

Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande ou Emmanuel Macron, la dette envers les anciennes colonies fait toujours débat. De la France au Japon, en passant par l’Allemagne, comment "réparer" des crimes commis des décennies, voire des siècles auparavant ? Qu'attendent les victimes ?
- Christine Levy Maîtresse de conférences en études japonaises à l'Université Bordeaux Montaigne.
- Myriam Cottias Directrice de recherche au CNRS, Coordinatrice du programme de l'Agence Nationale de la Recherche "Réparations, compensations et indemnités au titre de l'esclavage (Europe-Amériques-Afrique) (XIXe-XXIe)", ancienne présidente du CNMHE.
- Stephan Martens Professeur à l’Université de Cergy-Pontoise, directeur de l'UFR Langues et Etudes Internationales
La question de la dette coloniale revient régulièrement dans l’actualité. Jacques Chirac, François Hollande, Emmanuel Macron, les chefs d’Etats se succèdent mais le problème de la dette morale - et financière - vis-à-vis des anciennes colonies, lui, demeure.
Est-il possible de régler cette dette morale ? Comment « compenser » les préjudices ? Ceux d’hier qui continuent de peser aujourd’hui ? Qu’entend-on par « réparation » ? Qu’attendent les populations concernées ?
Beaucoup de penseurs se sont penchés sur cette question. Aimé Césaire, qui, dans Nègre je suis, nègre je resterai, écrivait, je cite : «Ne nous présentons pas comme une bande de mendiants qui viennent demander réparation. […] Je pense que les Européens ont des devoirs envers nous, comme à l’égard de tous les malheureux, mais plus encore à notre égard pour des maux dont ils sont la cause. C’est cela que j’appelle réparation ».
Frantz Fanon aussi qui, dans sa conclusion de Peaux noires, masques blancs, écrit : « Vais-je demander à l’homme blanc d’aujourd’hui d’être responsable des négriers du XVIIe siècle? Vais-je essayer par tous les moyens de faire naître la culpabilité dans les âmes? La douleur morale devant la densité du passé? Je suis nègre et des tonnes de chaînes, des orages de coups, des fleuves de crachats ruissellent sur mes épaules. Mais je n’ai pas le droit de me laisser ancrer […] Je n’ai pas le droit de me laisser engluer par les déterminations du passé. »
Les plus illustres penseurs de la question noire, Fanon, Césaire et les autres, poètes, intellectuels, pourfendeurs du colonialisme et de la traite négrière n’ont pas laissé de réponse unique à cette question centrale : « peut-on réparer l’esclavage ? » et comment ?
Une émission préparée par Léa Sabourin.
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