Nouvelle-Calédonie : la décolonisation par référendum : épisode 1/4 du podcast Autodéterminations

Drapeau indépendantiste représentant le chef kanak Atai à La Foa, en Nouvelle Calédonie le 1er septembre 2021.
Drapeau indépendantiste représentant le chef kanak Atai à La Foa, en Nouvelle Calédonie le 1er septembre 2021. ©AFP - Theo Rouby
Drapeau indépendantiste représentant le chef kanak Atai à La Foa, en Nouvelle Calédonie le 1er septembre 2021. ©AFP - Theo Rouby
Drapeau indépendantiste représentant le chef kanak Atai à La Foa, en Nouvelle Calédonie le 1er septembre 2021. ©AFP - Theo Rouby
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Le troisième référendum pour l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie se tiendra le 12 décembre dans des circonstances particulières : alors que le report du scrutin souhaité par les indépendantistes a été rejeté, ces derniers appellent à la non-participation.

Avec
  • Benoît Trépied Anthropologue, chargé de recherche au CNRS, spécialiste de la Nouvelle-Calédonie
  • Carine David Professeure de droit public à l’Université des Antilles
  • Didier Destouches Maître de conférences en histoire du droit à l'Université des Antilles en Guadeloupe au Creddi (Centre de recherche en économie et en droit sur le développement insulaire)

Dans une semaine, le 12 décembre prochain, les habitants de Nouvelle-Calédonie sont appelés à se rendre aux urnes pour participer au troisième référendum sur l’indépendance censé mettre un terme à un processus entamé il y a plusieurs décennies. Cette démarche aboutirait peut-être à l’indépendance de ce territoire, conformément aux recommandations de l’ONU qui l’a placé sur une liste de « territoires à décoloniser ».

Seulement, le camp indépendantiste considère que les conditions ne sont pas réunies pour un tel référendum, notamment en raison de la situation sanitaire. Il appelle donc à ne pas participer au scrutin, faute d’être parvenu à obtenir son report. La situation est donc extrêmement délicate et fait craindre une explosion de violence au sein d’une population tristement habituée aux effusions de sang, comme le rappelle la prise d’otage d’Ouvéa en 1988, qui avait fait 21 morts. 

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A quoi faut-il s’attendre ? Quels sont les risques de tensions à l’approche du scrutin ? La non- participation des kanaks compromet-elle l’achèvement de ce processus ? Alors que les deux premiers scrutins – organisés en 2018 et 2020 – avaient été marqués par une progression du camp indépendantiste, comment pourra-t-on composer avec un résultat qui sera forcément serré ? A quoi bon organiser un scrutin dont on sait déjà qu’il sera contesté ?  

Pour les indépendantistes, il ne s’agit pas d’une indépendance kanake mais calédonienne. Il est absolument inenvisageable pour eux d’imposer une indépendance sans lien avec la France au vu de la composition de la société calédonienne. Carine David

En 2018, les sondages et les loyalistes tablaient largement sur l’effritement du vote indépendantiste au vu de l’enrichissement des gens (…). Or, les gens sont toujours viscéralement attachés à cette revendication d’indépendance car il y a cette volonté de recouvrer une dignité spoliée par la colonisation. Benoît Trépied

Florian Delorme reçoit Benoît Trépied, anthropologue, chargé de recherche au CNRS, spécialiste de la Nouvelle-Calédonie et Carine David, professeure de droit public à l’Université des Antilles. 

Seconde partie : le focus du jour

Guadeloupe : vers l’autonomie, vraiment ?

Véhicules brûlés devant l'inscription « République de La Boucan » en Guadeloupe le 30 novembre 2021 après les manifestations dues aux restrictions sanitaires.
Véhicules brûlés devant l'inscription « République de La Boucan » en Guadeloupe le 30 novembre 2021 après les manifestations dues aux restrictions sanitaires.
© AFP - Christophe ARCHAMBAULT

La Guadeloupe connaît depuis plusieurs semaines une agitation sociale très forte : les manifestations contre le pass sanitaire ont fait naître une crise sociale. L’île est bloquée par les barrages et les violences, dont des tirs envers des policiers et des gendarmes qui n’ont pas fait de blessés. En déplacement sur l’île, le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu a très peu échangé avec l’union intersyndicale à l’origine du mouvement, mais a sous-entendu que la question de “l’autonomie n’était pas un tabou”. Pourtant, cette proposition ne fait pas partie des revendications exprimées par la mobilisation.  Quelle est la réalité de cette volonté d’autonomie en Guadeloupe ?

Les Guadeloupéens sont très attachés à l’égalité républicaine car elle donne accès à l’égalité des droits sociaux (…) mais il y a le constat que cet attachement aux droits ne se manifeste pas toujours par leur acquisition. Didier Destouches 

Avec Didier Destouches, maître de conférences en histoire du droit à l'Université des Antilles en Guadeloupe au Creddi (Centre de recherche en économie et en droit sur le développement insulaire). 

Références sonores

  • Patrice Faure, haut-commissaire de la Nouvelle Calédonie annonçait vouloir débuter en novembre le maintien du référendum sur l’indépendance en Nouvelle-Calédonie (AFP, 11 novembre 2021)
  • Roch Wamytan, de l’Union Calédonienne (indépendantiste), expliquait mi-novembre dernier pourquoi il demande un report de la consultation 
  • Virginie Ruffenach, membre de « L’avenir en confiance » (non-indépendantiste), considère que le report de la consultation demandé par FNLKS concernant est une posture politicienne (France 24, 25 octobre 2021)
  • Une Kanak estimait en novembre dernier que le deuil des morts du Covid n’avait pas pu encore avoir lieu et était donc favorable à un report de la consultation (France 24, 12 novembre 2021)
  • Une Kanak expliquait les raisons de son loyalisme à l’égard de la France (LCI, 14 novembre 2021)
  • Extrait d’une conférence de presse de Jean-Marie Tjibaou, leader du FNLKS, à propos du référendum Calédonie portant sur l’autodétermination en Nouvelle Calédonie peu de temps avant la tenue de celui-ci. Suit les résultats du référendum qui s’est tenu le 13 septembre 1987 ainsi que la réaction de Bernard Pons, le ministre des DOM-TOM de l’époque (Archive INA, 1987)
  • Ambiance de manifestation en Guadeloupe le 17 novembre dernier + Extrait de l’allocution télévisée du ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu à la fin de laquelle il évoque la question de l’autonomie de la Guadeloupe (France Info, 26 novembre 2021)

Références musicales

  • « Roots Making Family » de Pantha du Prince (Label : BMG)
  • « Je rêve » du collectif calédonien Wada

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