Second enjeu de la décennie qui s'achève, celui de l'Islam politique, ou plutôt des Islams politiques, au pluriel. Nous analyserons la manière dont les mouvements islamistes pensent leur rapport à l'Etat et comment, à l'inverse, l'Etat se comporte à l'épreuve de l'islamisme.
- Bernard Rougier politiste, spécialiste du Moyen-Orient arabe, professeur à l'Université Paris 3/Sorbonne Nouvelle
- Bertrand Badie Politiste, spécialiste des relations internationales
La décennie s'est ouverte avec les Printemps arabes, cette vague qui a déferlé du Maghreb au Moyen-Orient : en quelques semaines, les dictateurs installés depuis des décennies quittent le pouvoir. Mais le "printemps des peuples" a été suivi pour certains d'un "hiver islamiste" avec des régimes conservateurs prenant le pouvoir par les urnes. En Occident, la décennie a été marquée par des attentats tragiques. Sur le plan idéologique, le salafisme a accru son influence, de l'Europe au Moyen-Orient. Enfin, l'année 2019 s'achève sur la défaite militaire de l'Etat Islamique, et la mort du calife Abou Bakr Al-Bagdhadi.
Nous sommes face à une crise grave des institutions, un vide politique, une crise sociale. Ces mouvements islamistes, dans leur diversité, occupent un terrain que la dictature avait laissé totalement vide. Bertrand Badie
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« L’Islam est plural, cette religion a quantité de facettes, de réalisations et de constructions. L’une de ces facettes est sa construction politique, l’islamisme, c’est-à-dire une tentative de faire de l’islam une idéologie qui a vocation à combler une vacuité politique. L’islamisme politique est lui-même extrêmement diversifié : des monarchies saoudiennes à la monarchie marocaine en passant par cet éventail de contestations islamiques jusqu’aux formes djihadistes les plus violentes. Bertrand Badie.
L’Islam s’est inséré dans la modernité à partir d’une posture qui était naturellement contestataire. Bertrand Badie.
« L’acte II de la mondialisation est ce temps nouveau dans lequel les instruments politiques traditionnels n’arrivent plus à exprimer cette volonté de changer le système. » Bertrand Badie
Les Frères musulmans ont toujours préféré privilégier l'unité de leur organisation sur les choix stratégiques en matière de doctrine et de politique. Ils ont gardé des gens peu hostiles aux djihadistes d'un côté, et des libéraux de l'autre. Ils ont joué de ces contradictions pour conserver leur unité, sans trancher. Cela a créé un conflit doctrinal. Bernard Rougier
«L’Etat Islamique c’est du wahhâbisme primitif qui échappe au contrôle de l’institution religieuse saoudienne, qui s’appuie ici et maintenant sur la loi de Dieu telle qu’ils l’interprètent et pour lesquels la notion première est celle de pureté. Bernard Rougié.
Extraits musicaux :
-« Brassens en chaâbi » / Djamel Djenidi et son orchestre El Djamila
Une émission préparée par Bertille Bourdon.
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