- Etel Adnan poète américano-libanaise, écrivaine et artiste visuelle
Née en 1925 à Beyrouth de mère grecque d’Izmir, de père sunnite de Damas, Etel Adnan a vécu la diversité ethnique, linguistique, religieuse, au cœur du foyer familial. C’est ce qui l’a prédisposée au nomadisme et à l’errance.
Ainsi est-elle venue en 1948 à Paris et au sein de la cité universitaire, elle a séjourné à la maison de l’Amérique, ce qui lui fit connaître les Américains.
En 1954, elle continue ses études à l’université californienne de Berkeley pour y devenir enseignante en 1958. Depuis lors, elle partage sa vie entre trois résidences : Le Liban, la France, la Californie. Et son nomadisme s’exprime aussi à travers sa migration d’une langue à l’autre (elle écrit indifféremment en français et en anglais, subsidiairement en arabe), d’un support à l’autre : de la peinture à la poésie, de la prose méditative à l’amorce romanesque.
C’est un auteur et un artiste qui fonde sa poétique et son esthétique sur la traversée des frontières, celles du réel géographique et celle des imaginaires. Cette vie qui continue plus que jamais de nager dans le flux créateur porte en elle un potentiel d’une richesse inouïe pour juger de la question de la diversité dans trois contextes différents. Selon elle, elle a vécu la plus féconde et la plus apaisée des diversités au Levant dans la continuité de la logique impériale ottomane où jamais on n’évoquait les entités destinées à cohabiter par les termes de majorité et de minorité : selon la politique des *millet, * on a affaire à des nations. Et c’est cette scène qui a été ravagée une fois les antagonismes internes attisés, manipulés. Et ce qui a prédisposé à ce saccage, c’est la désastreuse gouvernance locale qui a suscité le radicalisme religieux exclusiviste et ennemi des altérités. Tandis que l’Europe et la France connaissent en ce moment une véritable panne de l’altérité, le débat étant biaisé par l’émergence au sein de la cité du thème de l’identité. Alors que l’Amérique gère un triangle inexorable : les deux traumatismes du génocide indien et de l’esclavage sont souvent corrigés par le recours à une constitution excellente. A l’horizon de l’Amérique, la figure de l’Indien, en son effacement même, hante.
Bibliographie
Etel Adnan, *Sea and Fog, * Nightboat Books, Calligoon, New York, 2012
Id., *Là-bas, * traduit de l’américain par Marie Borel & Françoise Valéry, éditions de l’Attente, Bordeaux, 2013
Id., *Voyage au mont Tamalpaïs, * Manuella Editions, Paris, 2013
Id., *Paitings, Drawings and Tapistries, 1965-2000, * introduction Carolyn Christov-Bakargiev, texte de Simone Fattal, Conversation d’Etel Adnan avec Hans Ulrich Obrist (Automne 2011), catalogue édité par Andrée Sfeir-Semler à l’occasion de la participation de l’artiste à la Documenta (13) de Cassel.
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