

Pour « remettre de l’ordre » dans son pays, Jair Bolsonaro place des militaires au gouvernement et défend les policiers qui appuient facilement sur la gâchette. Alors, comment interpréter l’arrivée au pouvoir d’un nostalgique de la dictature militaire ? Quels liens entretient-il avec l'armée ?
- Florencia Dansilio Chercheuse en sociologie, membre du CREDA (Centre de recherche et de documentation sur l'Amérique latine) à Paris 3
- Damien Larrouqué Membre de l’Observatoire politique de l’Amérique latine et des Caraïbes, docteur associé au CERI Science Po, spécialiste de l’Uruguay et du Paraguay
- Maud Chirio Historienne
« L'erreur de la dictature a été de torturer sans tuer » avait déclaré Jair Bolsonaro au micro d’une radio brésilienne en 2016. Deux ans plus tard, le 28 octobre 2018, cet ancien militaire de réserve, qui a longtemps été député fédéral à Rio, est élu à la tête du Brésil, grâce à une campagne marquée par un discours sécuritaire.
Le président d’extrême droite ne s’en cache pas : il ne considère pas la dictature militaire comme un chapitre sombre de l’histoire de son pays, bien au contraire.
Il n’hésite pas à rendre hommage au tortionnaire Carlos Alberto Brilhante Ustra, le premier responsable militaire à être condamné par un tribunal civil à Sao Paulo en 2008. Et pour « remettre de l’ordre » dans son pays, comme il l’a promis lors de son discours d’investiture en janvier 2019, il place des militaires au gouvernement et défend les policiers à la gâchette facile.
Alors, comment interpréter l’arrivée au pouvoir d’un nostalgique de la dictature ? Quels liens Jair Bolsonaro entretient-il aujourd’hui avec l’armée ? Pourquoi l’héroïsation de la junte militaire et le retour des militaires au pouvoir ne choque pas la société civile ?
Et enfin, que dit ce regain du militarisme de la perception que les Brésiliens ont de ce passé ?
Au Brésil, il y a une tutelle militaire sur les principales décisions politiques de la vie du pays. Maud Chirio
A trop regarder Bolsonaro, on oublie le bolsonarisme. Le problème n’est pas l’existence d’un personnages comme celui-là mais d’avoir des millions de personnes qui votent pour lui, alors qu’il ne cache pas ses opinions politiques. Maud Chirio
Le modèle d’une dictature à l’ancienne est l’impossible au Brésil, mais le fait que cela devienne un régime répressif, cela est une réalité . Maud Chirio
A propos de l'Uruguay
Il y a un glissement général du panorama politique en Uruguay vers la droite. Florencia Dansilio
Il y a une perception de l’insécurité qui dépasse la situation réelle en Uruguay Florencia Dansilio
A propos du Paraguay
L'arrivée au pouvoir d'Abdo Mario Benitez montre bien que le Paraguay a négocié sa transition démocratique, qui, il faut le reconnaître a été convulsive. Damien Larrouqué
Les militaires sont totalement inféodés au pouvoir civil, donc de ce point de vue là on ne peut pas parler de menace militaire au Paraguay. Damien Larrouqué
Extraits sonores :
- Hommage de Jair Boslonaro au colonel Ustra en 2016 (Le Figaro, 2016)
- Témoignage d’Helena Nunes, une victime de la dictature, qui était pour le président Lula lors de la dernière campagne électorale (Arte, 1er novembre 2018)
- Le major Brito, directeur d’un collège public militaire, s’exprime au sujet de la dictature et la considère comme une période bénie + Jair Bolsonaro lors d’une inauguration d’un collège militaire portant le nom de son père (Extrait du documentaire « Brésil, les petits soldats de Bolsonaro » d’Hugo van Offel, Arte reportage, 22 mars 2019)
- Archive INA, extrait d’un reportage de Jacques Alexandre couvrant le coup d’Etat militaire au Brésil en avril 1964 (ORTF, 04 avril 1964, numéro de notice : CAF96061269)
- Guido Manini Rios à propos du régime militaire qui ne serait pas « anti-démocratique » (Montevideo Portal, 26 juillet 2019)
- Extrait du discours de Mario Abdo Benitez au soir de sa victoire à la présidentielle d’avril 2018 (Euronews, 22 avril 2018)
Extraits musicaux :
- Musique en tapis : « Suna no Ue » de The First Ants (label : Tropical Twista records)
- Musique de fin : « Brasil patriota » tiré du dernier disque de Lucas Santtana, une réponse tout en douceur à la brutalité du régime de Bolsonaro (label : No Format)
Retrouvez les musiques diffusées dans l'émission sur notre playlist Soundsgood à télécharger sur Spotify, Deezer, Youtube, Napster :
Une émission préparée par Hélaine Lefrancois et Rosalie Suc.
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