

Le 25 septembre 2017 la région autonome du Kurdistan en Irak organisait un référendum sur l’indépendance. Le Oui l’emportait à 92%. Un scrutin contesté par Bagdad qui n’a jamais eu l’intention d’accorder l’indépendance aux Kurdes, d’autant que la région recèle de richesses pétrolières.
- Hardy Mede Politologue, chercheur au Centre européen de sociologie et de science politique (CESSP)
- Laurent Perpigna Iban Journaliste indépendant
- Leïla Porcher Anthropologue
25 septembre 2017 : les habitants de la région autonome du Kurdistan, en Irak, étaient appelés aux urnes pour s’exprimer sur la question suivante : “êtes-vous pour ou contre l’indépendance du Kurdistan ?”. Le Oui l’emporta à 92%. Mais non reconnu par la communauté internationale et encore moins par l’Etat irakien le référendum n’aboutira sur aucun projet d’Etat Kurde.
Cela fait plusieurs décennies que les Kurdes d’Irak, soit 5,3 millions de personnes, sont en lutte avec Bagdad. De fait, la région bénéficie d’une autonomie assez avancée sur le plan politique. Avec un Parlement propre et des institutions qu’ils contrôlent eux-mêmes, d’importantes ressources pétrolières et une armée propre, les peshmergas, le Kurdistan irakien a tout d’un Etat. Sauf que ni les puissances de la région ni les occidentaux ne sont prêts à suivre les Kurdes dans leur projet d’indépendance.
Cinq ans après le vote raté pour son indépendance, quelles perspectives pour le Kurdistan irakien ? Jusqu’où s’exerce l’autonomie kurde au sein d’un pays martelé par les divisions et les influences régionales ? Quels compromis les Kurdes devront-ils faire pour préserver leur fragile autonomie ?
Pour répondre à ces questions, Julie Gacon reçoit Hardy Mede, politologue et chercheur au Centre européen de sociologie et de science politique (CESSP) ainsi que Laurent Perpigna-Iban, journaliste indépendant, il travaille notamment pour Libération, Orient XXI et le Monde Diplomatique.
"Entre 2014 et 2017, toute une partie du pétrole issu du Kurdistan irakien part vert l'Iran et la Turquie sans que l'Etat central n'encaisse le moindre gain. Mais après la perte des territoires disputés aux mains de Bagdad, le pétrole de Kirkouk échappe complètement aux Kurdes. En 2022, les autorités kurdes ont même été sommées de faire obligatoirement transiter leur pétrole vers Bagdad avant de repartir vers des exportations. Cela a aboutit à l'annulation de 4 contrats entretenus avec le gouvernement régional du Kurdistan de la part des pays étrangers", affirme Laurent Perpigna-Iban.
"Après 2017 et le référendum, le discours officiel au Kurdistan sur l'indépendance disparaît sur le plan extérieur face à Bagdad et sur le plan international. Sur le plan interne, l'option de l'indépendance est mise de côté. Et les Kurdes ne pèsent désormais plus du tout dans les territoires occupés du Kurdistan, notamment à Kirkouk", observe Hardy Mede.
Seconde partie : le focus du jour
Kurdes d’Iran, entre fuite de la répression et rêve d’autonomie

Chaque année de nombreux Kurdes iraniens s’engagent sur les sentiers du massif montagneux situé à la frontière irakienne. Fuyant la répression et la misère, une partie d’entre eux rejoignent les camps d’entrainement des partis kurdes iraniens en exil où ils seront formés au combat et à la guérilla. Alors que l’Iran fait face à une insurrection d’une ampleur inédite et particulièrement active dans la région kurde, les exilés rêvent d’une chute du régime et de la création d’une région autonome kurde en Iran, sur le modèle du Kurdistan irakien.
Avec Leïla Porcher, anthropologue. Elle est co-autrice avec Sarah Guillemet du documentaire Je n’ai plus peur de la nuit paru en 2020 aux Sister productions.
"Les partis kurdes iraniens n'ont plus de demande d'indépendance depuis longtemps. La demande des Partis kurdes aujourd'hui en Iran, est de renverser le régime en place, puis d'instaurer une autonomie pour toutes les minorités en Iran au sein d'un régime fédéral", explique Leïla Porcher.
Une émission préparée par Mélanie Chalandon.
Références sonores et musicales
- Massoud Barzani annonce la victoire du OUI au référendum sur l'indépendance du Kurdistan irakien le 26 décembre 2017 ( dw.com)
- Cinq millions de Kurdes d'Irak sont appelés aux urnes le 25 septembre pour un référendum d'indépendance ( Arte - 19/09/17)
- Irak : le rêve brisé des Kurdes de Kirkouk, désormais sous l'autorité de Bagdad ( France 24 - 09/02/18)
- Masrour Barzani, Premier ministre du Kurdistan le jour du drapeau au Kurdistan ( Youtube - 18/12/22)
- Documentaire Je n’ai plus peur de la nuit (Sister Prod et Productions du Dragon, 2020)
- " Pêşmerge" de Chopy
- "Arched bay window" de Chamberlain
L'équipe
- Production
- Production déléguée
- Collaboration
- Collaboration
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- Réalisation
- Julie DucosStagiaire