

Durement affectée par le confinement d’une partie de son territoire et par le ralentissement du commerce mondial, la Chine est néanmoins la seule grande puissance économique à avoir enregistré une croissance positive en 2020. Pour autant, le pays ne sort pas moins fragilisé de cette année de crise.
- Jean-Marc Chaumet agroéconomiste, Institut de l’élevage, spécialiste de la Chine
- Jean-François Dufour Directeur de DCA Chine-Analyse
- Mary-Françoise Renard Economiste, professeure à l’université Clermont-Auvergne, responsable de l’Institut de recherches sur l’économie de la Chine (IDREC)
Durement affectée par le confinement d’une partie de son territoire et par le ralentissement du commerce mondial, la Chine est néanmoins la seule puissance économique au monde à avoir enregistré une croissance positive en 2020. En plus d’un plan de relance ambitieux, le pays a bénéficié de la solidité de son économie, en pleine expansion en amont de la crise, et a pu amorcé une rapide reprise.
Forte également de la grande capacité d’adaptation de ses entreprises, la Chine a réussi à répondre rapidement à la demande mondiale de masques et de matériel médical, au point que certains ont pu voir dans cette crise une opportunité pour Pékin.
Mais cette conclusion semble hâtive, car si la Chine a su, mieux que d’autres, éviter la catastrophe, elle n’en sort pas moins fragilisée de l’année écoulée. Les 2,3% de croissance de 2020 sont à comparer aux 6,1% de 2019 et aux 6,6% de 2018 - chiffres qui annonçaient déjà un ralentissement certain par rapport aux 10% de 2010. La pandémie de Covid-19 a aggravé le chômage et la pauvreté, et la consommation intérieure, sur laquelle le pouvoir comptait beaucoup pour relancer l’économie, n’atteint pas encore les niveaux escomptés.
Derrière les discours triomphalistes, quelle est la situation économique réelle de la Chine en ce début d’année ? Comment le gouvernement, qui tient sa légitimité de l’amélioration de la qualité de vie de la population, fait-il face aux pertes d’emplois ? Faut-il voir dans la récente reprise en main sévère du secteur financier par le pouvoir, incarné notamment par l’annulation de l’introduction en bourse du groupe de Jack Ma, la manifestation d’une inquiétude ?
Une discussion en compagnie de Mary-Françoise Renard, professeure d’économie à l’Université Clermont-Auvergne, responsable de l’Institut de recherche sur l’économie de la Chine (Idrec/Cerdi), et de Jean-François Dufour, directeur de DCA-Chine analyse, spécialiste de l’économie chinoise.
Le régime chinois ne peut pas se permettre de faire part de doutes sur sa situation économique, ce qui explique le fait qu'on ait un discours systématiquement triomphaliste de sa part. Jean-François Dufour
En 2020, alors que l'Union européenne et les Etats-Unis annonçaient de très larges plans de relance, la Chine ne l'a pas fait - ce qui est un message diplomatique dans le cadre du conflit commercial avec les Etats-Unis : c'était une manière pour la Chine de dire "ne comptez pas sur nous, cette fois-ci, pour enrayer la crise". Jean-François Dufour
La relance chinoise s'est beaucoup faite sur la base d'investissements publics. Cela étant, les exportations ont également joué un rôle important dans ce processus. Il y a un surplus provisoire qui est lié à une demande étrangère importante liée à des produits médicaux ou a des produits électroniques liés au télétravail. C'est également lié au fait qu'il y a eu une baisse du prix d'importation des matières premières. Mary-Françoise Renard
La Chine avait pour objectif d'éradiquer la pauvreté en 2020. Cet objectif n'a pas été atteint : la pandémie a aggravé les choses, et même si un salaire minimum a été défini, il se trouve aujourd'hui à un très faible niveau. Plus précisément, l'objectif était de supprimer la grande pauvreté rurale. Or, beaucoup de ruraux ont migré vers les villes : cette pauvreté rurale est donc devenue une pauvreté urbaine, mais n'a pas disparu. Mary-Françoise Renard
Seconde partie - le focus du jour
Dépendance alimentaire : un enjeu économique pour la Chine
Dans une directive émise en août 2020 par les pouvoirs centraux chinois, Xi Jinping appelle ses citoyens à “créer au sein de la société dans son ensemble une atmosphère favorisant la frugalité” – lançant par la même occasion une campagne visant à mettre fin au gaspillage alimentaire dans les foyers chinois. Des paroles qui interrogent, à l’heure où pourtant ces mêmes institutions exhortent à “stimuler la demande intérieure“, dans un contexte de vive relance économique.
Alors, pourquoi soudain tenter de redresser les habitudes de consommation des chinois ? La Chine se préparerait-elle à une crise alimentaire, ou chercherait-elle en fait à dépendre le moins possible de l’influence étrangère des marchés agricoles ?
Avec Jean-Marc Chaumet, agroéconomiste, chef de projet au département Economie de l'Institut de l’Elevage.

Une émission préparée par Margaux Leridon et Nicolas Szende.
Références sonores
- Xi Jinping, président de la République Populaire de Chine, sur la croissance de l’économie chinoise - CGTN / China Global Television Network 31/12/2020
- Yao Jingyuan, analyste du gouvernement chinois , sur la réussite de l’économie chinoise - Reportage de C dans l’air, France 5 23/12/2020
- M. Li, employé Chinois de la société Abalone, basée à Wuhan, fabriquant de fibre optique - Reportage de France 24, 23/12/2020
- Première apparition de Jack Ma après deux mois d’absence, dans une vidéo adressée à aux enseignants des campagnes - SCMP Clips 20/01/2021
- Reportage sur le chômage en Chine : les travailleurs migrants, petites mains de l’économie Chinoise, dans la ville de Hangzhou (8 millions d’habitants) - RFI, 26/06/2020
Références musicales
- Kiasmos - « Lit » (Erased Tapes / 2014 / DNC)
- Faye Wong - « Bored »
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