

Célian Macé revient d'Éthiopie où le processus de paix n'efface pas les blessures causées par la guerre civile / Montée des tensions en Indo-Pacifique après la signature d'un partenariat militaire entre les dirigeants australien, américain et britannique qui a suscité la colère de Pékin.
- Isabelle Saint-Mézard Maîtresse de conférence à l’Institut Français de Géopolitique de l’Université de Paris 8
- Marianne Péron-Doise Senior chercheuse à l’IRIS et directrice de l'Observatoire Géopolitique sur l’Indo-Pacifique
- Célian Macé journaliste à Libération
Première partie - Retour d'Éthiopie

[En partenariat avec le Prix Albert Londres]
Avec Célian Macé, journaliste à Libération.
Le région du Tigré, au nord de l’Ethiopie, est restée inaccessible aux journalistes et aux humanitaires durant les deux années de guerre civile qui ont ensanglanté le pays. Le 2 novembre 2022, un accord de paix était signé à Pretoria, en Afrique du Sud, entre le TPLF (le Front de Libération du Peuple du Tigré) et le gouvernement de Abiy Ahmed. Si la vie commence à reprendre son cours, les blessures de la guerre sont encore vives. Aucun processus de réparation ni de justice ne semblant se mettre en place, que signifie vraiment cette paix ?
“La guerre ne se finit pas parce qu’on passe un accord de paix sur un morceau de papier. Des dizaines de milliers de tigréens habitants d'Addis ont été enfermées, sans explications ni jugements, souvent dénoncés par leurs voisins. C’est un vrai traumatisme, la confiance est brisée […] c’est une génération entière qui va devoir vivre avec” regrette Célian Macé.
Célian Macé est l'auteur de trois reportages publiés par Libération :
- «L’Ethiopie n’est plus un pays pour moi» : la confiance brisée des Tigréens d’Addis-Abeba
- Guerre au Tigré : «C’est donc ça, leur paix ?»
- A Mariam Shewito, «des soldats érythréens ont demandé : “Toi ou ta fille ?” puis ils ont tiré sur les deux».
Deuxième partie - Bruits de bottes dans l’Indo-Pacifique
Table ronde d'actualité internationale
[En partenariat avec le journal Le Monde ]
Le Président américain, Joe Biden, recevait lundi 13 mars ses homologues britanniques et australiens dans le cadre de leur alliance militaire dite AUKUS, annoncée en septembre 2021. C’est à travers un très ambitieux et très coûteux plan d’investissement militaire que les trois pays ont concrétisé leur rapprochement. Objectif : doter l’Australie de sous-marins à propulsion nucléaire à l’horizon 2040. Ces annonces ont suscité les critiques de la Chine qui a dénoncé, par l’intermédiaire du porte-parole du ministère chinois des Affaires Étrangères, une mentalité de “guerre froide”.
De part et d'autre de ce vaste territoire que l’on nomme l’Indo-Pacifique, nouvel épicentre des relations commerciales, diplomatiques et militaires de la planète, les dirigeants ne parlent que de sécurité et de stabilité. Les tensions n’en sont pas moins bien réelles. L’importante expansion militaire de la Chine dans la région depuis plus de dix ans n’est en effet pas sans susciter une inquiétude croissante des États de la région et du monde entier. Est-ce là que se joue désormais la rivalité sino-américaine ? Peut-on parler de course à l’armement ?
Mélanie Chalandon et Marc Semo, journaliste au Monde, reçoivent Isabelle Saint-Mézard, enseignante-chercheuse à l’Institut français de géopolitique, à l’université Paris 8 et Marianne Péron Doise, chercheuse à l’IRIS et directrice de l'Observatoire Géopolitique sur l’Indo-Pacifique.
Selon Isabelle Saint-Mézard : "on assiste à un retour de l'idéologie dans l'Indo-Pacifique. Les États-Unis sont mus par la notion, très mobilisatrice pour eux, de démocratie en danger. Des alliances comme l'AUKUS ou le QUAD visent à doter les démocraties amies de moyens de se défendre face aux régimes autoritaires qui cherchent à les déstabiliser. Inversement, la Chine n'est plus un État seulement tourné vers lui-même en matière de gouvernance. Il y a désormais dans les discours de Xi Jinping une volonté d'exporter un modèle de relations internationales pensé par la Chine et pour la Chine."
"Cette vision très sino-centrée et très hard-sécurité de l'approche américaine n'est pas partagée par tous les pays de ce vaste espace Indo-Pacifique. Autant de nombreux États d'Asie du sud-est, inquiets de l'agressivité chinoise, peuvent se retrouver dans des alliances à but sécuritaire poussées par les États-Unis, autant les États micro-insulaires du Pacifique océanien n'ont pas envie de devenir les victimes collatérales d'un déplacement de la rivalité sino-américaine sur leurs territoires et veulent qu'on s'intéresse davantage à des sujets comme la pêche illégale ou l'insécurité environnementale et sanitaire" analyse Marianne Péron Doise.
Pour aller plus loin :
- Isabelle Saint-Mézard est l'autrice de “ Géopolitique de l'Indo-Pacifique” paru aux PUF en 2022 et a dirigé le numéro à paraître de la revue Hérodote consacré à l'Indo-Pacifique.
- Marianne Peron Doise a co-dirigé avec Benoit de Tréglodé un numéro spécial, à l’été 2022, de la Revue de défense nationale, consacrée à l 'AUKUS, un an après.
Le dessin de la semaine

Mélanie Chalandon présente un dessin en partenariat avec l'association Cartooning for Peace, une plateforme qui regroupe les œuvres de dessinateurs de presse engagés qui combattent avec humour pour le respect des cultures et des libertés. Il a été réalisé par le caricaturiste Dilem.
Références sonores et musicales
- Musique : " Lost at Sea" du groupe australien Midnight Oil, célèbre pour son engagement antinucléaire et pacifique (2022)
- Musique : “ Adarashekum” du chanteur tigréen Dawit Nega (2018)
- Déclarations des dirigeants britanniques et australiens lors d’un sommet de l’Aukus (Euronews - 14/03/23)
- Prise de parole de Wang Wenbin, porte-parole du ministère chinois des Affaires Étrangères (Euronews - 14/03/23)
Une émission préparée par Bertille Bourdon et Léa Capuano.
L'équipe
- Production
- Collaboration
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- Réalisation
- Elie ToquetStagiaire