

Depuis le début de la pandémie, l’Allemagne se démarque de ses voisins par son relativement faible nombre de victimes du coronavirus. Si la décentralisation des pouvoir semblait adéquate au printemps 2020, Angela Merkel a pourtant dû compenser les faiblesses de ce système face à la seconde vague.
- Yohann Aucante Politiste, maître de conférences à l’EHESS et chercheur au CESPRA, spécialiste de la Scandinavie
- Thomas Wieder journaliste, correspondant du journal Le Monde à Berlin
- Hélène Miard-Delacroix Professeure d'histoire et de civilisation de l'Allemagne contemporaine à Sorbonne Université
Depuis le début de la pandémie, l’Allemagne se démarque de ses voisins européens par un niveau relativement faible de victimes du coronavirus (un peu plus de 11 000 décès sur 83 millions d’habitants) à tel point, d’ailleurs, que la France – beaucoup plus touchée – y envoie maintenant des malades pour soulager ses hôpitaux.
Mais si l'on a voulu voir dans cette spécificité une forme de couronnement du modèle allemand, fédéral et décentralisé, les choses ne sont peut-être pas si simples.
En effet, face à la deuxième vague, Angela Merkel a annoncé le 28 octobre 2020 des mesures restrictives pour tout le mois de novembre : fermeture des bars et restaurants à partir de 23h dans les zones à risques, et un élargissement du port du masque - preuve que la seconde vague inquiète fortement de l'autre côté du Rhin.
Mais c’est aussi bien moins que ce qu’elle aurait souhaité : derrière ce nouveau plan d’« effort national », se cache aussi la plus grande difficulté à construire du consensus avec les différents Länder, comme on l’a vu lors d'un « sommet Corona », le 14 octobre dernier, duquel aucun accord n’a pu sortir tant les ministres-présidents se sont accrochés à leurs prérogatives en matière de sécurité et de santé. Merkel s’était d’ailleurs frustrée et désabusée face à cette incapacité à réconcilier des positions trop disparates.
Le système fédéral allemand serait-il, dans cette crise, en train de montrer ses limites ? Angela Merkel parviendra-t-elle à reprendre la main alors qu’une seconde vague déferle sur l’ensemble de l’Europe ? D’une vague à l’autre, quels sont les facteurs qui peuvent expliquer que l’Allemagne ait été moins touchée que le reste de l’Europe ?
Une discussion en compagnie de Thomas Wieder, journaliste, correspondant du journal Le Monde à Berlin, et d'Hélène Miard-Delacroix, Professeure d'histoire et de civilisation de l'Allemagne contemporaine à Sorbonne Université.
L'Allemagne est un pays qui aime le droit. La question de l'égalité de traitement des citoyens et la question du respect des droits fondamentaux est absolument dominante. Et cela pose un problème dans les décisions au niveau régional qui ont été prises par les tribunaux - vu que cela rentre en contradiction avec cette idée d'égalité de traitement des citoyens allemands. Hélène Miard-Delacroix
Angela Merkel est physicienne, et comprend peut-être mieux que tous la science derrière l'évolution de l'épidémie. On l'a notamment vue présenter en conférence un modèle épidémiologique qu'elle avait elle-même réalisé - et c'est un élément qui explique, aujourd'hui, sa crédibilité : elle tente de désidéologiser les choses en tant que politique mais aussi en tant que scientifique. Thomas Wieder
Seconde partie - le focus du jour
Le modèle suédois à l'épreuve de la seconde vague
Avec Yohann Aucante, Politiste et maître de conférences à l’EHESS, spécialiste de la Scandinavie.
En Suède, on s'inquiète, mais en gardant un certain phlegme. Le politique semble très en retrait, on fait confiance aux agences sanitaires qui ont beaucoup de pouvoir quand le gouvernement central en a relativement peu. Celles-ci se contentent de recommandations, et cela a été reproché au moment du pic de l'épidémie. Yohann Aucante

Références sonores
- Angela Merkel s’exprime, le 24.10.20, au sujet de la gestion nationale du coronavirus (source : bureau de la Chancelière)
- Markus Söder, membre de l'Union chrétienne-sociale en Bavière (CSU) et actuellement ministre-président de Bavière, sur la volonté de faire face au coronavirus (sur Twitter le 02.11.2020)
Référence musicale
‘’ Mach die kurve flach ‘’ par Maxim Noise (Label : Maximnoise Music )
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