De l’Égypte au Maroc : peur sur les prix : épisode 3/4 du podcast Monde arabe : un ramadan 2022 sous tension

Un égyptien vend du pain sur le marché du Caire
Un égyptien vend du pain sur le marché du Caire ©AFP - Khaled DESOUKI
Un égyptien vend du pain sur le marché du Caire ©AFP - Khaled DESOUKI
Un égyptien vend du pain sur le marché du Caire ©AFP - Khaled DESOUKI
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Fortement dépendante des importations de blé en provenance de Russie et d'Ukraine, l'économie égyptienne subit de plein fouet la flambée des prix provoquée par la guerre. Un conflit qui impacte également le Maroc à travers la hausse des prix de l'énergie. Quel risque d'embrasement social ?

Avec
  • Ishac Diwan Professeur à la Chaire socio-économie du Monde Arabe à Paris Sciences et Lettres.
  • Marc Lavergne Géopolitologue, directeur de recherche au CNRS et à l'Université de Tours
  • Oumayma Ajarrai Fondatrice du site Onorient

Alors que la population égyptienne était déjà dans une situation sociale difficile, la guerre en Ukraine est venue infliger un nouveau choc. En effet, pour le pays, très dépendant des importations de céréales pour produire son pain, base de l’alimentation en partie subventionnée, l’Ukraine et la Russie constituent un indispensable grenier à blé. Par ailleurs, au-delà de cette menace alimentaire, le conflit risque également de pénaliser lourdement le tourisme, en privant les stations balnéaires de la mer Rouge de leurs visiteurs Russes et Ukrainiens. Une manne financière pourtant essentielle pour le pays. La crainte de ces répercussions économiques s’est imposée au sommet de l’État, et son président al-Sissi s’est donc tourné vers le FMI pour obtenir un nouveau prêt, mais également vers ses voisins du golfe, l’Arabie Saoudite et le Qatar. De nouveaux emprunts qui viennent s’ajouter à d’autres, accumulés depuis des années, et qui laissent planer le risque d’un défaut de paiement. Cette nouvelle crise vient ainsi illustrer les fragilités structurelles de l’économie égyptienne, dont des pans entiers sont soumis à la mainmise de l’armée.

Les nouvelles aides accordées par des bailleurs internationaux à l’Égypte suffiront-elles à endiguer les risques de crise économique induits par la guerre en Ukraine ? Quelles réformes structurelles seraient nécessaires pour sortir de ce cercle vicieux de l’endettement, et pourquoi le pays n’est-il pas parvenu à les mener ? Dans quelle mesure la situation actuelle présente-t-elle un risque d’embrasement social ?

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Florian Delorme reçoit Ishac Diwan, directeur de la Chaire Socio-économie du monde arabe à l’Université Paris Sciences & Lettres (PSL) et Marc Lavergne, directeur de recherche CNRS à l’Université de Tours.

"La pauvreté a beaucoup augmenté en Egypte, et il n’existe aucun espace politique pour exprimer son mécontentement. On ne peut pas dégonfler la colère populaire qui risque à tout moment d’exploser" observe Ishac Diwan.

"Les gouvernants de l’Egypte n’ont pas conscience de la situation actuelle de leur société. Les secteurs de l’éducation et de la santé sont en ruine sans que les élites, qui ont leur système privé parallèle, ne se rendent compte de l’état réel de l’économie du pays" explique Marc Lavergne.

Seconde partie : le focus du jour

Maroc : importations et subventions, dangereux cocktails en temps de crise

Des marocains manifestent contre la montée des prix à Rabat le 20 février 2022
Des marocains manifestent contre la montée des prix à Rabat le 20 février 2022
© AFP - STR

Pour le Maroc, très dépendant de ses importations d’énergie et de denrées alimentaires, la hausse des cours de ces deux ressources sur les marchés mondiaux du fait de la guerre en Ukraine s’annonce critique. D’autant que l’économie du pays, pas complètement remise de la crise du Covid-19, se trouvait en outre déjà fragilisée par une grave sécheresse.

Avec Oumayma Bourhriba, économiste au Policy Center for the New South à Rabat

"Le Maroc compte parmi les pays africains les plus exposés à la flambée des prix causée par la guerre en Ukraine car il importe plus de 80% de son énergie et le blé constitue la base de son système alimentaire" analyse Oumayma Bourhriba.

Références sonores

  • Ahmed Ali, habitant du Caire sur la hausse des prix (CGTN, Afrique Infos, mars 2022)
  • Mira, Habitante du Caire (France 24, janvier 2021)
  • La flambée des prix sur un marché au Maroc  (France 24, 26 mars 2022)

Références musicales

  • Roman Flügel – Cluttered homes
  • Hamid al Shaeri – Dari Demou’ek

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