Le secteur immobilier, longtemps locomotive de l’Empire du milieu, s’est développé grâce à un surendettement croissant. Après la mise au pas des géants de la tech et de l'éducation, le gouvernement renforce la mainmise du pouvoir central sur son économie.
- Mary-Françoise Renard Economiste, professeure à l’université Clermont-Auvergne, responsable de l’Institut de recherches sur l’économie de la Chine (IDREC)
- Philippe Aguignier Enseignant à l’INALCO sur l’économie chinoise, chercheur associé à l’Institut Montaigne
- Jean-Yves Heurtebise Maître de conférences à l’université catholique Fu-Jen à Taipei (Taïwan), chercheur associé au CEFC (Hong-Kong) et corédacteur-en-chef de la revue Monde Chinois Nouvelle Asie
Alors que le sort de l’énorme conglomérat chinois surendetté Evergrande inquiète depuis plus d’un mois, Pékin a tenté de rassurer les marchés financiers. La banque centrale chinoise, jusqu'ici restée muette, a en effet estimé ce vendredi que la situation était certes délicate mais "gérable".
Le secteur immobilier, longtemps locomotive de l’Empire du milieu, s’est développé grâce à un surendettement croissant. Les régulateurs voient désormais cela d’un mauvais œil, et ont imposé au secteur "trois lignes rouges" pour réduire le recours à l'emprunt des promoteurs.
Après la mise au pas des géants de la tech et de l'éducation, le gouvernement renforce la mainmise du pouvoir central sur son économie. Jusqu’où cette reprise en main du pouvoir sur une économie en plein emballement pourrait-elle constituer un tournant décisif ? Faut-il y voir la fin de la croissance à deux chiffres, voire une remise en cause des ambitions chinoises de devenir la première puissance économique du monde ?
Comment le président Xi Jinping envisage-t-il ce défi ? Va-t-il sauver Evergrande ou le laisser s’effondrer ? Le pouvoir chinois est-il même unanime sur ce qu’il convient de faire ?
La difficulté aujourd’hui est de trouver une troisième voie qui fasse l’arbitrage entre le court terme et le long terme, c’est-à-dire rester crédible tout en évitant ce qui pourrait être un risque systémique, compte tenu de l’importance du secteur immobilier [en Chine]. Mary-Françoise Renard
Pratiquement tout le monde a bénéficié de ces quarante années de développement économique très fort [en Chine], mais les bénéfices n’ont pas été répartis de manière égale. Il est très clair dans le discours des dirigeants actuels comme Xi Jinping que réduire les inégalités est la première priorité. Philippe Aguignier
Florian Delorme s'entretient avec Mary-Françoise Renard, professeure émérite à l’Université Clermont Auvergne et responsable de l’Institut de Recherche sur l’Economie de la Chine (IDREC) au CERDI et Philippe Aguignier, enseignant à l’INALCO sur l’économie chinoise et chercheur associé à l’Institut Montaigne.
Seconde partie : le focus du jour
Taïwan et la Chine : une dépendance économique à l’ombre du statu quo
Depuis le début du mois d’octobre, près de 150 avions militaires chinois ont sillonné la zone aérienne taïwanaise. Ces incursions coïncident avec les injonctions de Xi Jinping, lors de la fête nationale chinoise du 9 octobre, à réunifier Taïwan et la Chine. Au-delà de la pression sécuritaire, Pékin dispose également de sa forte imbrication dans l’économie taïwanaise pour dissuader les velléités autonomistes du gouvernement taïwanais. Or, la spécialisation de Taipei dans la haute technologie, la diversification croissante de ses partenaires commerciaux et son rapprochement avec les Etats-Unis pourraient amenuiser cette dépendance.
Jusqu’où la dépendance économique de Taïwan à la Chine entrave-t-elle son projet politique ? A l’heure où la Chine tourne le dos à l’Occident, l’ouverture économique de l’île pourrait-elle constituer une voie vers l’émancipation ?
La Chine utilise cette arme économique en ciblant des produits souvent agricoles, comme les ananas. Or, les produits industriels représentent déjà 98% des exports de Taïwan. Par ailleurs, lorsque Pékin a utilisé ce levier, les Japonais ont racheté l’ensemble des ananas qui devaient aller en Chine. Jean-Yves Heurtebise
Avec Jean-Yves Heurtebise, maître de conférences à l’université catholique Fu-Jen à Taipei (Taïwan), chercheur associé au CEFC (Hong-Kong) et corédacteur-en-chef de la revue Monde Chinois Nouvelle Asie.
Références sonores
- Xi Jiping, lors d’un discours célébrant les 100 ans du parti communiste, expliquant que le 1er objectif du centenaire est atteint : construire une société modérément aisée et régler le problème de la pauvreté absolue (France 24, 1er juillet 2021)
- Témoignage de Li HongJun, ouvrier sur un chantier de construction d’Evergrande (France 24, 22 septembre 2021)
- Témoignage de Wu Ruoxin, directeur adjoint d’une société d’ingénierie qui travaillait avec Evergrande (Le Figaro 20 septembre 2021)
- Disparu des radars plusieurs mois, Jack Ma, le fondateur de la plateforme d’e-commerce Alibaba, a refait surface, lors d’un échange en visioconférence avec des enseignants chinois. Dans un court montage vidéo publié par le Tianmu News, un média proche du pouvoir, le multimilliardaire donne rendez-vous aux professeurs «une fois la pandémie finie». (SCMP clip 20 janvier 2021)
- Xu Lin, chef adjoint du département de la communication du comité central du parti communiste chinois présente le livre blanc sur la “prospérité modérée”. (CGTN français, 28 septembre 2021)
- Tsai Ing-wen, présidente de Taiwan, sur le retour des entreprises à Taiwan et ce qu’elles apportent (BBC News le 19 janvier 2020)
Références musicales
- « Maria » de Closer Musik (Label : KOMPAKT)
- « 我愛台妹 » de MC Hot Dog (Label : Rock Records)
L'équipe
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