Allemagne : entre l’Est et l’Ouest, la frontière fantôme : épisode • 1/4 du podcast Entre séparation et réunification : des territoires désunis

Berlin, ancien emplacement du mur de Berlin, 5 octobre 2020 - un couple prend un selfie en face de l'oeuvre "My God, Help Me to Survive This Deadly Love" de Dimitri Vrubel
Berlin, ancien emplacement du mur de Berlin, 5 octobre 2020 - un couple prend un selfie en face de l'oeuvre "My God, Help Me to Survive This Deadly Love" de Dimitri Vrubel ©AFP - John Macdougall
Berlin, ancien emplacement du mur de Berlin, 5 octobre 2020 - un couple prend un selfie en face de l'oeuvre "My God, Help Me to Survive This Deadly Love" de Dimitri Vrubel ©AFP - John Macdougall
Berlin, ancien emplacement du mur de Berlin, 5 octobre 2020 - un couple prend un selfie en face de l'oeuvre "My God, Help Me to Survive This Deadly Love" de Dimitri Vrubel ©AFP - John Macdougall
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Trente ans après la réunification allemande, nous interrogeons les traces sociales, économiques, et mentales d'une frontière qui sépara RDA et RFA pendant plus de quarante ans.

Avec
  • Elisa Goudin-Steinmann Maîtresse de conférences en études germaniques à la Sorbonne Nouvelle et co-rédactrice du blog 'Regards sur la RDA et l’Allemagne de l’Est'
  • Emmanuel Droit Professeur d'histoire contemporaine à Sciences Po Strasbourg, et spécialiste de l’Histoire de l’Allemagne et notamment de la RDA
  • Melanie Stein Journaliste allemande

Le 3 octobre dernier, l’Allemagne célébrait les trente ans de sa réunification officielle, c’est à dire le moment où les 5 länders de l’ex-République démocratique allemande ont fait leur entrée dans la République fédérale d’Allemagne. Ce rendez-vous annuel est toujours l’occasion de mesurer l’avancement des choses et de regarder si, oui ou non, cette réunification est enfin parachevée.

Et en l’occurrence, force est de constater qu’il reste encore du chemin et que l’unité n’est pas encore totale. Pis, il semble même que les divisions se fassent plus ostentatoires et qu’un sentiment d’abandon, à l’Est, soit de plus en plus prégnant, le retour en force des termes Wessis et Ossis – désignant respectivement une personne provenant de l’ex RFA et de l’ex RDA – en étant l’une des illustrations.

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Un taux de chômage plus élevé qu’à l’Ouest, des niveaux de salaires moindres, un déclin démographique ; une frontière, pourtant physiquement et institutionnellement tombée, demeure bel et bien. Beaucoup des Allemands de l’Est se sentent « citoyens de seconde zone » (57% selon une récente étude), et, sur le plan politique, le vote pour l’extrême-droite (l’AfD) qui dépasse 20% dans certaines régions est perçu comme l’expression de leur frustration.

Trente ans après la réunification : que reste-t-il de cette « frontière fantôme » entre les deux parties de l’Allemagne ? Quels sont les obstacles qui rendent si difficile le parachèvement de ce processus ? Quelles conséquences politiques et quels risques pour une Allemagne qui doit relever de nombreux défis – dont celui de l’intégration des migrants, à qui le pays a choisi d’ouvrir ses portes ?

Une discussion en compagnie d'Emmanuel Droit, professeur d'histoire contemporaine à Sciences Po Strasbourg, et d'Elisa Goudin-Steinmann, Maîtresse de conférences en études germaniques à la Sorbonne Nouvelle et co-rédactrice du blog 'Regards sur la RDA et l’Allemagne de l’Est'.

L'économie est-allemande est davantage centrée sur la production aglicole et l'extraction de matières premières - par définition des choses qui ont moins de valeur ajoutée - donc la contribution au PIB y est nécessairement moindre. Plus globalement, il faudrait prendre des indicateurs plus durables, plutôt que des chiffres pernicieux, qui surmédiatisent cette fracture est-ouest. Elisa Goudin-Steinmann

On a une construction médiatique qui essentialise l'Allemand de l'est comme quelqu'un qui n'est jamais content et qui se plaint toujours des disparités avec l'Allemagne de l'Ouest.  Emmanuel Droit

Le Journal de l'histoire
5 min

Seconde partie - le focus du jour

Wir sind der Osten : donner une voix aux Est-Allemands

Avec Melanie Stein, journaliste allemande et initiatrice du projet Wir sind der Osten ("Nous sommes l'Est").

Nous avons constaté que la montée de l'extrême-droite en ex-RDA s'est accompagnée d'une tendance des médias à simplifier le jeu politique, en supposant que tous les jeunes se dirigent vers l'AfD.  C'est un problème pour notre démocratie : ce n'est jamais bon de mettre tout le monde dans le même panier - et il nous a paru nécessaire de donner une plateforme à ces jeunes pour qu'ils puissent exprimer leurs craintes et leurs espoirs. Melanie Stein

29 avril 2020, Leipzig, Allemagne - Une Trabant (voiture manufacturée en Allemagne de l'Est) portant le sigle 'DDR' ('Deutsche Demokratische Republik' - République démocratique allemande)
29 avril 2020, Leipzig, Allemagne - Une Trabant (voiture manufacturée en Allemagne de l'Est) portant le sigle 'DDR' ('Deutsche Demokratische Republik' - République démocratique allemande)
© Maxppp - Hendrik Schmidt/dpa-Zentralbild/ZB
Les Enjeux internationaux
11 min

Références sonores

- Le président allemand Frank-Walter Steinmeier déclare que l'Allemagne d'aujourd'hui est "la meilleure qui ait jamais existé" (Euronews, 03 octobre 2020)

- Extrait du court discours d’Angela Merkel à l’occasion des 30 ans de la réunification allemande (Vidéo de la chancellerie allemande, 03 octobre 2020)

- Dirk Schroller, Allemand de l’Est, a dû migrer vers l’Ouest pour retrouver du travail. Il témoigne de la difficile adaptation qui s’en est suivie (Radio Canada, 04 novembre 2019)

- En 1974, un jeune étudiant est-allemand explique l’enseignement du marxisme à la télévision française (Archive INA, 1974)

Références musicales

- « Das Spiel ist aus » de The Notwist (Label : Alien Transistor)

- « Berlin 36 » du groupe MDK (Label : The Maquis)

L'équipe