Ce qu’il reste du sionisme : épisode 3/4 du podcast Israël, portrait en clair-obscur

Des touristes visitent "Le musée du Hall de l'Indépendance", la maison à Tel Aviv où David Ben-Gourion, premier Premier ministre d'Israël, a déclaré la création d'Israël il y a 70 ans, le 3 mai 2018.
Des touristes visitent "Le musée du Hall de l'Indépendance", la maison à Tel Aviv où David Ben-Gourion, premier Premier ministre d'Israël, a déclaré la création d'Israël il y a 70 ans, le 3 mai 2018. ©AFP - JACK GUEZ
Des touristes visitent "Le musée du Hall de l'Indépendance", la maison à Tel Aviv où David Ben-Gourion, premier Premier ministre d'Israël, a déclaré la création d'Israël il y a 70 ans, le 3 mai 2018. ©AFP - JACK GUEZ
Des touristes visitent "Le musée du Hall de l'Indépendance", la maison à Tel Aviv où David Ben-Gourion, premier Premier ministre d'Israël, a déclaré la création d'Israël il y a 70 ans, le 3 mai 2018. ©AFP - JACK GUEZ
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Le sionisme reste l'idéologie de référence, à la création de l’État d’Israël. Les interprétations actuelles cristallisent les débats sur sa nature et ses frontières. La loi de 2018 « Israël, État-nation du peuple juif » sanctuarise le particularisme, sans tenir compte des réalités démographiques.

Avec
  • Célia Belin politologue, spécialiste de la politique étrangère des Etats-Unis, chercheuse invitée à la Brookings Institution à Washington
  • Jean-Pierre Filiu Professeur des universités en histoire du Moyen-Orient contemporain
  • Denis Charbit Spécialiste du sionisme, et professeur de sciences politiques à la Faculté des Sciences humaines de l'Open University d'Israël

En février dernier, le Fonds national juif, Keren Kayemeth LeIsrael, votait l’allocation de plus de 11 millions de dollars pour l’achat de terres en Cisjordanie. Un séisme politique et idéologique pour cette organisation qui contribua à la création du tout premier Kibboutz en 1909. Ces petites boîtes bleues destinées à récolter les fonds de la diaspora pour racheter des terres et favoriser l’immigration et l’intégration des pionniers sont restées célèbres. En effet, après la création de l’État d’Israël en 1948, cet outil central du sionisme originel se mua et concentra l’essentiel de ses efforts sur le reboisement et l’aménagement du territoire. Or, il se peut que le Fonds national juif devienne prochainement un acteur de la colonisation des territoires occupés palestiniens. 

Comment comprendre cette évolution ? Que nous dit-elle de  l’évolution du sionisme au cours du temps ? Quelle vision le Premier ministre Netanyahou a-t-il du sionisme ? En 2018, la Knesset avait adopté un nouveau texte baptisé « Israël, État-nation du peuple juif. Qu’est-ce que cette loi fondamentale nous dit de la conception du projet national juif propre à l'exécutif ?

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En 2018, lors de l’adoption de la loi État-nation du peuple juif, des voix se sont élevées à l’international mais également beaucoup de voix israéliennes qui disaient que Ben Gourion, le fondateur, ne se serait pas reconnu dans ce texte de loi. Lui, qui avait bien garder de trancher entre les différents mouvements du sionisme, dans un souci de pluralité. C’est pourquoi il n’avait pas poussé à l’adoption d’une constitution qui aurait sans doute opposé les religieux et les laïques. Jean-Pierre Filiu

La guerre des six jours et l’occupation des territoires va donner une dynamique positive. Cela permet de trouver une résolution équitable et honorable sous la forme d’un État Palestinien à côté d’Israël. C'est la possibilité pour le centre et la gauche de résoudre le conflit. Occuper un territoire puis se retirer, c’était la logique d’Oslo, sans entrer dans le détail de pourquoi cela à échoué. Mais depuis, Israël n’est pas convaincu du choix des Palestiniens, entre le droit du retour et le droit d’une indépendance. Denis Charbit

Seconde partie - le focus du jour

Le pasteur sioniste John Hagee lors de l’inauguration de l’ambassade américaine à Jérusalem

Lors de l’inauguration de l’ambassade américaine à Jérusalem en 2018, le président Donald Trump avait convié le pasteur pentecôtiste John Hagee a prononcer une bénédiction. Cette invitation avait conforté l’analyse de ceux qui voyaient dans le transfert de la représentation diplomatique vers la ville sainte un cadeau de l’ancien chef d’État aux sionistes chrétiens. Pour ces protestants évangéliques, le « retour » des Juifs en Israël répond à la volonté de Dieu. Très influents aux États-Unis, ils ont une vision du sionisme souvent plus maximaliste que celle de Juifs américains, voire que celle des Israéliens. John Hagee, qui a contribué à fonder le lobby « Christians United for Israel », est l’un de leurs représentants emblématiques. 

Dans les échanges entre sionistes-chrétiens et Israël, il y a le soutien politique avec les lobbies chrétiens-sionistes qui sont installés à Washington et poussent le gouvernement fédéral et la présidence à prendre des décisions. Puis, il y a également un soutien matériel sur place avec, par exemple, l’International Christian Embassy Jerusalem créé en 1980, qui sponsorise les juifs du monde entier pour faire leur Alya. Célia Belin

L'évêque évangélique américain John Hagee s'exprime lors d'une réunion avec le président brésilien Jair Bolsonaro et des leaders évangéliques à Rio de Janeiro, au Brésil, le 11 avril 2019.
L'évêque évangélique américain John Hagee s'exprime lors d'une réunion avec le président brésilien Jair Bolsonaro et des leaders évangéliques à Rio de Janeiro, au Brésil, le 11 avril 2019.
© AFP - Mauro Pimentel

Une émission préparée par Margaux Leridon. 

Références sonores

  • Calev  Ben-David, présentateur d’I24, expliquant l’achat de terres en  Cisjordanie par le Fond national Juif + réaction critique du rabbin et député travailliste Gilad Kariv, également membre du Conseil  d’administration de l’Organisation sioniste mondiale (I24, 16 février  2021)
  • Extrait  d’une déclaration de Benyamin Netanyahu en juillet 2018 à propos de la  loi sur l’État-nation qui vise à garantir le caractère juif de l’État  d’Israël (I24, 19 juillet 2018)
  • Extrait du discours de Ben Gourion lors de la proclamation de l’indépendance de l’État d’Israël le 14 mai 1948
  • Extrait  du discours du pasteur sioniste John Hagee lors de l’inauguration de l’ambassade américaine à Jérusalem en mai 2018 (Hagee ministries, 14 mai  2018)

Références musicales 

  • « Plus in tacet » de Pantha du Prince (Label : BMG)
  • « בחורות יפות » de la chanteuse israëlienne Nomke (autoproduit)

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