La régulation des tensions russo-ukrainiennes et du nucléaire iranien sont une occasion pour la France de rester une puissance médiatrice incontournable.
- Michel Duclos Conseiller spécial à l’Institut Montaigne, ancien ambassadeur
- Sylvie Bermann Diplomate française
- Aurélie Daher Enseignante-chercheuse à Paris-Dauphine et à Sciences Po Paris
Le déploiement ces derniers mois par Moscou de plus de milliers de militaires le long de la frontière ukrainienne fait craindre une nouvelle invasion russe. Le dialogue semble néanmoins se renouer entre les Etats-Unis et la Russie, puisque pour la deuxième fois en un mois, Vladimir Poutine et Joe Biden se sont entretenus au téléphone.
Mais si le président français s’est félicité de cet échange, ce dernier met aussi en lumière la relative impuissance des Européens face à la Russie qui, 7 ans après les accords de Minsk II signés dans le cadre du format dit de Normandie (Ukraine, Russie, Allemagne et France) n’ont pas réussi à régler un conflit qui les concerne pourtant au premier plan.
Paris a-t-elle encore une carte à jouer dans le conflit ukrainien ? Que peut faire Emmanuel Macron, qui a tenté de rassurer Volodymyr Zelensky lorsqu’il le recevait en visite officielle l’année dernière ?
Autre dossier brûlant pour la diplomatie française : le nucléaire iranien, alors que les négociations ont repris à Vienne après plusieurs mois d’interruption. Conclu en 2015 entre la République islamique et de grandes puissances (États-Unis, Russie, Chine, France, Allemagne, Royaume-Uni), l'accord était moribond depuis le retrait unilatéral des États-Unis en 2018.
La diplomatie française pourra-t-elle aider à trouver une solution ? Et de façon plus générale, quel rôle peut avoir la France dans les grands dossiers diplomatiques ? Doit-elle agir en tant que nation ou s’établir en voix européenne, à l’heure où Emmanuel Macron prend la présidence de l’UE ? Quel équilibre trouver entre les Etats-Unis, la Russie ou encore la Chine pour peser sur la marche du monde ?
Il y a toujours cette confusion sur le fait de dialoguer, et d’exprimer d’ailleurs des désaccords, et sur celui d’être souple vis-à-vis de la Russie. Or si on veut régler des crises, on ne va pas les régler entre nous. Sylvie Bermann
Ce sont principalement les efforts des Européens qui ont permis de sauver la structure juridique et politique de l’accord de Vienne, ce qui a permis ensuite à Biden de pouvoir rejoindre l’accord. Michel Duclos
Florian Delorme reçoit Michel Duclos, conseiller spécial à l’Institut Montaigne, ancien ambassadeur et Sylvie Bermann, ancienne ambassadeure de France en Russie, aux Royaume-Uni et en Chine.
Seconde partie : le focus du jour
Paris, médiateur entre Riyad et Beyrouth
Lors de son déplacement à Riyad début décembre, Emmanuel Macron a annoncé une initiative franco-saoudienne en faveur du Liban. Un premier pas vers une normalisation des relations entre Beyrouth, au bord de l’effondrement monétaire, et Riyad, traditionnellement son grand argentier, mais qui ne veut plus lui porter secours depuis l’imbroglio autour de Saad Hariri en 2017. A l’époque, le président français était intervenu pour la libération du Premier ministre libanais. Quatre ans plus tard, il joue à nouveau les médiateurs, pour tenter d’éviter la faillite au Pays du Cèdre.
Si la France veut vraiment aider le Liban, en tout cas sur les questions urgentes, cela se passe à Riyad plus qu’à Beyrouth.
On comprend de la politique d’Emmanuel Macron que la France reconnaît l’existence du Hezbollah, reconnaît sa légitimité à une participation au jeu politique. Aurélie Daher
Avec Aurélie Daher, enseignante-chercheuse à Paris-Dauphine et à Sciences Po Paris.
Références sonores
- Emmanuel Macron se confiait en juin 2018 sur la volonté de la France de revenir sur le devant de la scène diplomatique mondiale (France 3,24 juin 2018)
- Lors de la conférence de presse commune avec le nouveau chancelier allemand Olaf Scholz, Emmanuel Macron a évoqué le cas de l’Ukraine (Site de l’Elysée, 10 décembre 2021)
- En août 2019 lors de la Conférence des Ambassadeurs, Emmanuel Macron employait l’expression de « puissance d’équilibre » pour qualifier le travail de la France dans les négociations avec l’Iran (France 24, 27 août 2019)
- Lors d'une conférence de presse à l'Elysée concernant la présidence française de l’Union européenne, Emmanuel Macron a rappelé que l'Europe «a besoin d'avoir ce dialogue» avec Vladimir Poutine concernant l'Ukraine (Le Figaro, 19 décembre 2021)
- En mars 2019, lors d’une conférence de presse commune de Xi Jinping, Angela Merkel, Jean-Claude-Junker et Emmanuel Macron, ce dernier se référait à Confucius pour qualifier les relations franco-chinoises (France 24, 26 mars 2019)
- En décembre dernier, Emmanuel Macron en visite en Arabie Saoudite a évoqué le Liban avec son homologue Mohammed bin Salmane (Site de l’Elysée, 04 décembre 2021)
Références musicales
- « A Hundred Light » de Christian Löffler (Label : Ki records)
- « Surfaton » du collectif libanais Mólo Sâyat (Label : Zephyrus Records)
L'équipe
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