Municipalisme : quand les habitants prennent le pouvoir : épisode 3/4 du podcast Le nouvel empire des villes

La mairesse sortante de Barcelone, Ada Colau, au moment de son vote aux élections municipales, régionales et européennes le dimanche 26 mai 2019.
La mairesse sortante de Barcelone, Ada Colau, au moment de son vote aux élections municipales, régionales et européennes le dimanche 26 mai 2019. ©AFP - Josep LAGO
La mairesse sortante de Barcelone, Ada Colau, au moment de son vote aux élections municipales, régionales et européennes le dimanche 26 mai 2019. ©AFP - Josep LAGO
La mairesse sortante de Barcelone, Ada Colau, au moment de son vote aux élections municipales, régionales et européennes le dimanche 26 mai 2019. ©AFP - Josep LAGO
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Les élections municipales du 26 mai ont mis fin à l’aventure « rebelle » de grandes villes espagnoles comme Madrid ou Barcelone. Durant le mandat écoulé, les maires ont tenté de redonner à la démocratie ses lettres de noblesses en s’inspirant du mouvement municipaliste. Quel est leur bilan ?

Avec
  • Magali Fricaudet coprésidente de l’Association Internationale des techniciens et chercheurs (AITEC).
  • Laurent Mucchielli sociologue, spécialiste des politiques de sécurité.
  • Héloïse Nez Sociologue, enseignante-chercheuse à l’université de Tours.

On les appelait « les villes rebelles d’Espagne » : Barcelone, Madrid, Valence, Saragosse ou encore Saint-Jacques-de-Compostelle. Dirigées depuis quatre ans par des collectifs de citoyens qui voulaient changer de politique et redonner le pouvoir aux habitants, voilà que pour beaucoup d’entre elles l’aventure vient de prendre fin ce dimanche 26 mai lors des élections municipales. 

Ni à Barcelone ni à Madrid - villes emblématiques - les deux maires, Ada Colau et Manuela Carmena, issues de la société civile, n’auront su se maintenir au pouvoir. Avec plus ou moins de succès, durant quatre ans, elles auront tenté de mettre en place une autre gouvernance des villes, qui se voulait plus participative et plus démocratique.

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Relocaliser et démocratiser le pouvoir

A défaut de changer le pays, changeons les villes. Telle était l’ambition de ces plateformes citoyennes, inspirées par le mouvement des Indignés et cherchant des réponses aux conséquences sociales de la crise de 2008.

Cette idée de relocaliser et de démocratiser le pouvoir à l’échelle des villes n’est cependant pas spécifique à l’Espagne. Des Etats-Unis à l’Europe en passant par le kurdistan, le « municipalisme », théorisé par le philosophe américain Murray Bookchin continue d’inspirer de nombreuses expériences à travers le monde. Certains plaident même pour une alliance internationale des villes qui dépasserait les Nations. 

Mais suffit-il de prendre le pouvoir pour faire de la politique autrement ? Quel bilan en Espagne quatre ans plus tard alors que l’expérience s’achève ? Le pari d’une politique au service et à l’écoute des citoyens a-t-il été tenu ? 

De manière générale les villes sont-elles le bon échelon pour expérimenter de nouvelles formes de démocratie directe et participative ? Peuvent-elles même devenir des sortes de contre-pouvoirs face à l’Etat central ? Enfin, les ambitions municipalistes ne sont-elles pas de fait limitées par le pouvoir restreint des communes face à l’Etat ?  

Une émission préparée par Mélanie Chalandon et Corentin Mançois.

Extraits sonores :

- Ada Colau menait aux municipales la liste "Barcelone en commun" en 2015, alliance de plusieurs partis de gauche intégrant notamment la jeune formation antilibérale Podemos (AFP, 25 mai 2015).

- Ada Colau lors de la soirée électorale de dimanche dernier à Barcelone (TV3, 26 mai 2019).

- La candidate de "Ahora Madrid" à la mairie de la Madrid, Manuela Carmena s’exprimait en 2015 après avoir gagné les élections (AFP, 26 mai 2015).

- Manuela Carmena au soir des résultats des dernières élections municipales (Cadena SFR, 26 mai 2019).

- Murray Bookchin, sur le municipalisme libertaire. Conférence donnée en mars 1985 à San Francisco en ouverture d’une table ronde sur le thème "Les formes de la liberté" : "Où nous dirigeons-nous à partir de maintenant ?".

- San Francisco s'est développée grâce aux nouvelles technologies, qui ont vu le jour dans la Silicon Valley. Parmi elles, la reconnaissance faciale, que la ville a décidé d'interdire par précaution. On écoute Aaron Peskin du conseil de surveillance de la ville (France 3, 16 mai 2019).

Musiques : 

« Une ville » de François Béranger (label : Futur Acoustic).

« Sunshine recorder » de Boards of Canada (label : Warp).

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