Narcos mexicains : plus forts que l’État : épisode 2/3 du podcast Mafias : des sociétés contre l'État

La Guardia Nacional, gendarmerie mexicaine, rencontre des difficultés face la violence structurelle due au narcotrafic mexicain.
La Guardia Nacional, gendarmerie mexicaine, rencontre des difficultés face la violence structurelle due au narcotrafic mexicain. ©Maxppp - Francisco Guasco/EFE/Newscom
La Guardia Nacional, gendarmerie mexicaine, rencontre des difficultés face la violence structurelle due au narcotrafic mexicain. ©Maxppp - Francisco Guasco/EFE/Newscom
La Guardia Nacional, gendarmerie mexicaine, rencontre des difficultés face la violence structurelle due au narcotrafic mexicain. ©Maxppp - Francisco Guasco/EFE/Newscom
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Au Mexique, la collusion entre l’État et les groupes criminels de narcotrafiquants est une réalité systémique que ni l’alternance politique, ni la condamnation retentissante du parrain Joaquin "El Chapo" Guzman, en 2019, n’ont suffi à remettre en cause.

Avec
  • Luis Rivera Velez Doctorant au CERI, enseignant à l’Institut des hautes études de l’Amérique latine et à Sciences Po
  • Romain Le Cour Grandmaison Docteur en Science Politique de l’Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne et Expert Senior chez Global Initiative.
  • Marylène Lapalus doctorante en sociologie à l'Université Lumière Lyon 2, spécialiste des espaces de résistance contre les féminicides au Mexique

L’arrestation, mi-octobre, d’un ancien ministre mexicain de la Défense (Salvador Cienfuegos, secrétaire à la défense pendant toute la durée de la présidence d’Enrique Peña Nieto entre 2012 et 2018), accusé de trafic de drogue aux États-Unis, a braqué les projecteurs sur les liens de la classe politique avec les narcotrafiquants.

Une arrestation sans précédent qui arrive quelques mois après celle - toujours aux États-Unis - de l’ancien responsable mexicain de la lutte contre les cartels : Genaro Garcia Luna, également soupçonné d’avoir protégé le cartel de Sinaloa.

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De fait, deux ans après l’accession au pouvoir d’Andres Manuel López Obrador, pourtant élu sur une rhétorique anti-corruption, la justice américaine semble plus active sur ces dossiers que celle du Mexique.

Si l’arrivée du Covid-19 l’explique en partie, l’apparente impuissance du nouveau président révèle surtout la complexité et la fluidité des relations entre l’Etat et les groupes criminels.

Une réalité systémique que ni l’alternance politique, ni la condamnation retentissante du parrain Joaquin « El Chapo » Guzman l’an dernier n’ont suffi à remettre en cause.

Les narcotrafiquants mexicains prospèrent-ils contre l’Etat, malgré lui ou avec lui? Comment leurs interactions s’organisent-elles au quotidien? Et en quoi l’épidémie de Covid-19 les a-t-elle modifiées ?

Une discussion en compagnie de Romain Le Cour Grandmaison, docteur en sciences politiques de l’Université Panthéon-Sorbonne et directeur du programme Mexique et Amérique centrale de Noria, et Luis Rivera Velez, doctorant au CERI, enseignant à l’Institut des hautes études de l’Amérique latine et à Sciences Po.

L'État mexicain est, contrairement à ce que l'on dit, tout sauf un État faible. C'est, au contraire, un État très interventionniste, et il faut plutôt se poser la question du rôle de la violence - qu'elle soit exercée par des forces publiques ou privées - dans la vie quotidienne mexicaine. Et aujourd'hui, cette violence n'est pas un obstacle à l'appareil d'État mais fait partie de la façon dont il gouverne. Romain Le Cour Grandmaison

Au Mexique, les crise économique et sanitaire ont frappé l'État là où les cartels n'ont pas été frappés. Leurs finances leur ont permis de déployer une stratégie de communication spectaculaire montrant une nouvelle intention : celle de vouloir prendre plus de pouvoir politique au niveau national. Luis Rivera Velez

Seconde partie - le focus du jour

Féminicides au Mexique : l’impunité généralisée

Avec Marylène Lapalus, doctorante en sociologie à l'Université Lumière Lyon 2, spécialiste des espaces de résistance contre les féminicides au Mexique.

La "narco-culture" est une culture imprégnée par la violence de genre - les femmes y sont l'objet d'une violence commise en toute impunité, à laquelle s'ajoutent une violence institutionnelle et une indifférence donnant lieu à un sentiment généralisé d'abandon des femmes, au Mexique. Marylène Lapalus

Acapulco, Mexique, 21 octobre 2020 - des groupes féministes se rassemblent pour dénoncer le féminicide de Ayelin Iczae, jeune fille de treize ans retrouvée démembrée à 200 mètres de chez elle.
Acapulco, Mexique, 21 octobre 2020 - des groupes féministes se rassemblent pour dénoncer le féminicide de Ayelin Iczae, jeune fille de treize ans retrouvée démembrée à 200 mètres de chez elle.
© Maxppp - DAVID GUZMAN/EPA/Newscom

Références sonores

Référence musicale

«Don't wait» de BONOBO (label : Ninja Tunes)