bogdan Cristel
Mars 2009 à Bucarest, la Roumanie vient d'appeler l'UE à l'aide ©Reuters - Bogdan Cristel
Mars 2009 à Bucarest, la Roumanie vient d'appeler l'UE à l'aide ©Reuters - Bogdan Cristel
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Après la faillite de Lehman Brother, l'UE a apporté une assistance financière à huit pays : Roumanie, Hongrie, Lettonie, Chypre, Irlande, Portugal, Grèce, Espagne. Sept ans après, la Cour des Comptes européenne critique une gestion peu rigoureuse, et parfois à la tête du client.

C'est un rapport qui arrive tard, mais qui a le mérite d'établir les faits. Rendu hier par la Cour des Comptes européenne, il épingle la gestion par la commission de son aide aux pays fragilisés par la crise. Ici pour la version longue de 120 pages, et ici pour un résumé. Ce rapport exclu Chypre et la Grèce qui feront l'objet d'un traitement à part, ainsi que l'Espagne.

On a beaucoup parlé des pays de la zone euro qui avaient été aidé, Grèce, Portugal, Irlande, Chypre. On sait moins que la Hongrie est le premier pays à avoir demandé une assistance financière à l'Union Européenne et au FMI en 2008. Sa dette était libellée en euro ou en francs suisse, quand la crise a éclaté, sa monnaie s'est effondrée, et le pays s'est retrouvé au bord de la banqueroute.

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La Lettonie au secours de ses banques

En Lettonie, c'est un peu comme en Irlande. Les banques avaient beaucoup prêté avant la crise. Quand Lehman Brother a fait faillite, l'une de principales banques du pays la Parex a dû être nationalisée, ses pertes épongées par le budget de l'Etat letton qui a donc fait appel à un prêt de l'Union européenne, du FMI et de pays voisins. Ici un rapport d'information du sénat à ce sujet.

La Roumanie a été victime de son statut de petit pays périphérique. Dès la fin 2008, le pays a eu de plus en plus de mal à financer sa dette sur les marchés financiers, ses banques étaient aussi sous pression, sa note a dégringolé, d'où une aide accordée début 2009.

Manque de préparation, gestion chaotique et différenciée

La Cour des Comptes européenne reproche d'abord à la commission un certain aveuglement. Dès 2007, il y avait des signes qu'une crise financière s'amorçait, et la commission n'a pas identifié les pays exposés à ce risque. Du coup, ses équipes n'étaient pas préparées à gérer une crise d'une telle ampleur. Cela n'a pas eu d'impact sur les finances publiques européennes, qui n'ont servi qu'à garantir des emprunts faits pour le compte des pays en difficulté, ce que critique la cour, c'est la gestion chaotique et parfois à la tête du client.

"Les calculs sous-jacents n'ont été examinés par aucun vérificateur extérieur les travaux des experts n'ont fait l'objet d'aucun contrôle approfondi et le processus de reexamen n'était pas bien documenté".

Tous les pays aidés ont été soumis à des programmes de rigueur en échange de leur prêt, mais ils n'ont pas tous été logés à la même enseigne. La Hongrie a dû respecter 60 conditions par exemple, le Portugal 400. De plus, "la commission a de temps à autre imposé un calendrier serré et irréaliste pour des réformes d'envergure" écrit la cour, et en même temps, son suivi a parfois laissé à désirer.

"Certaines conditions n'ont fait l'objet d'aucun compte rendu, d'autres ont été renseignées comme respectées, alors qu'en réalité il n'en était rien".

Enfin, les équipes de la commission qui ont géré ces programmes d'aide ont fonctionné en vase clos, sans oeil ni vérificateur extérieur, il leur manquait parfois des documents clé pour faire leur calcul. Voilà qui jette une lumière crue sur la supposée rigueur de la commission. Dès hier, une porte-parole de la Commission, Annika Breidthardt, a déclaré que "la plupart des lacunes avaient été comblées", et que, "_certains de ces pays ont maintenant les plus forts taux de croissance en _Europe".

On attend avec impatience les rapport que la Cour des Comptes européenne rendra sur la Grèce. "Le premier répondra à la question de savoir si l'assistance technique coordonnée par la Commission a contribué de manière positive à la mise en œuvre des programmes et au processus de réforme en Grèce". Il est promis pour le premier trimestre de cette année. Ca tombe bien, car une nouvelle crise grecque est prévue pour les trimestres suivants.

Le deuxième rapport sur la Grèce "consistera en une évaluation de la conception, du suivi et des résultats du programme d'ajustement économique pour la Grèce", il est promis pour "plus tard".