

L'économie européenne montre des signes de reprise, mais le contexte international reste une menace, et surtout cette reprise est dopée. Dopée à la dette, comme l'économie mondiale. Où est le centre de désintoxication?
L'économie européenne, et de la zone euro en particulier montre des signes de reprise, et les ministres des finances de l'UE réunis aujourd'hui à Bruxelles ne manqueront sans doute pas de s'en féliciter.
On peut remettre en cause, les indicateurs macroéconomiques qui vont suivre; dans leur définition, leur mode de calcul. On peut critiquer le fait que ce sont des moyennes; en Europe par exemple la Grèce n'est pas du tout sur le chemin de la reprise, son PIB s'est contracté (0.9% de contraction du PIB au troisième trimestre). On peut aussi reprocher à ces indicateurs de n'être que des chiffres, et d'occulter le sort des individus, et la dégradation qualitative de leurs conditions de vie. Toutes ces critiques sont légitimes. N'empèche, il faut prendre ces indicateurs pour ce qu'ils sont : un moyen d'évaluer l'évolution d'une situation économique. Et aujourd'hui l'évolution est positive. L'indicateur phare quand on parle de reprise c'est la croissance du PIB. En 2015, elle devrait tourner autour d'1.6% dans la zone euro. Entre 2003 et 2014, c'était moitié moins. Le chomage, lui, est sur la piste descendante depuis plusieurs mois. Il touche 10.5% de la population active en novembre dans la zone euro. Un chiffre comparable à la France. Alors attention, je ne dis pas que ça va bien. Je dis que ça va mieux, parce qu'on part de loin. ll y a quelques mois encore, les adjectifs que l'on trouvait accolés à ECONOMIE EUROPEENNE était moribonde, décrépie, sclérosée. Aujourd'hui, comme l'a reconnu l'économiste de Standard and Poors, Jean Michel Six cette semaine,
"Ne soyons pas négatif, il y a croissance en Europe"
Une croissance menacée par l'environnement international
Pour le dire en une phrase "C'est pas de chance pour l'Europe", parce qu'au moment où ça va mieux pour nous, autour, l'environnement économique est délétère. Les pays dits émergents, (Brésil, Chine, Afrique du sud), et les pays dépendants du pétrole et des matières premières vont passer une très mauvaise année, or ce sont des partenaires commerciaux. Mais avant tout, si l'économie européenne est sortie de l'hôpital, c'est parce qu'elle est dopée. Depuis huit mois la banque centrale européenne injecte 60 milliards d'euros par mois dans les circuits financiers (ce qu'on appelle le Quantitative Easing), et pourtant la croissance n'est pas à la hauteur de cette injection de liquidité. C'est un peu comme si vous aviez le pied enfoncé sur l'accélérateur, à fond, et pourtant, votre voiture ne fait que du 50 km/h. Ok, elle n'est pas à l'arrêt, mais il faut sans doute passer voir le garagiste.
Une économie dopée à la dette
Or aujourd'hui le problème c'est que 1, on ne sait plus bien qui est le garagiste, la BCE a donné quasiment tout ce qu'elle pouvait, et 2, on est dans un monde nouveau, où quand on applique les théories économiques, généralement libérales parfois keynesiennes, cela ne donne pas les résultats escomptés. Certains analystes le reconnaissent: en théorie, si ça alors il devrait se passer ça... mais non, autre chose se passe. C'est le cas des taux d'intérêt. Ils n'ont jamais été aussi bas, alors que le monde n'a jamais été aussi endetté. 200 000 milliards dollars de dette, c'est le montant de l'endettement des ménages, des entreprises et des états cumulés selon une étude de l'institut Mac Kinsey. 200 000 miliards de dollars, c'est 286% du PIB mondial, c'est 60 000 milliards de plus qu'avant la crise financière. Ces montants dépassent l'entendement. Comme l'Europe, l'économie mondiale est accro à la dette, et comme pour le garagiste, on ne sait pas où trouver le centre de désintoxication.
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