Du Sahel au Mozambique, le piège africain   : épisode 2/4 du podcast Vingt ans de guerre contre le terrorisme

Emmanuel Macron et le général Mahamat Idriss Deby, assistent aux funérailles nationales du défunt président tchadien Idriss Deby à N'Djamena, le 23 avril 2021.
Emmanuel Macron et le général Mahamat Idriss Deby, assistent aux funérailles nationales du défunt président tchadien Idriss Deby à N'Djamena, le 23 avril 2021.   ©AFP - ISSOUF SANOGO
Emmanuel Macron et le général Mahamat Idriss Deby, assistent aux funérailles nationales du défunt président tchadien Idriss Deby à N'Djamena, le 23 avril 2021. ©AFP - ISSOUF SANOGO
Emmanuel Macron et le général Mahamat Idriss Deby, assistent aux funérailles nationales du défunt président tchadien Idriss Deby à N'Djamena, le 23 avril 2021. ©AFP - ISSOUF SANOGO
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Depuis 2013, la France mène un combat contre le terrorisme islamique en Afrique. Lors du G5 Sahel de février, Emmanuel Macron rassure sur l'engagement français. La stratégie adoptée par la France et ses partenaires sahéliens pour venir à bout du djihad en Afrique de l’Ouest est-elle efficace ?

Avec
  • Eric Morier Genoud maître de conférences en histoire africaine à l'université Queen's de Belfast, spécialiste du Mozambique
  • Niagalé Bagayoko Docteure en science politique, diplômée de l'Institut d'Études Politiques (IEP) de Paris et spécialiste des politiques internationales de sécurité et de la réforme des systèmes de sécurité en Afrique de l’Ouest
  • Vincent Foucher Chargé de recherche CNRS au LAM

En février dernier se tenait au Tchad un sommet des pays du G5 Sahel, auquel la France est associée dans son combat qu’elle mène depuis 2013 contre le terrorisme islamiste en Afrique. Alors que les voix s’élèvent à Paris pour critiquer le déploiement extrêmement coûteux des soldats de l’opération Barkhane, Emmanuel Macron a profité de cette occasion pour rassurer ses partenaires sur l’engagement de la France à leurs côtés. Si le renseignement français fait état d’informations indiquant un risque d’expansion de la menace djihadiste vers les Etats du Golfe de Guinée, justifiant le maintien de la force Barkhane, il semblerait pourtant qu’au sommet de l’Etat une réflexion soit engagée pour redéfinir l’engagement français au Sahel, confronté au risque d’une guerre sans fin. La région du lac Tchad, à cheval sur le Niger, le Tchad et le Nigéria et dans laquelle sévit Boko Haram qui a prêté allégeance à Daesh en 2015 est une autre source d’inquiétude. De plus, la récente disparition du président tchadien Idriss Déby menace de déstabiliser le pays qui faisait office de rempart à l’hydre islamiste.

La stratégie adoptée par la France et ses partenaires sahéliens pour venir à bout du djihad en Afrique de l’Ouest est-elle efficace ? Assiste-t-on au déplacement de la menace ou à sa démultiplication sur le continent ? Dans quelle mesure ces différents groupes sont-ils interconnectés ? 

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Avec Niagalé Bagayoko, politologue, présidente de l’African Security Sector Network, une organisation panafricaine qui rassemble des spécialistes de la réforme des systèmes de sécurité et Vincent Foucher, chercheur au laboratoire Les Afriques dans le Monde (LAM) rattaché au CNRS.

La France et les partenaires européens possèdent une excellente maîtrise technique. Mais, nous sommes dans une impasse puisqu'ils ne comprennent pas les réalités locales et l’environnement sociologique dans lequel s’inscrit l’intervention. Cela durera tant que l’attention sera mise sur les instruments classiques, à savoir la formation au combat, sans s’interroger sur les doctrines qui gouvernent. Niagalé Bagayoko

Les djihadistes au Sahel et au Lac Tchad mènent désormais des guérillas plus qu’ils ne sont des forces terroristes. Les attaques disparaissent au profit de la création d’enclaves en zone rurale. Le but est d’avoir une emprise territoriale en renouant le lien avec la population pour contrer l’Etat. Vincent Foucher 

Seconde partie - le focus du jour

Les Chebabs de Capo Delgado au Mozambique

Le 24 mars dernier, les Chababs mozambicains ont attaqué la ville de Palma dans le nord du pays, semant la terreur et entraînant la fuite de plus de 20 000 personnes. Cette attaque est la dernière d’une longue série pour ces insurgés qui se revendiquent de l’Etat islamique et prospèrent depuis plusieurs années dans la région isolée de Cabo Delgado. Si l’armée a depuis repris le contrôle de la ville de Palma, les djihadistes, par l’ampleur et la coordination de l’attaque, ont frappé un grand coup. Et pas seulement parce que le géant énergétique Total a décidé de reporter sine die son gigantesque projet d’exploitation gazière de plus de 20 milliards d’euros, situé à 10 kilomètres de Palma. Comment a émergé la menace islamiste dans cette région d’Afrique jusqu’alors épargnée ? Quels sont les liens réels des Chababs avec l’Etat islamique, et quel est leur objectif ? L’Etat mozambicain est-il suffisamment solide pour faire face à cette insurrection ?

Une conversation avec Eric Morier Genoud, maître de conférences en histoire africaine à l'université Queen's de Belfast, spécialiste du Mozambique.

Il faut voir cette attaque de la ville de Palma dans la durée de l’insurrection. Dès 2017, en octobre, les Chababs ont commencé de manière modeste, le but était de capturer des armes pour faire la guerre. Puis crescendo, en 2019 des insurgés ont attaqué des villes. Cette dynamique est couronnée avec le contrôle de la ville de Palma en ce 24 mars. Eric Morier Genoud

Une émission préparée par Lucas Lazo. 

Revue de presse internationale
6 min

Références sonores

  • Emmanuel Macron à l’issue du sommet du G5 Sahel à la mi-février dernier (RT France 16 février 2021)
  • Bernard Emié, directeur général de la Sécurité Extérieure (Comex contre Terrorisme / Site du ministère des Armées, 1er février 2021)
  • Extrait de l’audition de Florence Parly au Sénat (Public Sénat, 20 janvier 2021)
  • L’armée tchadienne par la voix du Général Azem Bernandoa Agouna annonce la mort du président Idriss Déby le 20 avril dernier (France 24, 20 avril 2021)
  • Les milices islamistes au nord du Mozambique dans la province du Cabo Delgado. Témoignages d’habitants de Palma, réfugiés déplacés suite à l’attaque djihadiste (France 24, 19 avril 2021) + le gouverneur de Cabo Delgado le 05 avril au moment où l’armée mozambicaine a repris la ville de Palma (France 24, 05 avril 2021)

Références musicales

  • “Myami” de Christian Loffler (Label : Ki Records)
  • “Bk” de Sidi Touré , chanteur guitarise originaire de Gao (Label : Thrill Jokey Records)

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