Comment le scandale qui plane au-dessus de la famille royale fait-il évoluer le débat sur la monarchie en Espagne ? Que faire de l’héritage Juan Carliste, symbole de la transition démocratique, lorsque celui-ci perd tout crédit auprès de la population ?
- Christoph Bumb Journaliste luxembourgeois, rédacteur en chef du journal Reporter
- Pilar Martinez-Vasseur Professeure d'Histoire et Civilisation Espagnoles à l'Université de Nantes, membre du CRINI (Centre de Recherche sur les Identités Nationales et l'Interculturalité)
- Sophie Baby Maîtresse de conférence en histoire contemporaine à l'université de Bourgogne, spécialiste des enjeux de mémoire en Espagne, de l’espace ibéro-américain aux XXème et XXIème siècles et des violences politiques dans nos sociétés contemporaines.
Depuis quelques mois, la monarchie espagnole doit gérer la révélation des scandales financiers de l’ancien roi Juan Carlos. En effet, on se souvient qu’en 2014, le père de l’actuel roi avait abdiqué après la révélation de ses escapades en safari au Botswana avec sa maîtresse alors que son pays était ravagé par la crise économique.
Aujourd’hui, ce sont ses « montages financiers » qui font scandale - à tel point que l’ancien monarque de 82 ans a quitté le pays au cœur de l’été pour gagner les Emirats arabes unis. Face à cette crise de légitimité de la monarchie, Felipe VI, le Roi en exercice, a tenté de se démarquer de son père, en refusant son héritage. Mais malgré ses efforts, la question d’un basculement vers la République refait surface.
Un changement de système est-il possible en Espagne ? Felipe VI peut-il s’émanciper de la figure polémique de son père et redonner du souffle à l’institution royale ? Et d’ailleurs, que lui reproche-t-on, au juste ? La monarchie espagnole pourra-t-elle survivre à la fin de Juan Carlos, une figure irrévocablement rattachée à la fin du franquisme et à la consolidation de la démocratie espagnole ?
Lorsque Juan Carlos est allé faire un safari au Botswana, les Espagnols ont compris pour la première fois que le roi était nu. Que toutes ses déclarations, tous ses messages envoyés à la nation, c’était de la parade, c’était du faux. L’image du Roi a été cassée. Pilar Martinez-Vasseur
Les électeurs du Parti Socialiste ne sont pas farouchement anti-monarchiques, même s'ils sont majoritairement républicains : on est dans un entre-deux où l'électorat socialiste, y compris Pedro Sanchez et le gouvernement, s'accommode d'une monarchie tant qu'elle fait son travail. En revanche, quand le scandale survient, on se pose la question du futur de la monarchie. Mais, pour cet électorat, il faut régler les problèmes actuels du pays tels que la crise sanitaire. Le scandale ne tombe pas au bon moment. Sophie Baby
Il y a un clivage générationnel, mais aussi régional, concernant le choix entre un régime républicain ou monarchique. Les régions de Galice, de Catalogne, et le Pays Basque seraient majoritairement pro-républicaines, et les régions du centre de l'Espagne seraient pro-monarchie. Mais tout cela est très fragmenté : il y a aussi des majorités politiques qui se concentrent dans les grandes villes, par exemple en Andalousie. C'est une situation bien plus difficile qu'un clivage droite-gauche. Pilar Martinez-Vasseur
L'un des problèmes de la monarchie, c'est qu'aujourd'hui elle assume absolument son héritage franquiste, dans le sens où c'est précisément parce que Juan Carlos a été nommé par Franco comme son successeur que la démocratisation a pu se faire, et que la monarchie a pu s'installer en Espagne. Sophie Baby
C'est la première fois que le débat sur la monarchie et la transparence se retrouve sur la place publique, au Luxembourg. Le gouvernement de Xavier Bettel propose une réforme qui s'imposait depuis longtemps. Comparé à d'autres monarchies représentatives, il n'y avait pas de règles, de lois sur la transparence ou le contrôle de la monarchie et de ses dépenses - financées par le contribuable. Christoph Bumb
Extraits sonores
- Extrait d’un reportage de la RTVE concernant la fuite de Juan Carlos début août (RTVE, 09 août 2020)
- Extraits de « La Folie des grandeurs » de Gérard Oury (1971)
- Micro-trottoir d’Espagnols qui jugent plus ou moins sévèrement l’attitude de Juan Carlos suite à son départ d’Espagne (France 24, 03 août 2002 + RTBF, 08 août 2020)
- Après le référendum en Catalogne, le roi d'Espagne, Felipe VI, sort de sa réserve. Il accuse les responsables catalans d'irresponsabilité et de déloyauté (France 2, 04 octobre 2017)
- Annonce de la TV luxembourgeoise concernant le rapport Waringo, mettant en cause la gestion du duché (RTL, 31 janvier 2020)
Extraits musicaux
- « Pelican Narrows » de Caribou (Label : Leaf)
- « Mi primer viaje » du groupe basque Single (Label : Elefant)
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