La Gates Foundation est devenue l’un des principaux bailleurs de fonds des programmes sanitaires, sujet majeur en pleine pandémie. L’annonce du divorce de Bill et Melinda Gates en mai dernier n’entrave en rien leur organisation. Quel rôle jouent les fondations privées et quelles sont leurs limites ?
- Antoine Kernen Sinologue, spécialiste de la Chine-Afrique, Maître d’enseignement et de recherche à l’université de Lausanne
- Philippe Ryfman Professeur et chercheur associé honoraire à l’Université Paris I Panthéon. Egalement avocat, spécialisé dans le domaine du droit humanitaire international.
- Anne Monier Docteure en sciences sociales
Le couple le plus emblématique de la philanthropie transnationale n’est plus : le 3 mai dernier, Bill et Melinda Gates, créateurs en 2000 de la Fondation du même nom, annonçaient leur divorce. En revanche, la fin de leur histoire n’entraîne pas celle de leur organisation et ils promettent de continuer à diriger la fondation ensemble. Si leur séparation relève des gazettes mondaines, l’avenir de leur fondation - qui est devenue l’un des principaux bailleurs de fonds des programmes sanitaires internationaux - est un sujet on ne peut plus sérieux, en pleine pandémie de Covid-19.
La Gates Foundation, étant dans les premières contributrices au budget de l’OMS, a pris une place inédite sur la scène diplomatique, valant à ses dirigeants des invitations au G7 ou au G20.
Bien qu’ils soient les plus visibles, les Gates ne sont ni les seuls, ni les premiers milliardaires à mettre leurs dividendes au service revendiqué de la construction d’un monde meilleur. De John D. Rockefeller ou Henri Ford au début du XXe siècle à Jack Ma aujourd’hui en Chine, la philanthropie internationale est presque devenue un passage obligé pour les gagnants de la mondialisation.
Dans quelle mesure la prééminence de la Gates Foundation dans la lutte contre le Covid-19 est-elle révélatrice du rôle des fondations privées dans l’aide internationale ? Quelles sont les origines historiques et les fondements idéologiques de cette philanthropie ? Quels sont les succès et les limites ? Quels sont ses effets sur nos démocraties ?
Nos invités sont Anne Monier, docteure en sciences sociales, chercheuse au sein de la chaire philanthropie de l’ESSEC et Philippe Ryfman, avocat au barreau de Paris, spécialiste en droit des associations et fondations, professeur et chercheur associé honoraire à l’Université Paris I.
Généralement, les fondations ont plusieurs secteurs stratégiques dans lesquels elles financent et soutiennent des programmes. L’innovation de la fondation Gates a été de se diriger vers la santé et d’être l’un des premiers contributeurs de l’OMS grâce à des sommes considérables. Cela donne du poids aux réalisations sur le terrain mais également sur les choix stratégiques des organisations internationales et des Etats. Philippe Ryfman
La question du pouvoir est essentielle, c’est pourquoi un changement de paradigme se pose dans le monde de la philanthropie. Ces grandes fondations sont régies par un système « tap down » : une personne décide et le porteur de projet se voit imposer un certain nombre de règles et de normes. Désormais, on veut tendre vers l’écoute des acteurs de terrain pour connaître les besoins et travailler avec eux dans la co-construction. Il y a donc un glissement qui est en train de se produire pour changer les rapports de pouvoir dans ce domaine. Anne Monier
Seconde partie - Le focus du jour
L'essor de la philanthropie chinoise
La philanthropie chinoise semble être en plein essor. Depuis le début de la pandémie, l'homme d'affaires et ancien président de l'entreprise Alibaba, Jack Ma participe à l'aide internationale avec sa fondation Jack Ma afin d'alimenter l'Afrique, et même les États-Unis, en fournitures médicales.
Cette internationalisation est-elle récente ? Que signifient ces dons ? Quelle importance ont-ils pour la diplomatie chinoise ? Cette internationalisation est-elle récente ? Que signifie ses dons ? Quelle importance ont-ils pour la diplomatie chinoise ?
Avec Antoine Kernen, maître d’enseignement et de recherche à l’Institut des sciences sociales de l’Université de Genève.
En 2004, les fondations privées étaient interdites. Il n’y avait que des fondations publiques en Chine, comme la fondation La Croix Rouge. Après 2004, il y a une multiplication des fondations d’entreprise. Le lien entre la fondation et l’entreprise est explicite par le nom, ce qui a entraîné une recrudescence des fondations. La dimension fiscale n’est pas le moteur dans la création des fondations, l'avantage se situe dans la visibilité offerte par les actions des fondations. Antoine Kernen
Une émission préparée par Margaux Leridon et Albane Barrau.
Références sonores
- Melinda Gates , co-présidente de la Fondation Bill & Mélinda Gates au 3e Forum de Paris sur la Paix du 11 au 13 novembre 2020 (France 24, le 12 novembre 2020)
- Bill Gates , fondateur de Microsoft , co-fondateur de la Bill & Melinda Gates Foundation : sur les théories du complot (France Info, le 28 janvier 2021)
- Archive British Pathé de 1937 qui rend hommage à John D Rockeffeller au moment de sa mort en mai 1937.
- Abdoulaye Diouf Sarre , ministre Sénégalais de la santé et de l’action sociale lors d’une cérémonie de remise et réception de matériels médicaux offerts par les fondations Chinoises Jack Ma et Alibaba au gouvernement de Sénégal . Il s’agit d’un important lot de matériel composés de masques , tenues de protection et kits de test. (Seneweb Tv, le 19 mars 2020 )
Références musicales
- « Love on a real train » par Tangerine Dream, Label : Virgin / DNC
- « John D Rockefeller » par NOBLE
L'équipe
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