Etats-Unis : la « pop corn » civilisation en crise : épisode 4/4 du podcast Puissances agricoles : les greniers du monde

Un fermier américain récolte du maïs le 11 octobre 2021 à Princeton, Indiana
Un fermier américain récolte du maïs le 11 octobre 2021 à Princeton, Indiana ©AFP - SCOTT OLSON
Un fermier américain récolte du maïs le 11 octobre 2021 à Princeton, Indiana ©AFP - SCOTT OLSON
Un fermier américain récolte du maïs le 11 octobre 2021 à Princeton, Indiana ©AFP - SCOTT OLSON
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Depuis la fin du XIXe siècle, la culture du maïs tient une place centrale dans la société américaine. Mais si les Etats-Unis en demeurent le premier producteur au monde, ils doivent désormais partager le marché avec d’autres puissances agricoles.

Avec
  • Sophie Devienne ingénieure agronome, maître de conférences à AgroParisTech.
  • Maryse Carraretto Anthropologue, enseignante en Lettres-Histoire en lycée professionnel et chercheuse associée au Laboratoire interdisciplinaire Société Solidaires Territoires de l’Université Jean-Jaurès
  • Thierry Pouch économiste, chef du service études et prospectives de l'Assemblée Permanente des Chambres d'Agriculture à Paris, et chercheur associé au laboratoire Regards de l'Université de Reims Champagne Ardenne

Depuis la fin du XIXe siècle, la culture du maïs tient une place centrale dans l’économie et la société américaine. Longtemps, on a appelé « Corn Belt » (« ceinture de maïs ») une part importante du Midwest. Et des générations durant, les agriculteurs ont cultivé la céréale de père en fils, jusqu’à aujourd’hui. Pourtant, la diversification des cultures a eu raison de l’appellation « Corn Belt », ainsi que de la place centrale du maïs dans la culture américaine. Si les Etats-Unis en demeurent le premier producteur au monde, ils doivent désormais partager le marché avec d’autres puissances agricoles, et les terres avec d’autres céréales. Le maïs reste toutefois l’ingrédient principal de nombreux produits de consommation, de l’alimentation aux biocarburants. Dans un contexte de guerre commerciale avec la Chine, de multiplication de la concurrence mondiale de productions céréalières, de « green deal » européen, de sortie de crise sanitaire et de crise du blé depuis le déclenchement de la guerre russo-ukrainienne, se pose la question de la performance et de la compétitivité du modèle agricole américain.

Comment la culture du maïs a-t-elle façonné non seulement un modèle agricole mais aussi un modèle culturel aux Etats-Unis ? Quel est le rôle des subventions et de la politique alimentaire dans ce modèle ? Dans quelle mesure peut-il s’adapter à un marché agricole mondial devenu plus concurrentiel et intégré ?

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Florian Delorme reçoit Sophie Devienne, professeur d’Agriculture comparée et développement agricole à Agroparistech, membre de l’Académie de l’agriculture et Thierry Pouch, chef économiste aux Chambres d'agriculture de France, chercheur associé au laboratoire REGARDS de l'Université de Reims Champagne Ardenne.

Le focus du jour

L'histoire complexe du maïs en Europe

La culture du maïs dans la région d’Orhez dans les années 1940
La culture du maïs dans la région d’Orhez dans les années 1940
- ©AGPM

Si en Amérique, le maïs occupait déjà une place centrale avant même l’arrivée des colons européens, au sein des populations indigènes, en Europe la relation avec cette plante a été plus complexe. Importée sur le vieux continent par les conquistadors, la culture du maïs est longtemps restée marginale. Perçue comme une plante exotique, les Européens ne daignent la cultiver que lorsque le blé, céréale noble par excellence, vient à manquer. Pourtant le maïs a fini, au fil des siècles, par s’imposer en intégrant les traditions culinaires et les représentations collectives européennes, avant de se massifier et de devenir, à partir de la Seconde guerre mondiale, le symbole de la modernisation agricole. Retour sur l’histoire tumultueuse de cette plante en Europe.

Avec Maryse Carraretto, anthropologue, enseignante en Lettre-Histoires en lycée professionnel et chercheuse associée au Laboratoire interdisciplinaire Société Solidaires Territoires de l’Université Jean-Jaurès.

Pour aller plus loin :

- Maryse Carraretto, « Histoires de maïs: d'une divinité amérindienne à ses avatars transgéniques », 2005, Ed. CTHS.

Références sonores

  • Archive de 1954 décrivant le travail d’un cultivateur de maïs dans la Corn belt
  • Témoignages de deux bénéficiaires d’une banque alimentaire américaine ainsi que d’une directrice de centre qui explique que le nombre de bénéficiaires a considérablement augmenté depuis la pandémie du Covid et la flambée des prix des denrées alimentaires (Euronews, 10 novembre 2021)
  • Témoignage de Gary Wertish, président du syndicat des agriculteurs du Minnesota qui se dit victime de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine (France Inter, reportage de Grégory Philipps, 09 septembre 2019)
  • Extrait d’une interview de Monsieur Rivoallan, ingénieur agronome qui expliquait en 1966 l’intérêt de cultiver du maïs en Bretagne (Archive INA, reportage de François Foucart, Bretagne Actualités, 19 octobre 1966)

Références musicales

  • « Julie and Candy » de Boards of Canada (Label : Warp)
  • « Farmer’s almanach » de Johnny Cash (Label : UMG recordings)

L'équipe