Farabi, philosophe grec

France Culture
Publicité
Avec
  • Philippe Vallat historien de la philosophie arabe, CNRS

Philippe Vallat traduit la dernière œuvre de Farabi (mort en 950) écrite à Damas et constituant son testament philosophique. C’est une œuvre qui présente le projet métaphysico-politique du philosophe. Comme s’il fallait comprendre le monde et le cosmos dans l’intégralité de son fonctionnement et y situer l’homme, avant d’élaborer une éthique qui rend possible le contrat politique au sein d’une cité dont le philosophe serait roi.

Redevable aussi bien à la *République * de Platon qu’aux *Politiques * d’Aristote (dont nous n’avons pourtant aucune trace de traduction), Farabi se débarrasse dans ce testament de toute référence à l’islam et ne semble pas s’inscrire dans l’horizon religieux qui veille sur la culture engendrée par la langue arabe qui est sa langue de formation et d’écriture, lui le Persan des confins nourri par le sogdien. Selon ce Farabi ultime, il n’est de salut que par la philosophie. Salut qui se réalise au sein de la cité vertueuse en laquelle le sujet obtient la félicité en rendant immortelle son âme mortelle.

Publicité

Par une telle pensée, Farabi, surnommé le « second maître » (après Aristote), semble avoir gagné son pari : faire renaître et revivifier la philosophie grecque dans la langue arabe. Par cette opération, se vérifie l’universalité du concept qui a la capacité de s’adapter à toutes les grammaires.

Farabi serait-il dès lors un philosophe grec de langue arabe ? Si tel était, la notion de philosophie islamique serait abîmée sinon ruinée.

Bibliographie :

Al-Farabi, *Le Livre du régime politique, * introduction, traduction et commentaire de Philippe Vallat,

Belles Lettres, 2012