A travers des accords bilatéraux ou multilatéraux, les pays européen délèguent à d'autres leur politique migratoire, les incitant à retenir les demandeurs d'asile chez eux en échange d'une aide financière internationale. Jusqu’où l'Europe peut-elle encore repousser ses frontières réelles ?
- Lydie Arbogast Responsable des questions européennes à la Cimade
- Pascaline Chappart Spécialiste des migrations
- Matthieu Tardis Cofondateur de Synergie Migrations, spécialiste des politiques de migrations européennes et des réfugiés
Si le Niger est l’un des principaux pays de transit pour les migrants qui cherchent à rejoindre l’Europe, c’est aussi une figure de proue de cette politique de délégation de la gestion de migrants opérée par Bruxelles depuis quelques années.
En effet, en 2017, Niamey avait mis en place un « Mécanisme d’évacuation d’urgence et de transit » (Emergency Transit Mechanism) du Haut-Commissariat aux réfugiés, destiné à trier les demandeurs d’asile susceptibles d’être réinstallés en Europe, et ce contre une aide financière conséquente et non-négligeable pour ce pays parmi les plus pauvres d’Afrique.
Mais ces dispositifs mis en place pour contenir les migrations ont aussi eu des conséquences sociales néfastes pour une partie de la population, qui dépendait de l’économie du transport.
Pour d’autres pays partenaires, ce système pose en outre des problèmes de politique intérieure. C’est par exemple le cas du Maroc, dont la diaspora en Europe dispose d’un poids politique important, et qui souhaite par ailleurs mener une diplomatie africaine forte. Le pays prend donc de gros risques à jouer les gendarmes de l’Europe.
Quant à la Turquie, elle utilise, depuis l’accord de 2016, la question migratoire comme instrument de chantage, menaçant régulièrement de rouvrir ses frontières.
Mais quels sont les intérêts de ces pays tiers ? Comment participent-ils à la politique migratoire de l’Union européenne ? Quelles conséquences politiques, économiques, sociales pour ces pays ?
Jusqu’où l’Europe peut-elle encore repousser ses frontières ? Peut-on espérer que ses Etats membres reprennent la main sur une gestion aujourd’hui très largement déléguée ?
Il y a des dynamiques migratoires locales qu’on est en train de remettre en cause au Niger, ce qui va avoir des effets déstabilisateurs sur une région qui n’en a vraiment pas besoin. Matthieu Tardis
L’incapacité des Etats membres à adopter une politique commune en terme d’immigration fait qu’on a déplacé le cœur de cette politique vers des pays tiers. Matthieu Tardis
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Tous ces petits accords très flous et en marge du droit international ne font que perpétuer une sorte de fuite en avant de la déresponsabilisation des politiques européennes. Pascaline Chappart
La solution serait de respecter le droit international et de prendre en compte la situation en Libye. Il y a des questions géopolitiques très fortes dans ces régions-là. Pascaline Chappart
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A partir du moment où l’on confie la gestion d’un centre de détention à une entreprise privée qui recherche le profit, elle ne va pas avoir des préoccupations d’intérêt général et de respect des droits. Lydie Arbogast
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Extraits sonores :
- Témoignage d’un migrant ghanéen à Agadez (France 24, 09 septembre 2016)
- Le président Nigérien Mahamadou Issoufou sur la coopération entre l’Union Européenne et les pays africains (France 24, 04 juin 2018)
- Témoignage d’un ancien guide touristique à Agadez devenu passeur (Euronews, 7 août 2017)
- Témoignage anonyme d’une demandeuse d’asile nigériane ayant subi les pressions de G4S (Extrait du documentaire “Britain detained – Immigration Detention in the UK” de Ross Field, Videoblogg production, avril 2019)
- Accord Union européenne / Turquie 08-03-2016**,** Donald Tusk, président du conseil européen et Ahmet Davutoglu 1er ministre turc au moment de l’accord.
Extrait musical
- « Migrants » par Joe Pilgrim & The Ligerians (Label : Soul Nurse Records)
Une émission préparée par Margaux Leridon.
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