

Trump, Orban, Duterte, Salvini... De nombreux dirigeants ne s'encombrent plus de grandes formules alambiquées pour faire passer leurs messages. Menaces, insultes et grossièretés, avons nous affaire à de simples dérapages ou serait-ce une nouvelle manière d’exercer un rapport de force ?
- Bertrand Badie Politiste, spécialiste des relations internationales
- Alice Ekman Analyste responsable de l'Asie à l'Institut des études de sécurité de l'Union européenne (EUISS)
- Jérémie Gallon avocat de formation, ex-diplomate.
Dans nos représentations, la diplomatie est un exercice qui se pratique dans l’ombre, dans le secret et voire même dans le double-jeu.
Nous avons aujourd'hui un champ de conflictualité qui échappe totalement à la capacité de la diplomatie classique westphalienne. - Bertrand Badie
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Lorsqu’on pense à la diplomatie, on pense à Talleyrand et à sa légendaire habileté, à la « ruse qui succède à la ruse » pour reprendre sa formule et aux « pièges semés sous les pas de l’ignorance ». On pense au traité secret passé avec l’Autriche et l’Angleterre contre la Prusse et la Russie qui lui avait permis de sortir la France de son isolement. Aujourd’hui, l’art de la diplomatie a bien changé et elle se veut plus transparente mais aussi plus directe, plus brutale, plus violente. En effet, l’usage de plus en plus répandu des réseaux sociaux, conjugué à l’arrivée de chefs d’Etats dits « populistes », efface les lignes traditionnelles et brouille ces frontières établies entre le on et le off, entre les informations publiques et les échanges secrets.
« Ce qui se dit derrière les portes closes »
Une première étape avait été franchie en 2010, lors du choc provoqué par les quelques 250 000 câbles diplomatiques diffusés sur le site de l’ONG Wikileaks de Julian Assange. Fervent militant d’une transparence absolue, le fondateur de cette organisation avait voulu révéler au grand jour « ce qui se dit derrière les portes closes ». Huit ans plus tard, ces « portes closes » de la diplomatie semblent grandes ouvertes. Les confrontations entre nos Etats-Nations se faisant désormais en public à la faveur d’altercations directes entre chefs d’Etat. Le cas le plus exemplaire étant évidemment la « diplomatie du tweet » du président américain Donald Trump qui interpelle directement les chefs d’Etats, chinois, iraniens et européens sur les réseaux sociaux.
A quoi servent encore les diplomates quand de grandes décisions sont parfois prises en un tweet ?
Que se passe-t-il lorsque la diplomatie sort des salons feutrés des chancelleries ? L’arrivée des chefs d’Etats dits « populistes » en est-il une des causes, ou au contraire un effet collatéral de ce phénomène d’abolition du secret ? Et comment les diplomates peuvent-ils encore travailler lorsque leurs efforts peuvent être anéantis en un seul Tweet ? Faut-il se résoudre et accepter que la diplomatie ne peut plus contenir les antagonismes des états-nations ? Et que, par conséquent, les diplomates sont devenus inutiles/obsolètes !?
Une émission préparée par Samuel Bernard.
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Extraits sonores :
Donald Trump à la tribune de l’ONU traitant Kim Jong Un de « Rocket Man » (Euronews, 19 septembre 2017)
Le Ministre de l'Intérieur italien Matteo Salvini (France 2, 29 juin 2018)
Le président turc Recep Tayyip Erdogan (Le Monde, 20 mars 2017)
Jeremie Gallon, PAD avocat de formation, ex-diplomate en poste à la représentation permanente de l’Union européenne à Washington entre 2015 et 2016.
La secrétaire d’Etat Hillary Clinton déplorait vivement les fuites de Wikileaks (The Telegraph, 29 novembre 2010)
Les vœux de Xi Jinping en janvier dernier où il est question de la Chine sur le plan internationale (Extrait discours officiel, 1er janvier 2018)
Extraits musicaux :
« Bye bye birdie » tiré de la B.O. du film « Dr Folamour » et interprété par Laurie Anderson (label : Colpix)
« Lichterschmaus » de Pantha du Prince (label : Rough Trade)
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