Retrait de Barkhane : la France face à l’inconnu

Première partie : Retour du Haut-Karabakh

En septembre 2020, le conflit gelé reprenait au Haut-Karabakh, territoire disputé entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie. Toutes les populations civiles sont évacuées, et les deux armées s’affrontent pendant 44 jours, jusqu’à ce qu’un accord de cessez-le-feu, mené par la Russie, convient que l’Azerbaïdjan récupère une grande partie du Haut-Karabakh. Ainsi, la ville de Chouchi, peuplée d’Arméniens, est redevenue Choucha (son nom azéri), et les populations arméniennes ont dû quitter leurs maisons. Après le conflit, un nombre important d’entre elles veut se réinstaller le plus près possible de leurs anciennes habitations, dans le Haut Karabakh, terre hautement symbolique pour les Arméniens. Un peu plus d'un an après la signature du cessez-le-feu, comment vivent ces populations déplacées ?

Une famille que j’ai interrogée et qui vit dans un village désormais proche de la ligne de cessez-le-feu, s’inquiète de savoir si les enfants qui jouent dehors ne pourraient pas être victimes de tirs au cours d’accrochages frontaliers avec l’Azerbaïdjan qui restent fréquents au Karabakh. Gaëll Lorenz

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Avec Gaëll Lorenz, journaliste indépendant.

Table ronde d'actualité internationale

Le 17 février 2022, neuf ans après le déclenchement de l’opération Serval au Mali, le président français a donc annoncé le retrait des troupes françaises du pays lors d’un sommet Union européenne-Union africaine qui se tenait hier à Bruxelles. Poussé dehors par une junte militaire qui profite d’un fort sentiment anti-français, doublé d’un bilan pour le moins mitigé au regard de l’expansion des groupes armés dans la région, c’est donc l’heure du départ pour les 2400 soldats toujours sur place.

Quel bilan faire de l’opération Barkhane et de la présence militaire française ? Qu’est-ce qui n’a pas marché ? Comment repenser la politique africaine de la France à l’aune de cet échec ? Le retrait de Barkhane marque-t-il la fin de la Françafrique ?

Dans les objectifs recherchés par la France en 2013, il ne s’agissait pas uniquement de combattre les groupes terroristes, mais de restituer, d'une part, l’ordre constitutionnel au Mali, et d'autre part, de rétablir la souveraineté malienne sur le nord. Ces deux objectifs non atteints nous rappellent que l’échec de la France ne doit pas être seulement regardé du point de vue de lutte contre le terrorisme. Marc-Antoine Pérouse de Montclos

Si l’armée française, l’une des meilleures armées du monde, n’a pas réussi, cela prouve que le problème n’est pas uniquement sécuritaire. On a toujours donné une réponse de contre-offensive terroriste à une situation malienne qui, dès le départ, était beaucoup plus complexe. Maria Malagardis

Florian Delorme reçoit Marc-Antoine Pérouse de Montclos, docteur en sciences politiques et directeur de recherches à l’Institut de recherche pour le développement et Maria Malagardis, journaliste à Libération.

Le dessin du jour

Références sonores

- Extrait du documentaire « Arménie : le Karabakh hors du monde » de Gaëll Lorenz (Arte, 19 février 2022)

- Emmanuel Macron annonce le retrait des troupes françaises au Mali (France info, 17 février 2022) 

Références musicales

- « Antuni » du groupe arménien TmbaTa Orchestra (Label : autoproduit)

- « Worry » de Songhoy Blues (Label : Transgressive records / PIAS)