Retour du Liban / Tunisie : un tournant autoritaire ?

Première partie - Retour du Liban/Côte d'Ivoire

[En partenariat avec le Prix Albert Londres]

Avec Sophie Guignon, correspondante au Liban pour France 24, Arte, la RTBF.

Depuis le début de la crise économique sans précédent déclenchée en 2019, la livre libanaise a perdu plus de 95 % de sa valeur par rapport au dollar. Une situation qui prive les Libanais de leur épargne et les empêche de retirer du liquide. Sans ressources, presque toutes les familles comptent sur l'argent envoyé par la diaspora, y compris pour accéder à des produits de première nécessité, les médicaments en tête. La diaspora libanaise est l'une des plus importantes du monde avec 14 millions de Libanais en dehors du pays, pour 5,4 millions dans les frontières. De Paris à Abidjan, Sophie Guignon est partie sur ses traces.

"Aujourd'hui, [au Liban], les Nations unies estiment qu’environ 80 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, donc les transferts de la diaspora représentent presque tout ce qui permet aux gens de vivre, même si c’est seulement quelques centaines d’euros" décrit Sophie Guignon.

Pour aller plus loin :

• Sophie Guignon a coréalisé avec Chloé Domat "Le Liban sous perfusion de la diaspora", diffusé samedi 4 mars à 21h10 sur France 24.

Deuxième partie - Tunisie : un tournant autoritaire ?

Table ronde d'actualité internationale

[En partenariat avec le journal Le Monde]

Le 21 février, le président Kaïs Saïed a durci la politique migratoire tunisienne, dans un discours à effet immédiat. Quatre jours plus tard, il y avait très peu de noirs subsahariens lors de la manifestation à Tunis contre le racisme. En effet, des associations communautaires - étudiantes, commerçantes -, leur recommandent depuis dix jours de ne plus sortir de chez eux pour ne pas risquer de se faire arrêter.
Déjà en juillet 2021, Kaïs Saïed suspendait le Parlement et limogeait son gouvernement sur le thème des ennemis de l’intérieur qui affaiblissent l’Etat et l’économie tunisienne. Voici maintenant le thème des ennemis de l’extérieur, le corps étranger justifiant une nouvelle reprise en main de la Tunisie, berceau des printemps arabes en 2011.

Julie Gacon et Marc Semo, journaliste au Monde, reçoivent Hèla Yousfi, maîtresse de conférences en sociologie des organisations, vice-présidente du Cercle des Economistes Arabes et Vincent Geisser, chercheur au CNRS et à l’Institut de recherches et d’études sur les mondes arabes et musulmans (IREMAM).

À propos des théories du “grand remplacement” qu’utilise le président Kaïs Saïed, Vincent Geisser explique : “le contexte sécuritaire à l’échelle méditerranéenne a bien sûr favorisé les discours racistes, mais ce substrat xénophobe et complotiste est quand même caractéristique du président tunisien. Pour lui, c'est une pratique du pouvoir de jouer sur ce fantasme d’invasion pour justifier un bilan économique et social catastrophique.”

Selon Hèla Yousfi : “La répression policière s’abat sur les corps des Tunisiens comme sur les corps des subsahariens au profit d’un pacte néocolonial entre les élites économiques et politiques tunisiennes et les élites européennes.”

Pour aller plus loin :

• Hèla Yousfi est l'auteure de “ L'UGTT, une passion tunisienne - Enquête sur les syndicalistes en révolution (2011-2014)” coédité par l'IRMC Tunis et Karathala.

Le dessin de la semaine

Julie Gacon présente un dessin en partenariat avec l'association Cartooning for Peace, une plateforme qui regroupe les œuvres de dessinateurs de presse engagés qui combattent avec humour pour le respect des cultures et des libertés. Il a été réalisé par le caricaturiste Dilem.

Une émission préparée par Bertille Bourdon et Léa Capuano.

Références sonores & musicales

• Deux extraits du documentaire “Le Liban sous perfusion” de Sophie Guignon et Chloé Domat (France 24 - 04/03/23)
• Musique : “ Ktibni” (écris-moi) de Yolla Khalifé (2019)
• Trois témoignages lors des manifestation antiraciste de Tunis (France culture - 25/02/23)
• Musique :  MCHEW ! de JenJoon (2023)