Nouvelles routes de la soie : les rois du fret : épisode 3/4 du podcast Les nouveaux aventuriers du rail

Un employé de la base logistique Chine-Kazakhstan à Lianyungang en Chine le 17 septembre 2021.
Un employé de la base logistique Chine-Kazakhstan à Lianyungang en Chine le 17 septembre 2021. ©AFP - Raul Ariano / Jiangsu Information Office
Un employé de la base logistique Chine-Kazakhstan à Lianyungang en Chine le 17 septembre 2021. ©AFP - Raul Ariano / Jiangsu Information Office
Un employé de la base logistique Chine-Kazakhstan à Lianyungang en Chine le 17 septembre 2021. ©AFP - Raul Ariano / Jiangsu Information Office
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Les Nouvelles Routes de la Soie, ce réseau ferré que Pékin projette vers l'Asie centrale, illustre le succès rencontré par le fret ces dernière années. Ce dernier est passé de moins de 1% à plus de 5% des échanges internationaux entre 2011 et 2020.

Avec
  • Eric Mottet Maître de conférences en sciences politiques à l’Institut catholique de Lille

Alors que la mondialisation s’est essentiellement faite à la faveur du commerce maritime, le fret ferroviaire a connu au cours de la décennie écoulée un développement spectaculaire, passant de moins de 1% à plus de 5% des échanges internationaux entre 2011 et 2020. Un renouveau principalement porté par la Chine, dans le cadre de sa Belt Road Initiative, aussi appelée Nouvelles routes de la soie. Soucieuse de ne plus dépendre de la seule route maritime asiatique, qui permettait de relier les ports de sa côte Est à l’Europe, mais aussi de désenclaver le centre et l’Ouest du pays, Pékin s’est lancé dans la construction de chemins de fer à travers l’Asie centrale. Si ce mode de transport est plus coûteux que les cargos, il est aussi plus rapide et plus sûr, si bien qu’il est plébiscité par un nombre croissant d’entreprises. Son efficacité s’est avérée particulièrement éclatante lors des pénuries de matériel médical du début de la crise sanitaire, quand des conteneurs de masques et de gels hydroalcooliques ont pu arriver en train vers l’Europe, alors que les routes maritimes étaient considérablement ralenties.

Alors à qui profite le fret ? Les investissements colossaux consentis par Pékin dans le cadre de la Belt and Road Initiative sont-ils en passe d’être amortis ? Quels atouts géopolitiques représentent-ils pour la Chine ? Dans quelle mesure les pays traversés par ces nouvelles routes en tirent-ils un bénéfice ? De l’Asie à l’Europe, quels nouveaux hubs ont émergé ?

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L’Allemagne est vraiment au cœur des échanges sino-européens : 46% des exportations européennes qui vont vers la Chine viennent d’Allemagne (…). L’Allemagne a une place privilégiée, elle est bien située à l’Est à la sortie du réseau polonais et biélorusse par lequel arrivent les marchandises des routes de la Soie. Florent Laroche

En Asie centrale, l’Ouzbékistan a des projets ambitieux, mais le grand pays reste de très loin le Kazakhstan, qui est complètement intégré au corridor de développement principalement utilisé par les trains chinois. Eric Mottet

Florian Delorme reçoit Eric Mottet, maître de conférences en sciences politiques à l’Institut catholique de Lille et Florent Laroche, maître de conférences en économie à l’Université Lumière Lyon II, chercheur au Laboratoire d’économie et d’aménagement des transports.

Seconde partie : le focus du jour

Le TAZARA, premier train chinois en Afrique

Train Tazara
Train Tazara
- Inconnu

Si la Belt and Road Initiative a considérablement intensifié le fret ferroviaire entre la Chine et l’Europe, ses ramifications s’étendent jusqu’en Afrique. Pékin y a construit et financées plusieurs lignes de chemin de fer, reliant notamment Addis Abeba à Djibouti, ou Mombasa à Nairobi. Mais bien avant que Xi Jinping ne commence à réfléchir à de « nouvelles routes de la soie », c’est sous Mao Zedong qu’un premier train chinois fut réalisé en Afrique : le TAZARA, qui relie Kapiri Mposhi, en Zambie, à Dar es Salam, en Tanzanie, est aujourd’hui encore en activité.

En Tanzanie, on appelle le Tazara « Rail de la Liberté », symbole de la doctrine des non-alignés et du tiers-mondisme. La Chine étant considérée comme un pays du tiers-monde, l’appui qu’elle a donné aux deux pays africains était vu comme un symbole de fraternité entre les peuples, alliant transfert de technologie et de savoir-faire. Hélène Blaszkiewicz

Avec Hélène Blaszkiewicz, géographe, chercheuse à l’Université de Genève.

Références musicales

Extrait d’un reportage de France 2 sur la Route de la soie et l’explosion du fret ferroviaire entre la France et la Chine. On entend dans l’ordre : Antoine Roset, entrepreneur français qui exporte en Chine, directeur marketing du groupe Roset, Xavier Wanderdepen, directeur fret ferroviaire SNCF Chine-France, et un employé anonyme d’un hub ferroviaire chinois vers l’Europe

Entrepreneur chinois anonyme en gare de Duisbourg, Allemagne, qui explique l’importance des débouchés européens pour la Chine confrontée aux sanctions américaines, et l’importance de la gare de Duisbourg (France Info, 27 février 2019)

Zaynutdin Umarov, Directeur de l'approvisionnement à Uzbekkumir en Ouzbékistan, sur l’importance de l’ ouverture du tunnel de Kamchik (Euronews, 12 novembre 2020)

Capitaine du navire russe Christophe de Margerie (premier des quinze méthaniers brise-glace que Total et son partenaire russe, Novatek, ont commandés, afin d’exporter le gaz naturel liquéfié (GNL) dans le grand nord russe) + Nina Nikolayevna Grebenik, responsable de la paroisse du port de Sabetta (ville sur pilotis construite pour le développement de cet axe maritime) (LCI, 10 juin 2018)

Références sonores

  • « Rise » de The Blaze (Label : Animal 63)
  • « Choo Choo » de Marc DeMarco (Label : Caroline International)

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