Chang Weiping : symbole de la croisade de Pékin contre les avocats : épisode • 3/4 du podcast Prisonniers politiques

Policiers devant des messages de soutiens à l’avocat des droits humains Wang Quanzhang et au premier « cyber-dissident » chinois Huang Qi le 29 janvier 2019.
Policiers devant des messages de soutiens à l’avocat des droits humains Wang Quanzhang et au premier « cyber-dissident » chinois Huang Qi le 29 janvier 2019. ©AFP - Anthony WALLACE
Policiers devant des messages de soutiens à l’avocat des droits humains Wang Quanzhang et au premier « cyber-dissident » chinois Huang Qi le 29 janvier 2019. ©AFP - Anthony WALLACE
Policiers devant des messages de soutiens à l’avocat des droits humains Wang Quanzhang et au premier « cyber-dissident » chinois Huang Qi le 29 janvier 2019. ©AFP - Anthony WALLACE
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Placé en « résidence surveillé dans un lieu désigné » depuis un an, Chang Weiping est le symbole de la répression mené par le pouvoir de Pékin contre les avocats.

Avec
  • Raphaël Viana David Responsable du programme Asie au Service International pour les Droits de l’Homme (ISHR)
  • Judith Bout Spécialiste de la Chine et biographe de Zhang Sizhi, qui a refondé la profession d’avocat en Chine
  • Jean-Louis Rocca Professeur à Sciences Po et chercheur au CERI

C’est à la suite de la diffusion en ligne de cette vidéo, dans laquelle il détaillait ses conditions de détention lors de son premier placement en « résidence surveillé dans un lieu désigné », que l’avocat Chang Weiping a disparu à nouveau, il y a un an. Défenseur des victimes d’expulsions forcées et de discriminations diverses, il faisait partie de ces avocats qui tentent de continuer à faire usage du droit chinois pour défendre les droits humains. Loin d’être de dangereux contestataires désireux de bouleverser les règles, ces juristes essaient simplement de les faire appliquer, dans un pays qui continue de se présenter sur la scène internationale comme un Etat de droit. Mais dans un contexte de reprise en main de toutes les sphères de l’Etat par le parti communiste, leur démarche fait l’objet d’une répression constante. Si tous les avocats ne sont pas arrêtés comme Chang Weiping, nombreux sont ceux qui se voient retirer leurs licences professionnelles à la suite d’un harcèlement administratif savamment orchestré. Et ceux qui se risquent à défendre devant les tribunaux leurs confrères emprisonnés ou radiés sont souvent les suivants sur la liste. 

En quoi le parcours de Chang Weiping et la répression dont il fait l’objet sont-ils symptomatiques du mouvement de recul des libertés engagé en Chine depuis l’arrivée de Xi Jinping ? Pourquoi un tel acharnement sur le métier d’avocat en particulier ? Comment celui-ci a-t-il évolué au cours des dernières années ? 

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Pour beaucoup d’avocats, quand la RSDL [résidence surveillée dans un lieu désigné] a été adoptée en 2012, cela ne faisait qu’inscrire dans le droit chinois une pratique existante d’interrogatoire de police corsée dans des lieux illégaux afin d’extraire des aveux. Raphaël Viana David

[A l’époque où Zhang Sizhi est devenu avocat], les avocats sont choisis car, en général, ce sont de bons experts juridiques, mais en revanche ils ne sont pas fiables du point de vue politique. Alors qu’il était juge au tribunal de Pékin, Zhang Sizhi a été rétrogradé au niveau d’avocat. Judith Bout

Florian Delorme reçoit Raphaël Viana David, responsable du programme Asie au Service International pour les Droits de l’Homme (ISHR) et Judith Bout, biographe de Zhang Sizhi, qui a refondé la profession d’avocat en Chine.

Seconde partie : le focus du jour

Zhang Zhan, la lanceuse d’alerte de Wuhan

Un activiste devant le Bureau de Liaison chinois à Honk-Kong le 28 décembre 2020 appelant à la libération d’activistes hongkongais et de Zhang Zan.
Un activiste devant le Bureau de Liaison chinois à Honk-Kong le 28 décembre 2020 appelant à la libération d’activistes hongkongais et de Zhang Zan.
© AFP - Peter PARKS

Comme Chang Weiping, Zhang Zhan s’est vu retirer sa licence d’avocate à la suite de ses activités en lien avec la défense des droits humains. En cause notamment, sa défense de militants pro-démocraties à Hongkong, qui lui avait coûté deux mois de prison en 2019. Faute de pouvoir continuer à plaider, c’est en tant que « journaliste citoyenne » que la trentenaire a poursuivi son engagement. Début 2020, elle a ainsi réussi à se rendre à Wuhan, et à en filmer les hôpitaux débordés. Pour ces images, elle a été condamnée à quatre ans d’incarcération. 

La contestation sociale est acceptée en Chine à partir du moment où elle critique une politique ou une situation extrêmement concrète. Mais dès qu’on se met à critiquer le régime en disant qu’il faudrait un autre régime pour la Chine, le couperet tombe. Jean-Louis Rocca

Avec Jean-Louis Rocca, professeur à Sciences Po et chercheur au CERI.

Références sonores

  • Vidéo de Chang Weiping à propos de sa première arrestation qui lui a valu sa deuxième arrestation (Video press, octobre 2020)
  • En juillet 2015, des rafles inédites visaient 130 avocats chinois des droits de l’homme. En janvier suivant, Li Wenzu, l’épouse de l’un d’entre eux et Yu Wansheng, son avocat témoignaient du secret dans lequel le détenu était gardé (AFP, 08 janvier 2016)
  • Extrait d’une vidéo de Zhang Zhan où elle explique sa démarche de lanceuse d’alerte à Wuhan au début de la crise du Covid (France Info, mars 2020)
  • Interview de Jean-Louis Rocca par Florian Delorme (durée : 8’09)
  • Témoignage de Maître Zhang, l’avocat Bande des Quatre et de dissidents chinois en 2013 au micro de Mélanie Chalandon (Extrait du Grain à moudre diffusé sur France Culture le 24 septembre 2013)

Références musicales

  • « Silk » de Christian Löffler (Label : Ki records)
  • « 遥遥寄微入远方 » du chanteur 岜農 眾山歌手 provenant de la ville de Hechi dans le nord de la région autonome du Guangxi (Label : autoproduit)

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