Biélorussie : faire entendre l’Europe face au Kremlin : épisode 3/4 du podcast Rentrée diplomatique : la France à la manœuvre

Alexandre Loukachenko s'adresse à ses soutiens, le 16 août 2020, à Minsk.
Alexandre Loukachenko s'adresse à ses soutiens, le 16 août 2020, à Minsk.  ©AFP - SIARHEI LESKIEC / AFP
Alexandre Loukachenko s'adresse à ses soutiens, le 16 août 2020, à Minsk. ©AFP - SIARHEI LESKIEC / AFP
Alexandre Loukachenko s'adresse à ses soutiens, le 16 août 2020, à Minsk. ©AFP - SIARHEI LESKIEC / AFP
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Près de deux semaines après la réélection contestée du président biélorusse Alexandre Loukachenko, les rues de Minsk ne désemplissent pas. Un dirigeant dont le refus de dialogue a également provoqué les condamnations de la communauté internationale, à commencer par ses voisins européens.

Avec
  • Florent Parmentier Secrétaire général du CEVIPOF/ Sciences Po, chercheur associé au Centre de géopolitique de HEC.
  • Olga Gille-Belova Maître de Conférences au Département d'Etudes Slaves de l'Université Michel de Montaigne Bordeaux 3.
  • Michel Eltchaninoff Rédacteur en chef de Philosophie Magazine, agrégé et docteur en philosophie, il est spécialisé en phénoménologie et en philosophie russe.

C’est une vague de contestations sans précédent qui déferle sur la Biélorussie depuis près de trois semaines. Ce week-end encore, vêtus de blanc et de rouge, ils étaient des dizaines de milliers dans les rues de Minsk et d’autres villes du pays à protester contre la réélection, le 9 août dernier, du Président Alexandre Loukachenko. Un président prétendument réélu pour la sixième fois avec 80% des voix, et face à l’égérie de l’opposition - désormais réfugiée à Vilnius - Svetlana Tsikhanovskaïa.

Face à la gronde, l’autocrate, au pouvoir depuis 1994, a fait le choix de la fermeté et de la répression, ordonnant des arrestations en série, et multipliant les démonstrations de force comme en témoigne une vidéo, postée dimanche dernier, où il s’affiche en gilet pare-balles et armé d’un fusil d’assaut.

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Du côté de la communauté internationale, les condamnations se succèdent, notamment du côté de l’Europe : le président Macron qui, le 20 août dernier, recevait la chancelière allemande au Fort de Brégançon, exprimait sa « plus vive inquiétude », et proposait une médiation de l'UE en Biélorussie.

Comment pourrait évoluer la situation en Biélorussie ? Faudrait-il craindre un scénario « à l’ukrainienne » ? Comment l’Europe et la France peuvent-elles faire entendre leurs voix dans ce dossier ?

Comment Vladimir Poutine entend-il peser dans cette crise ? Et quelles alternatives au pouvoir en place, quel chemin prendre pour la Biélorussie de demain, écartelée entre le voisin russe et l’Union Européenne ?

Loukachenko a été élu il y a 26 ans. Et à l’époque, il avait une forme de capital social, il était très populaire avec cette population un peu nostalgique de l’Union Soviétique qui était en accord avec le programme social, économique et politique qu’il proposait. Mais, en l’espace de 26 ans, la société biélorusse a profondément changé. Et cette mobilisation, c’est le reflet de ces changements. Olga Gille-Belova

La crise ukrainienne a été un grand changement géopolitique dans la région, et aujourd’hui personne ne veut avoir affaire au même type de situation : c’est pour cela que les acteurs extérieurs restent prudents vis-à-vis de la Biélorussie. Mais, par ailleurs, la Russie possède d’autres moyens d’intervenir sans action militaire – c’est ce qu’on appelle aujourd’hui les « moyens hybrides » d’intervention. Olga Gille-Belova

L’avantage, pour l’instant, de Mme Tikhanovskaïa, c’est que c’est une candidate à laquelle on peut difficilement opposer quelque chose. Le fait de refaire des élections est extrêmement populaire pour la bonne et simple raison que ce que demandent la majorité des manifestants, c’est davantage d’Etat de droit. Florent Parmentier

Les Enjeux internationaux
11 min

On rentre, pour le cas de Navalny, dans une sorte de « boîte noire ». C’est-à-dire qu’il est très difficile de mener une enquête indépendante en Russie, puisque la justice est instrumentalisée, que le pouvoir politique va dire que le crime profite aux opposants de Poutine – bref, toutes sortes de contre-feux vont être allumés. Michel Eltchaninoff

Extraits sonores

- Une manifestante lors de la manifestation du 16 août dernier à Minsk exprime son besoin de liberté, comme dans les autres pays européens (Euronews, 17 août 2020)

- Extrait de la conférence de presse d’Emmanuel Macron au fort de Brégançon, durant laquelle le président français a évoqué la situation en Biélorussie et l’action que devrait jouer l’Union européenne (France 24, 20 août 2020)

- Helena, jeune Biélorusse de 28 ans, lors de la manifestation de dimanche 23 août à Minsk, contre le pouvoir en place (France Culture, 24 août 2020)

- Sergueï Lavrov à propos de Svetlana Tikhanovskaya s’interroge sur l’influence de l’Occident à son propos (Arte, 23 août 2020)

- Lors de la même conférence de presse au fort de Brégançon, le 20 août dernier, Angela Merkel s’exprime au sujet du cas d’Alexeï Navalny (Elysée, vidéo officielle, 20 août 2020)

Extraits musicaux

- « The Crow territory » de Pantha du Prince (label : BMG)

- « Razburi Turmi Muri » (Détruire les murs des prisons), musique phare du mouvement de contestations biélorusse

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