Les sociaux-démocrates reprennent des forces depuis 2019 en Suède, au Danemark et en Finlande. S'ajoute à cela un rajeunissement et une féminisation de la classe politique à Copenhague et à Helsinki. Un retour qui s'est fait au prix de compromis, quelles sont marges de manœuvres restantes ?
- Jenny Andersson Directrice de recherche CNRS détachée à l’Université d’Uppsala
- Yohann Aucante Politiste, maître de conférences à l’EHESS et chercheur au CESPRA, spécialiste de la Scandinavie
- Louis Clerc Professeur en histoire contemporaine à l'université de Turku en Finlande
En 2019, les sociaux-démocrates sont revenus au pouvoir en Suède, au Danemark et en Finlande, soulevant au sein de la gauche européenne un espoir de contagion. De surcroit, à Copenhague comme à Helsinki, ce retour au pouvoir s’est aussi accompagné d’un renouvellement des têtes d’affiches, Mette Frederiksen devenant, à 41 ans, la plus jeune Première ministre du Danemark, et Sanna Marin, à 34 ans, la plus jeune Première ministre au monde.
Des profils représentatifs d’un processus de féminisation et de rajeunissement de la classe politique qui s’observe dans l’ensemble de la Scandinavie, mais qui ne garantit en rien un regain du progressisme. En effet, pour revenir au pouvoir, les partis socio-démocrates scandinaves ont dû faire des concessions à leur droite. Pourtant, aujourd’hui, on voit réagir des formes d’aspirations vers la gauche à l'intérieur et à l'extérieur de ces partis. D’une part, la pandémie a redonné une légitimité à l’idée d’un Etat fort, et de l’autre, Friday for Future et d’autres mouvements citoyens poussent les sociaux-démocrates à faire preuve de davantage d’ambition sur les enjeux climatiques.
Alors, quelles sont les concessions qui ont été faites aux partis de droite pour forger ces coalitions ? Deux ans après leurs retours au pouvoir, de quelles marges de manœuvres disposent encore les partis socio-démocrates scandinaves ? S’agit-il encore de partis de gauche, ou faut-il chercher la gauche du côté de la société civile ? Comment la crise que nous traversons pourrait contribuer à réorienter leur ligne, dans un sens ou dans l’autre ?
L’accord de janvier était un pacte pour tenir les suédois démocrates, donc l’extrême droite, hors du jeu parlementaire car ils avaient menacé de bloquer les processus budgétaires. En contrepartie, les partis de centre droit avait obligé une acceptation pour sauvegarder les privations de l’état social, de ne pas toucher à l’imposition et un nouveau vent de privatisation des services du marché de travail. Un programme extrêmement libéral. Jenny Andersson
Les démocrates de Suède ont rogné sur une partie de leur électorat. Sur un plan idéologique, c’est un parti ambivalent, qui défend un certain nombre de positions sur l’Etat providence, avec une version souverainiste, c’est-à-dire une version épurée de l’immigration. Cela pose de très sérieux problèmes pour maintenir l’électorat traditionnel. Yohann Aucante
Seconde partie - le focus du jour
Finlande : quel bilan d’étape pour la plus jeune Première ministre au monde ?
Elue en septembre 2019, la sociale-démocrate Sanna Marin dirige la Finlande à la tête d’une vaste coalition de cinq partis, allant de la gauche au typiquement finlandais Parti du centre, en passant par les Verts et les défenseurs de la minorité suédophone. Mais plus que cet éclectisme, c’est l’âge de Sanna Marin - 34 ans lors de son élection -, et le fait que les autres partis de sa coalition soient aussi dirigés par des femmes, qui ont intrigué la presse internationale.
Un an et demi après sa prise de fonction, ce gouvernement jeune et féminin est-il vraiment l’exception progressiste auquel il s’apparente de l’extérieur ?
Entretien avec Louis Clerc, maître de conférences à l’Université de Turku, en Finlande.
Une émission préparée par Margaux Leridon.
Références sonores
- Extrait du discours de victoire de Mette Frederiksen au soir des élections en juin 2019 (France 24, 06 juin 2019)
- Extrait du discours d’investiture de Sanna Marin devant le parlement finlandais (RTBF, 10 décembre 2019)
- Extrait du discours de Stefan Löfven lors de son investiture le 21 janvier 2019 (Extrait discours officiel, 21 janvier 2019)
- Stefan Löfven revenait en janvier dernier sur la façon dont la Suède avait traité la crise du Covid 19. (France 24, 09 janvier 2021)
- Deux manifestantes témoignent et de leur engagement lors du Fridays for Future à Stockholm en février 2020. (The Swedish Lad, 15 février 2020)
- À l'occasion du forum économique mondial de Davos en janvier 2020, la Première ministre finlandaise Sanna Marin est revenue sur la composition de son gouvernement. Le journaliste Fareed Zakaria a alors posé la question de savoir comment fonctionne un gouvernement composé par une coalition dirigée par cinq femmes. La première ministre a alors répondu avec humour. (Brut, 23 janvier 2020)
Références musicales
- « Satellite snyper » de Pantha du Prince (Label : Rough Trade)
- « Kärleken väntar » d’Anna Ternheim
L'équipe
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