De Madrid à Beyrouth : combattre les violences sexistes   : épisode 3/4 du podcast Femmes en lutte !

Madrid le 4 mai 2018, manifestation après que "La Manada", accusée d’avoir violé en groupe une femme, aient été condamnée à neufs ans de prison pour « abus sexuel », évitant l’accusation pour viol.
Madrid le 4 mai 2018, manifestation après que "La Manada", accusée d’avoir violé en groupe une femme, aient été condamnée à neufs ans de prison pour « abus sexuel », évitant l’accusation pour viol.  ©AFP - GABRIEL BOUYS
Madrid le 4 mai 2018, manifestation après que "La Manada", accusée d’avoir violé en groupe une femme, aient été condamnée à neufs ans de prison pour « abus sexuel », évitant l’accusation pour viol. ©AFP - GABRIEL BOUYS
Madrid le 4 mai 2018, manifestation après que "La Manada", accusée d’avoir violé en groupe une femme, aient été condamnée à neufs ans de prison pour « abus sexuel », évitant l’accusation pour viol. ©AFP - GABRIEL BOUYS
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Dans les violences faites aux femmes, la justice joue un rôle protecteur fondamental. En 2004, l'Espagne adoptait la loi contre les violences de genre, qui prend en compte la responsabilité de la société. Comment un pays marqué par le patriarcat et le catholicisme en est-il arrivé à cette loi ?

Avec
  • Nada Saleh Anid fondatrice de l’ONG Madanyat et autrice
  • Karine Bergès maitresse de conférence en civilisation espagnole contemporaine à l’université de Cergy-Pontoise.
  • Anne-Claire Sanz-Gavillon docteur en études hispanistes et études de genre à l’Université Paris 8

Si les violences faites aux femmes sont un fléau planétaire qui n’épargne aucune société, force est de constater que certains pays se donnent plus les moyens que d’autres de tenter d’y mettre fin. 

En 2004, le Parlement espagnol adoptait une loi considérée aujourd’hui comme une référence non seulement en Espagne mais aussi à l’étranger. Présentée par le gouvernement socialiste de l’époque de Jose Luis Zapatero la « Loi organique de mesures de protection intégrale contre les violences de genre » apparait comme un véritable tournant.
Le texte prévoit la création de tribunaux spéciaux, formation des juges et des magistrats et des dispositifs d’accueil pour les femmes victimes. Non seulement la loi reconnait la responsabilité de la société dans les violences faites aux femmes mais surtout elle tente de s’attaquer à toutes les dimensions du problème. Depuis, d’autres dispositifs sont venus la compléter tels que le bracelet électronique dit "anti-rapprochement" ou encore un texte sur le consentement. 

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Alors, comment le pays, longtemps marqué par une culture patriarcale et catholique, est-il devenu l’un des pays les plus à la pointe de la lutte contre les violences faites aux femmes ? Comment les violences conjugales sont-elles parvenues à sortir de la sphère domestique pour devenir un problème politique ?

En quoi la mobilisation des mouvements féministes – qui ont connu un vrai renouveau ces dernières années en Espagne - a-t-elle été décisive ? 

Avec Karine Bergès, professeur des universités en Histoire et culture de l'Espagne contemporaine à Paris Est Créteil et Anne-Claire Sanz-Gavillon, politiste, maitresse de conférences à l'Université de Rouen-Normandie et membre du laboratoire ERIAC.

En 2017, le Parti populaire annonce le Pacto de Estado qui marque un ancrage du travail fait par la société civile et les féministes. Ce n'est plus uniquement du "politiquement correct" de contester la violence de genre et sa gravité. C'est un moyen d'inscrire cette lutte dans le temps long et ne pas la soumettre aux aléas gouvernementaux et conjoncturels. Anne-Claire Sanz-Gavillon

Cette loi de 2004, pionnière en la matière, a eu un premier effet qui est de sortir les violences de la sphère domestique, de l’intime, du personnel pour donner à ce fléau une dimension politique. Karine Bergès

Seconde partie - le focus du jour

Loi anti-harcèlement au Liban, une résolution plus qu’une révolution

Le 21 décembre 2020, le Parlement libanais a voté une loi « anti-harcèlement », criminalisant le harcèlement sexuel notamment sur le lieu de travail. Néanmoins les ONG telles que Legal Agenda et les militantes et militants déplorent des manquements.

En quoi cette loi perçue comme une avancée à l’international, est-elle considérée comme une avancée peu satisfaisante par les mouvements féministes au Liban ?

Une conversation en compagnie de Nada Saleh Anid, fondatrice de l’ONG Madanyat et autrice.

La loi anti-harcèlement fait appel au "principe de pudeur", ce qui perpétue la représentation des femmes et des stéréotypes. Nada Saleh Anid

Une émission préparée par Mélanie Chalandon et Albane Barrau. 

Références sonores 

  • Extrait d’une audience rendue par la juge Maria Jesus Lopez Chacon et par le juge spécialisée à la Cour pénale Borja Valencia dans un des 106 tribunaux spécialisés traitant des cas de violences conjugales relatives aux femmes (France 24, 23 novembre 2018)
  • Mea culpa de la journaliste Irma Soriano qui, le lendemain de l’assassinat d’Ana Orantes, se demande dans son émission « De tarde en tarde » qui est responsable de cette mort et en quoi la société a échoué à la protéger. Elle l’avait invité à venir témoigner de ses violences subies 13 jours avant sur son plateau (Canal Sur, 17 décembre 1997)
  • Réquisitoire de la procureure Isabel Rodriguez de la Cour suprême qui a permis la requalification des faits « en viol » dans le cadre de l’affaire dite de « la Meute » en juin 2019 (RTBF, 21 juin 2019)
  • Deux militants de Vox critiquent la loi contre les violences faites aux femmes en marge d’un meeting à Pamplune, l’un des fiefs du féminisme en Espagne (Arte, reportage de Marie Bolinches et Johann Prod’homme, 09 février 2019)
  • Depuis la mi-décembre, le clip de la jeune star libanaise Rémie AKL est devenu viral. Elle y dénonce le harcèlement subi par les femmes surnommées « Baklava » dans la rue par les hommes.

Références musicales 

  • « Pale skin » de Christian Löffler (Label : Ki records)
  • « El Roce » du duo basque Single (Label : Elefant records classics)zf

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